Publicité

Publicité
Le nouveau roman de de Monak à lire absolument

jeudi 15 mai 2025

CARTOUCHE entre filles & flore


FLASH sur FLASH

 

             Fluide, façon Elfe, telle pourrait se définir CARTOUCHE sauf que son genre de personnalité ne se range pas dans une case. Elle échappe à toute définition, déborde de tout profil & fraternise avec fugace. Non qu’elle oblitère son nom du monde de l’image, mais qu’il l’entraîne vers des horizons changeants.  


             Univers de Fantasy, à n’en pas douter, sa galaxie est à la fois bien réelle & fonctionne aussi dans une sphère parallèle... dont les passerelles s’avèrent accessibles si vous aimez les devinettes... Sinon, pourquoi être artiste si se rabâche le quotidien ? ...Bref... Le secret est lâché : Cartouche est artiste... Contestatrice comme le révèle l’icône populaire de son identité, s’y ajoute la figure de proue, –Louise Michel, son homonyme– comme par hasard, communarde déportée au bagne de Nouvelle Calédonie et s’opposant fermement aux spoliations coloniales des Terres Kanaques (déjà ??? ou encore???). Et vous déclinez un contexte politique explosif quelque part au cœur du Pacifique. Ce n’est pas si loin ! Actualisez ! Vous êtes filmé.e.s... Mine de rien, vive dans ses décisions & ses engagements, pour tout dire, CARTOUCHE-LOUISE-MICHÈLE  se ménage de denses plages de rêverie : lagon créatif ouvert sur l’Océan...


     Militante intersexe, sans autre arme que l’objectif photo, elle affirme son combat, avant tout PACIFIQUE : de profession & d’Art, sans compulsion aucune, sans se faire dévorer par eux, s’étalonne sa vision. Jeune, déjà réputée pour le regard d’empathie qu’elle jette sur le vivant des corps... audacieuse, elle ne dépare en rien avec l’aspect insurrectionnel, étrange & surréaliste de ses sujets... 

       À la scène comme à la ville, en toute discrétion comme en éclats soudains, elle est vraie : écrit comme un charme, tâte de la scène avec espièglerie, shoote avec passion, apprivoise avec bonheur, établit une relation sans détours...


Instantané 

           Le déclic, déclenché depuis longtemps (sur la planète Adolescence), se catalyse autrement, dans la chambre noire de ses compositions. L’expérience du studio-casting de FIER.E.S –documentaire doublement primé au FIFO 2025–, l’initie positivement à la collaboration artistique. Une coopération au feeling sans s’entre-dévorer : ce qui peut ne pas être courant dans le milieu du cinéma... Respect pour eux.

        S’ouvre, à côté de sa fonction de "reportère" experte & attentionnée pour tout individu qui se détache du commun, ce nouveau volet tout en délicatesse. Cartouche ne manque pas de hardiesse. La connivence avec le réalisateur Raynald Mérienne fonctionne à plein : même atmosphère, même rendu sur le plateau. Les deux artistes de l’image se sont reconnus, en total échange de leur inventivité & de leur créativité.                                                            

Composition semi-naturelle ... "ELLES"

         La face cachée des figures du film s’illustre dans les dédales de l’exposition conjointe & du même nom : FIER.E.S. Depuis, elle nomadise à Tahiti & curieusement pas ailleurs. Dommage pour la Métropole qui ne pourra s’initier aux jardins secrets de tropiques improbables... Ceux qui ont eu le courage de se révéler au-delà de la carte postale, sont dotés d’une identité à toute épreuve. Si étonnant qu’il paraisse & au travers de parcours impensables, les individualités immortalisées sur les parois ne sont pas des personnages inventés pour les besoins d’un festival océanien. Aspect primesautier, "fantaisie sans barrière", se dessinent sur les parois qu’habille l’accrochage...


        L’expo témoignerait d’une sensualité, commune à la Polynésie & à la photographe. Dans la mesure ou le shooting ne dispense que l’enjeu d’une authenticité intrinsèque, chacun.e s’assume. Se dégage une mutuelle appréciation. 

     Plonger dans la diversité identitaire c’est déjà s’engager & en même temps se raccrocher à un contexte occulté sur le globe. La méconnaissance appartenant à cet épisode négatif d’un rendez-vous manqué de l’Histoire des peuples entre Occident & Océanie.

