Publicité

Publicité
Le nouveau roman de de Monak à lire absolument

dimanche 8 décembre 2019

Julien Gué : “De la Mer aux Hommes”


"Manifeste pour 
Tahiti et ses îles"


         Ce 6 décembre 2019 est une grande date pour Julien Gué. Elle conclut presque 20 ans de résidence en Polynésie française et deux ans de "parcours du combattant de la plume" avec la publication de son livre aux éditions l’Harmattan : "De la mer aux Hommes : Manifeste pour Tahiti et ses îles". 


        Un titre significatif pour un peuple méconnu, disséminé dans la vastitude du Pacifique. Métropolitain né au Sénégal, élevé au Maroc, l’auteur est familier de ces communautés minuscules adossées à l’infini des zones désertiques. Du sable à l’eau, juste un pas à franchir. Et qu’y découvre-t-on ? Les héritiers d’une culture, ô combien riche et étonnante, à l’origine d’une science et d’une pratique de la navigation aux étoiles, du surf et du tatouage tant prisés de nos contemporains.

La beauté au cœur (Mangareva)**

Quel impact sur notre façon de voir ? Un total dépaysement dû à leur hospitalité et leur solidarité inénarrable. La fusion entre la couleur et  la nature, le sens de l’intériorité et d’un temps déjà consigné derrière l’insondable du sourire. L’énigme du silence. Le mutisme d’une culture qui peine à reconstruire les valeurs piétinées par l’évangélisation et la colonisation.

         Que reste-t-il d’eux, de leur grandeur et de leur dignité ? Quel baume appliquer sur les blessures, les traumatismes du nucléaire ? Quel espoir de survie face aux conséquences d’un bouleversement sociétal qui a détruit leur fondement originel  ?  


Le dessous des cartes...

           Bien des voies peuvent s’envisager pour appréhender un pays, son peuple et sa culture. Cette contrée ultramarine, aux antipodes de l’Hexagone, est étrangement occultée à ses concitoyens. Aborder un territoire insulaire par la voie maritime n’est pas afféterie d’auteur mais une démarche élémentaire. La réalité insulaire se vit les pieds dans l’eau. Une évidence nommée Pacifique, alizés, récif et lagon qui engendre bien des comportements coutumiers !

          C’est aussi, à travers l’histoire, suivre le sillage des lointains ancêtres autochtones mā'ohi qui ont apprivoisé et peuplé ces terres encore vierges, leur fenua (Mère-patrie), depuis près d’un millénaire. Un moyen de faire le point en revisitant les idées reçues, les pratiques acculturantes que lui ont enjointes les découvreurs occidentaux, navigateurs et colonisateurs de surcroît.

La vie rude des îles au quotidien (Taha'a)**
        Ce n’est pas sans rappeler un certain Diderot tentant, dans son "Supplément au voyage de Bougainville" (1772), de renverser l’image dévoyée de la "Nouvelle Cythère" et des "Otaïtiens", concept instauré par Bougainville dans son récit "Voyage autour du monde" (1769). La Polynésie française ne parvient pas à se débarrasser de ce cliché qui colle à la peau des vahine et à leurs îles.

         Sauf que ces pages et ces photos sont la résultante d’un constant dialogue avec les habitants, leurs chroniqueurs, l’apprentissage de leur cadre de vie et de leur environnement. Une somme de ressentis et de sensations au quotidien.


Du constat... au manifeste

        Ce n’est pas le seul point de vue original que propose le livre de Julien Gué. L’actualité, certaines explosions politiques ou nucléaires, certaine dérive effarante jailli d’un isolement trop palpable, parfois insoutenable, certains phénomènes sociétaux, secouent l’emblème bourré d’exotisme bon marché dont ces archipels océaniens sont  saturés. D’autres éclairages, parfois inattendus, parfois saisissants de beauté, émaillent ce rapide panorama des îles. Car si la menace de submersion ou d’engorgements polluants se profile, le cadre reste attractif et enchanteur. Et si Julien Gué fait œuvre de journaliste, ce n’est pas seulement perception de voyageur qu’il communique au lecteur, mais son attachement, les sentiments partagés avec une communauté qui l’a résolument intégré.

        Notamment cette disposition à la neurasthénie des Polynésiens concrétisée par le terme "fiu", acquis par la langue française en 2017, et qui signifie en tahitien originel : "repu", "désabusé" et bien d’autres vagues à l’âme… Nous sommes loin de l’Eden annoncé ! Et Julien Gué en témoigne au travers de pages bien sombres. Et la grille de lecture qu’il propose se coule à loisir dans les circonvolutions d’une mentalité et d’une philosophie de la vie bien étonnantes.

Julien Gué, 20 ans après... un vrai roman ! ©Monak
    Sur le ton du conteur, l’auteur vous invite de façon alerte à vous plonger au hasard des pages d’un livre de bord, frétillant et coloré comme les poissons du lagon.



Un article de  Monak

Tous droits réservés à Monak. Demandez l’autorisation de l’auteur avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.

* Fenua : (en tahitien) île, pays, territoire ; terre, séjour des hommes ; terre, domaine, propriété.
** Les photos de Julien Gué qui ont échappé à l’édition…

 Pour vous procurer le livre de Julien Gué, outre les bonnes librairies, le site des éditions L’Harmattan : "De la mer aux Hommes : Manifeste pour Tahiti et ses îles"

Et si le cœur vous en dit, n’hésitez pas à partager vos impressions sur la page Facebook "De la mer aux hommes"… 



Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire

Cet article vous a fait réagir ? Partagez vos réactions ici :