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Le nouveau roman de de Monak à lire absolument

mercredi 5 juillet 2023

1 ère Nuit de la Lecture LGBT-Tahitienne

En pleines dérives de Genre

 

         Notre challenge, nous confie Tess Wise (néo-zélandaise), invitée surprise à la soirée, c’est de sortir de notre île. Ce qui équivaudrait au concept suivant : une communauté qui passerait son temps à se regarder le nombril serait en perdition. D’où cet intermède livresque pour se ressourcer et approfondir. Et via son périple des USA à sa Terre-Mère, voilà notre oiseau des îles à Tahiti, composant en quelques bouts d’heures, la chanson qu’elle dédie à tous les genres, pour la 1ère Nuit de la Lecture, au sein de l’Association LGBT... La cause est entendue : elle est universelle...

 

       Cousins-Cousines-Tahiti ouvre sa 1ère session Liseur-Liseuses sur le thème des victimes du Genre, plus nombreuses, en Polynésie comme ailleurs, que les concernés qui s’en sont sortis indemnes. Mouvement de reconnaissance identitaire inclut nécessairement culture. Et Henri Heinere Brillant, secrétaire  de l’Association,  ne lésine pas sur l’aspect culturel : affichant et soutenant toute initiative créatrice de texte, de musique, de déclamation, d’œuvre plastique, d’image et autres productions, issues de la communauté ou des «alliés». En effet, quelle que soit la culture d’origine, la nuance «minorité de genre» est inclue par principe.

 

Littérature à fleur de peau  
 

         Conscients ou non de leur apparence, les petits d’ici souffrent des discriminations qu’on leur colle à la peau, quand on ne les abuse pas, par perversion ou pour soi-disant leur faire entendre raison : à la maison comme dans les systèmes scolaires ou de loisirs sportifs. L’un des plus jeunes auteurs de la soirée, de CM 1, lu par  Teriihauroa Karel Luciani, président de l’Assoc., figure dans le recueil édité par les instances scolaires de Tahiti, en 2020 : MOTS CONTRE MAUX, facilement accessible et téléchargeable sur internet.

      «Sois comme tu es» (p. 26), décrit le processus ordinaire d’un gamin de 11 ans  en butte aux tracasseries familiales et aux harcèlements scolaires.

         On en meurt : quel que soit l’âge...

 

Si jeunes et l’écrit qui alerte 

      Qu’on se le dise, ce n’est que par la familiarisation avec les productions du fenua que les mentalités se feront à l’idée que tout le monde ne se ressemble pas, que chacun est libre d’affirmer son identité et d’être différent.  

 

Aroha

       Un panel de textes, toutes catégories vient honorer le programme concocté par l’Association LGBT Tahiti, sise au chevet de la cathédrale de Papeete. Sous le signe d’Aroha - altruisme, cordialité -, que je préfère au terme compassion, même si la souffrance participe de la majorité des publications sélectionnées.

       Les auteurs, à l’image de la population polynésienne, sont très mélangés. Normal : l’écriture comme la lecture nous convie au voyage, sans parvenir à nous lasser. Les lecteurs, prendront le relais des absents. Marita, enseignante à Gauguin, nous offrira lecture et analyse de la chronique poignante de Titaua Peu : Pina. 

 

Focale sur Tahiti 

       Au palmarès, Verlaine, poète maudit du 19ème siècle, sera porté par les participants : artistes, plasticiens ou théâtreux. De même, deux chapitres à teneur sociologique, l’un truculent, l’autre révoltant, tirés du livre de Julien Gué, De la Mer aux hommes : Manifeste pour Tahiti et ses îles, seront partagés par l’assistance. De l’agonie des mineurs prostitués en famille ou dans la rue, du suicide à l’acceptation tardive de l’orientation de genre...

 

Les zones d’ombre  

        Aroha ! Aroha !  Du documentaire océanien à la critique, Henri Heinere, instigateur et animateur de la soirée, nous entraîne avec Fifo Blues, dans les dédales de destins laminés, plus ou moins controversés, un tant soit peu aux frontières du supportable. Ne resterait-il aux Drag Queens, aux mi-femmes/mi-hommes, aux bi-sexuelles, que la nuit où se perdre et la clandestinité pour se dissimuler ?

      La question est nettement posée et l’auteur nous met face aux contradictions d’une société qui ne tolère qu’à la seule condition que ça lui rapporte... Le blues, le fiu de l’auteur, ce n’est pas seulement pour un festival cinématographique qui dure trop peu de temps pour toucher tout le monde, mais face à une société qui loin d’être pacifique comme son berceau originel, détruit ses ressortissants sous la mélasse de son hypocrisie.  

 


Quand  le personnage fictif est bien réel

         Nuit de la lecture signifie évidemment réactions des lecteurs d’habitude silencieux et contrepartie des auditeurs immédiats. Monak, plus qu’aux extraits de son roman Le Sang du Corail, consacre son intervention aux dits de l’héroïne. PERS’, celle que tout le monde traite de : «Ça, Pas grand-chose, Rien...», parce qu’elle est Raerae... celle que chacun bafoue, humilie, exclut. Et Elle prend enfin la parole, pleure, rit, existe...  

       Le local, Place Notre-Dame, lieu convivial ouvert aux genres en détresse ou à la rue... remplit à plein sa mission d’échange et de reconnaissance.

 

À portée d’écrit

         Pour clore cette quinzaine des "Fiertés" ou parade identitaire pour signifier que les minorités de Genre sont malmenées mais subsistent sous nos cieux tropicaux -n’en déplaise à cet échotier sous-marin hargneux qui conspue les individus, diffame les représentants locaux et diffuse infos erronées en toute impunité de phobie éhontée - cette Nuit de la Lecture a été ardemment partagée par créatifs reconnus et SDF... Comme quoi la culture ne se niche pas toujours à coups de nomenclature.

         Soirée-Lecture n’a aucun sens si les auditeurs présents ou les lecteurs de cet article n’effectuent pas la démarche d’investiguer à partir des liens qui sont ici fournis. L’interaction est une condition sine qua non à la création. L’auteur est si souvent solitaire, ligoté à ses pages tant qu’elles ne sont pas achevées... ou à la traîne de ses personnages qui lui imposent de leur courir après,  qu’il apprécie de se faire bousculer par des interlocuteurs inconnus.



"Le monde  rêvé "   de Tess Wise

      «À portée d’écrit» convient parfaitement à cette Première Cousins-Cousines Tahiti, pour rendre compte de la création musicale de Tess Wise. Le monde qu’on rêve est plus qu’une chanson, vite fait sur le gaz. Pénétrée de beaucoup d’humour, si vous daignez lire entre les lignes, elle ne manque pas d’allant !

       Petite offrande, soulignerait humblement sa compositrice-guitariste-interprète à la soirée de Tahiti, elle offre l’amplitude d’un manifeste LGBT et acquiert sans effort la dimension d’un très bel hymne à la multiplicité des Genres... 

À chanter, jouer, exprimer, hurler... sans modération.

 

Un article de  Monak

 

Tous droits réservés au concepteur & à l’auteure. Demandez leur l’autorisation avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.


Merci Vaivai, plasticienne, Mathieu Beurton, dramaturge...   

Voir aussi :  

https://tahiti-ses-iles-et-autres-bouts-du-mo.blogspot.com/2023/06/lgbtqia-tahiti-2023.html 

https://www.tahiti-infos.com/Premiere-nuit-de-la-lecture-sur-la-thematique-LGBTQIA_a217903.html 

Ne pas confondre :

Le Sang du Corail aux éditions Maïa avec une fiction corse au titre approchant, parue récemment. 

 

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