                                                                                 

Nymphes ...

Résurgence  

         Dans cet imbroglio où chacun cherche à reconstruire le passé commun enseveli, à consolider les bases d’un système noyé sous des valeurs importées, se réapproprier chaque sensation enfouie par éradication ou condamnation, c’est auprès de démunis, de désemparés que ton rôle, Cartouche, s’inscrit dans la maison de quartier... L’«éveil musical» à la clé... Encore une corde artistique au service de qui s’en trouve privé ou écarté.

       Il est des similitudes, tu n’en es pas exempte : quoi de plus difficile que de se sentir  en confiance quand la technique est censée capter ton moindre souffle, ton moindre mouvement. La photographe craindrait-elle la caméra ?

"Nous sommes"    (qui nous sommes... à l'infini...)

       Comprendre que la confiance en soi ne s’acquiert que si tu maîtrises tous les paramètres de ton entreprise. C’est le rôle que tu t’impartis dans le repli de ton studio. Les portraits que tu vas en tirer ne peuvent exister qu’à condition de se «reconnaître en dehors de ton œil». Ils ne sont pas objets, soumis à ce que tu attendrais d’eux. Ils s’imposent avec leur bulle : un package d’être, de désir, de valeurs qui leur appartiennent, sans que tu aies même le droit d’en contester le moindre élément. Ainsi se capte l’autre... sans tricher... sans trahir...

         D’où cette impression de «vivant» qui crève la toile... Rien de surfait. Chacun de ces portraits porte en lui sa singularité. Personnaliser suit pas à pas l’image que chacun consent à livrer de soi... Il n’est pas 2 portraits qui se ressemblent... L’instantané ne se livre qu’avec l’apprivoisement du sujet... que dans une relation de confiance totale... qu’à condition de rassurer, de respirer au même rythme...

 

Chimérique...

       Inversement, «je ne me permettrais de les contraindre à participer à mes délires créatifs».  Cartouche explore les limites de la sensation en se livrant à son propre objectif. Ainsi prend-elle tous les risques... Dans des autoportraits fantasmés ou fantasmatiques. Être vraie, ce n’est pas répondre aux clichés que vous fabrique le fond commercial du métier..

       L’inspiration, elle est partout autour d’elle : ce qui respire, ce qui vit... Capter ce moment et tenter de lui préserver son souffle, son mouvement... Ce sont des détails, un moment, mais il est chargé de vie... de l’émotion qui le sous-tend. Ce peut être une rencontre entre deux espèces vivantes... Une mise en scène qui garde intacte l’émotion et la préserve de la fatale mise à plat du cliché photographique.


          Alors tu gamberges : pour que les clichés ne s’éteignent pas crucifiés aux cimaises...

         L’incontournable quadrature du cercle : chacun sait que les Arts vivants s’imprègnent de matière ; et toi, tu pousses les limites pour que la photographie vive sa vie de  «matière vibrante»... qu’elle dépasse, chamboule, crève le cadre où la technique t’oblige à les fixer... Telles sont tes préoccupations obsessionnelles, Cartouche. Tu cherches à les résoudre en repoussant sans cesse les limites de tes supports.  Qu’ils ne se sentent pas enfermés sous ta signature. Qu’elle ne s’amuse pas à jouer les Immortel.les ! Comment fluidifier la mise à plat ? lui insuffler une cinétique ?  

 

Éphémère  

       À notre ressemblance d’êtres transitoires, Cartouche cherche des approches éphémères...  Des supports naturels qui feront peu à peu évoluer l’œuvre, la fera voyager dans ou hors du temps...  et évidemment la rendra méconnaissable : j’allais dire "Différente". Cartouche ne produit ni pour s’auto-satisfaire, ni acculer ses créations au panthéon de l’art... Qu’importe l’éternité !  

        L’important se résume à vivre, témoigner & nomadiser au mieux dans le vivant ! C’est accumuler les coups de cœur, partager intensément la rencontre que vise la création, la propulser vers l’inconnu, l’autrement, l’ailleurs... Car l’artiste n’est pas la seule arbitre de sa création : elle se laisse envahir par la consistance du sujet : qu’il soit de pierre, de feu ou d’eau...

Nous sommes... la Palestine.... 

       Se réaliser artistiquement, c’est rester indépendante... tirer du moment son originalité, c’est te laisser submerger par une autre présence. L’art s’oppose à l’immobilisme, à l’inertie, au conservatisme, au statisme  qui te sclérose...  Plus tu renais à cette mouvance, plus tu la vis, plus elle dégage de sensualité.

        Goethe (1813) percevait dans l’esthétique du tableau vivant un «hermaphrodite»... En quête d’une utopie similaire, Cartouche se contenterait de l’hybride... du support photosensible changeant, évolutif...  Ce qui signifie une révolution même dans l’appréhension du terme, la signature de l’œuvre... Au-delà de la théâtralité de l’image –chère à Barthes–, des perspectives sans réponse que la photographe se complaît à pianoter...

      Il serait opportun de consacrer encore bien des pages sur la voix, l'œil, la main, le cœur, la corde, la cordialité... Oubliez le nombril : Cartouche ne nombrilise pas... Cartouche n'a peur de rien... Elle endosse les causes que l'opinion mondiale bafoue : la "Palestine libre" en est une... et de taille... Cartouche y mêle sa voix... Elle relève les défis de la lâcheté politique sur le Territoire –Fenua –, comme à l'international...  

    Cartouche ou le paradoxe de la photo vibrante comme une corde : le sortilège entre humain & nature... l’œil & l’eau...

 

Un article de  Monak

 

        Tous droits réservés à Monak. Demandez l’autorisation de l’auteure avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.


dimanche 4 mai 2025

AMARA & NADIA GHRAB, la fusion

Du SOLEIL aux CŒURS

 

               Amara Ghrab, c’est d’abord une présence, embrasée d’un sourire... avec cet air d’innocence qu’il a gardée, révélant par-là une personnalité étonnante de vérité. C’est aussi, avec Nadia Ghrab, un AMOUR fusionnel qui nous éclaire de la même lumière partagée. C’est enfin, cette œuvre à 4 mains, incroyable de courage que la conception de cette édition artistique parue pour l’anniversaire posthume de l’architecte-plasticien tunisien.

 

           Avec cet ouvrage – Amara Ghrab: Peintre & Architecte épris de lumière (2025) , Nadia  nous reconnecte avec leur double réalité de créateurs : une Plume & un Pinceau. En effet, ils tentent de se réaliser pleinement après tant d’années de bons & loyaux services qu’exigent leurs professions respectives d’Enseignants-Chercheurs dans le Supérieur.  Impossible, à ce niveau d’implication citoyenne qu’exige le métier d’initiateur & de transmetteur de savoir & de pratique, de se consacrer à sa propre créativité. Les domaines de la pédagogie & de l’investigation scientifique réclament une rigueur énergivore. Ils n’ont pas démérité : au témoignage de leurs étudiants.

 

Une compagne  au cœur  immense...

         Signé Nadia Ghrab, le volume s’accompagne d’une rétrospective LIGNES en TRANSE, à La Maison des Arts du Belvédère de Tunis... pour clore cette fin de saison hivernale 2025 ... Occasion pour moi de renouer avec la Tunisie "des lumières", tant le rayonnement du couple GHRAB est tangible depuis leur installation au bled dans les années 80. Le dieu-soleil égyptien de l’Antiquité   رع  (en arabe), Râ (en français) –, semble confirmer quelque résonance avec son homonyme tahitien : Rā ! Va savoir...  

 

          Les voies de l’exil suivraient-elles parfois des parcours hodophiles ? Question restée sans réponse, depuis notre rencontre d’alors, plus de dix ans plus tard... Tant de chassés-croisés dans les Espaces culturels mythiques de tous les possibles comme le Festival des Arts Plastiques de Mahrès. En tout cas, envie furieuse de ré-entendre leur voix, à travers enregistrements & interviews, avant d’y joindre celle des origines clanesques de ma famille AKKARI de Zarzis...  

 

L’indépendance   citoyenne  

       L’un comme l’autre font partie de ces générations engagées, issues de tous les Continents, conscientes des imperfections sociétales et prêtes à ouvrir une page vierge sur les décombres d’un Occident en mal de civilisations. Une disposition d’esprit en toute indépendance où se tourner vers l’avenir rime avec évolution positive. Ce qui n’est pas toujours le cas partout.

          De l’Égypte de Nadia à la Tunisie d’Amara, le combat est le même : adapter l’environnement au bien-être collectif & s’intégrer au contexte. Une petite lueur dont il ne sied de se départir. Une tâche quotidienne qui mobilise la moindre perspective personnelle comme professionnelle. La Culture, son développement comme ferments de changements...

 

Si le soleil m’était conté ...

       Ainsi émerge, de la table d’architecte d’Amara, une propension écologique avant l’heure concernant l’énergie solaire. De précurseurs, ils passent à mobilisateurs, avec les printemps arabes d’après 2011 et la constitution de l’Association Culturelle HIPPOCAMPE, ARTS & CITOYENNETÉ –. Elle fonctionne dans le domaine de la création de spectacles, de prises de Parole, d’Événements & d’Installations Land Art, à l’oasis de Tozeur comme dans la région saharienne de Chott El Jerid.

 

La quête de la Lumière

          Dans un pays, la Tunisie, – où Nadia "trimballe" ses racines originaires –, la lumière est prégnante : de la clarté fraîche de Sidi Bou Saïd, en passant par cette moiteur écrasante d’obscurité, jusqu’à l’éblouissement du désert, le rôle de l’Enseignant architecte-urbaniste (de l’ITAUT) oscille entre appropriation des volumes traditionnels, variations & hardiesse du bâtisseur.

        Le challenge est de réussir à capter cette luminosité, utile à l’habitant actuel, comprendre & adapter les astuces traditionnelles de circulation d’air, pour le diffuser à échelle humaine, sans fausse note. Et sans chercher à créer un circuit immobilier juteux.

 

Entre Ciel & Sable

          Le principe d’harmonie étant essentiel, il en devient l’âme : Amara compose avec les modules originels de l’habitat du sud tunisien. Ils se réduisent à la courbe & au carré... à la coupole & au cube. Ses compositions architecturales en relèvent, ainsi que les décorations d’intérieur qu’il façonne sur le même modèle...

 

Au bout de la lumière  

          Après un doctorat  sur la  Symbolique de l’Espace, Amara aurait débuté sa carrière professionnelle en privilégiant dans sa conception architecturale, l’aspect bien-être de son destinataire. Mais c’est aussi sur le plan de la spiritualité qu’il va porter sa réflexion ainsi que sur sa manière d’être et de croire.

        La ligne courbe, le cercle représentent l’espace céleste... Le cube, l’espace terrestre. Ces éléments prennent tout leur sens dans la configuration qu’il conçoit pour ses projets comme pour ses cours.

 

Le dialogue  ininterrompu...

         Pourront se déceler des atmosphères soufis...  bien connues dans le contexte historique de la Tunisie... Parallèlement, c’est une discipline intérieure, une relation aux instances spirituelles qui  marqueront la personnalité d’Amara Ghrab. D’égalité d’humeur, peu loquace, il manifeste cependant de l’intérêt pour son interlocuteur...

 

Une symbolique à toute épreuve   

        Le Dialogue pour principe ; la bivalence entre droite & arc...  entre cube & sphère...  Amara les combine sur la surface plane de ses tableaux pour en faire saillir la lumière... 160 pages pour que vous en tiriez les principes de glissements sous masses colorées, d’émergence sous tache... & autres effets d’illuminations ou de transparences...

      Cette même étincelle se retrouve dans les Nouvelles qui composent le recueil de Nadia, paru en 2019 aux éditions Arabesques : Dépassements. Localisées entre Bretagne, Égypte & Tunisie... elles touchent sans distinction, la plupart des milieux sociaux... Si la thématique envisage les barrières auxquelles y sont confrontés les humains, la chute de chacune des 8 nouvelles, semble offrir une solution : du moins pour le lecteur... 

 

Liens  au fil  du temps

            Nos deux créateurs, lâchant les brides «objectives» auxquelles les soumettaient leurs professions respectives, ont expérimenté avec le même bonheur les «contraintes subjectives» que s’imposent les créateurs :

            Liberté... Liberté... Liberté... .

        Un programme qu’ils ne sont pas prêts d’oublier... Une Aventure inscrite dans les gènes... Ça ne s’achève jamais... 

 

 

Un article de  Monak

 

Tous droits réservés à Monak. Demandez l’autorisation de l’auteure avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.

 


mercredi 26 février 2025

22èFIFO -FIER.E.S au CORPS

UN     HYMNE    AUX    CORPS


          «Je suis fier.e ! nous sommes fier.e.s !» résonne en ovations d’allégresse, comme autant de voix émergeant du Pacifique en coda du film FIER.E.S. Documentaire, incontestablement, où Raynald Mérienne déchire d’un coup le voile du silence identitaire, perpétré depuis plus de 200 ans, à l’encontre du genre non inscrit dans la Bible... Film, à n’en pas douter, dans la mesure où l’œuvre de composition résulte d’une véritable mise en scène visuelle où se projette le spectateur à l’unisson ou a contrario... Image goûteuse à souhait, en toute candeur de naturel, de sentiments... Scénario co-écrit entre caméra muette & chair vive des affligé.es... Voix que clôt le poème de Maheamai, en faveur des Amazones du Pacifique...

      ALLELUJAH à la Léonard Cohen tant s’exprime cet hymne au corps réhabilité. «Je suis fier.e !» ponctue un documentaire qui nous lamine les tripes ! Plus éprouvant que la réalisation de Raynald Mérienne, tu meurs !  Car la discrimination ne réside pas seulement dans les faits du quotidien, elle entretient ses hordes de détracteurs "musclés" et ses huées de diffamations embouchées par tous types de prêcheurs  &  de tribuns en mal d’électorat.

 

          À peine passé en prévisualisation en octobre 2024 sur la chaîne TV officielle que le documentaire de Raynald FIER.E.S devient emblématique du fenua, faisant réagir la jeune génération à tout rassemblement de loisirs ou de prévention, & raflant 2 Prix au 22èFIFO de février 2025 : 2ème Prix spécial du Jury + Prix du Public. Pourquoi un tel engouement dans un pays réputé de tradition culturelle inclusive sur le sujet de la diversité des genres, du fait de l’ancestral māhū ?

        Abjection, déshonneur, honte, ignominie, autant de maux dont sont affublés les minorités de genre et d’identité sexuelle, jusqu’à la lie. Un travers sociétal –totalement illégal–, entretenu par des obsessionnels de la violence et de «la pensée unique pour tous».

     Dans le même temps, le mini festival des Jeunes au FIFO décerne le 3ème Prix pour TRANSparence à la classe de BTS Communication du lycée TE TARA O MAIO  de Pirae. Le mini-film de 3mn s’achève par le suicide d’une raerae harcelée... ! Ce genre de voie de fait entériné sans appel ! Clair, net & sans bavure !

à LA 1ère du FIFO

          Suite à la désintégration de la société ancestrale et du remplacement de ses valeurs par des dogmes chrétiens et des concepts de supériorité coloniale, la notion de 3ème genre ou d’inversion mythique des genres et surtout de leur homologation & de leur «acceptation» dans la vie courante, s’affaiblit MAIS (!) en laissant des traces ! ! !  La société polynésienne se trouve désemparée. Elle éprouve un bouleversement total, au point de se renier  & de rejeter toute forme ancienne d’acquiescement, analyse l’anthropologue conviée à l’écran : Vahi Tuheiava Richaud. D’où l’opprobre infligée à toute catégorie humaine qui ne soit pas référencée par la Bible et ses gloses restrictives & contrites. L’humain, la personne –qui peut être son essence ou son masque– se trouve dès lors défiguré, conspué, flétri, voire fustigé, blackboulé, molesté, martyrisé sous le narthex : réduite à une catégorie bannie.

       Évitant toute polémique entretenue dur comme fer par certains illuminés & autres gourous, le réalisateur vient puiser auprès des postulants qui acceptent de se confier à une caméra. Ce qui n’est pas si simple aux dires des intéressés, mais garantit l’objectivité requise du documentaire.

 

Conscience de soi  

           Ni préambule, ni théorisation, ni commentaire. Le propos est livré tel quel ! FIER.E.S n’est ni une doctrine, ni un système, ni de la propagande. Avec naturel, sans artifice, les porte-parole se lancent sans ambages dans leur propre histoire, après une mise en bouche de présentation succincte.  Cherchez le réalisateur... il s’absente totalement, privilégiant ainsi la communication directe avec le spectateur. Et les locuteurs en tremblent d’autant plus qu’ils savent s’adresser à leurs frères insulaires. Et qu’ils peuvent le faire pour la 1ère fois !

          Face à la caméra qui sont iels ? De différents genres... pour ne pas user d’un lexique situé sous la ceinture (des Cartes d’Identité). L’«orientation sexuelle» est malheureusement accusée & gravement entachée de déviation, de pornographie, de concupiscence ou de péché de chair ! ! !

      Iels se trouvent donc absurdement plus ou moins ségrégués. C’est-à-dire qu’iels se trouvent stigmatisés en dehors de tout fondement rationnel. Effectivement : «Pourquoi rechercher une cause à quelque chose qui n'est ni un problème, ni une maladie et ni une perversion ?».

       Cousins Cousines de Tahiti n’intervient que pour assurer un appui en cas de discrimination, de harcèlement, de maltraitance, d’homo ou de transphobie... mais... existe !

      Parmi la centaine de pressentis, le réalisateur s’est concentré sur 5 intervenants majeurs représentatifs de la diversité genrée polynésienne. Du māhū, efféminé (Loïc),  à l’homosexuel, aux multiples transgenres raerae (MTF) –Reretini, Maheamai, Lalita–, du lesbianisme au transgenre (FTM) féminin–Tehau & sa compagne–. Les catégories réelles ou choisies restent volontairement fluides, car tel est le cas... Surtout que ce documentaire relève des sciences humaines et ne se circonscrit pas à une étude de rats de laboratoire. Rappelons que : «scientifiquement une femme correspond à un taux d’œstrogènes ; et point-barre» !  

           N’entrons pas dans les polémiques : il n’en est soulevée aucune !

           Le DOC de Raynald Mérienne est humain à 100%...

       Êtres à part entière, iels se déclarent tel.le.s qu’iels sont : pas comme des objets rangés dans des cases. En toute lucidité, avec leurs idéaux, leur parcours spirituel, leur envie de vivre, leur inaccompli. Pionniers d’un monde qu’ils édifient sans véritable modèle & qu’ils nous invitent à partager.

       Manuarii  ne manque pas de relever le débat social : elle nous plante le décor des dénigrements et pose les questions qui fâchent. Qui est à «soigner» ou «corriger» dans notre société : les harceleurs, les agresseurs ou les victimes que la bêtise désigne ?

       Les repères sont plantés : se conformer à la norme ou disparaître...


Confiance en soi  ! 

         Pourquoi culpabiliserait-on d’être soi ? La question reste entière & posée en filigrane.   C’est que dès l’âge tendre, les enfants du berceau polynésien sont conditionnés à subir & qu’à l’âge adulte ils n’osent pas davantage inverser les forces, même s’ils sont dans leur bon droit !

       Le sujet est brûlant et met en cause l’intolérance d’une société qui s’en prend aux minorités de genre : soit dans le huis-clos des familles, soit dans l’espace public où les préséances font office de loi... & de savoir-vivre ! ! !

        Humains de plein droit, il serait temps que Gabriel ne se fasse plus cracher dessus !

       Quant à celui que tu chéris en toi –avec ta nouvelle mise au monde–, il fait partie des surprises de la transition ; tout comme pendant l’adolescence.

        Abel Haouata reste cependant intransigeante : réalisant CELLE que tu deviens...

        Elle ne refait pas la création : ELLE est ELLE !

      Un film qui ne nous laisse pas une minute de répit –intérieurement, il nous fait bouillonner– : car tout le possible rencontre des obstacles superflus. T’es queer, tu te ramasses les inconvénients.

On se détend  au village FIFO

      Quant à l’équilibre du documentaire, il alterne apaisement & tensions. Atteint son paroxysme à coups de rebondissements dramatiques & poignants qui nous arrachent des larmes. Tout en sachant nous ménager des plages de récupération : soit par des incursions dans le quotidien normalisé du loisir en famille, soit par un intermède typiquement artisanal, symboliquement ancré dans la tradition culturelle. Soit par un moment de détente, de plaisanterie, de sourire...

      Respirations puisées à la source locale : l’espace ouvert sur l’horizon, à sa fluidité, à la mentalité baignée de convivialité comme une seconde nature... Le végétal apaise... Il rassure!

        Reretini «n’est pas une erreur de la Nature !»


Confiance en LUI  !

      Lui ? C’est Raynald Mérienne : compréhensif, conciliant, généreux, prévenant, cordial surtout !  Artiste & hypersensible, tout en sachant vers où mener sa barque, il a su déclencher la parole de ses interlocuteurs, quel que soit le back ground de chacun. Quelle que soit sa diversité !

         Toutes les personnalités qui ont contribué à ce film lui sont reconnaissantes de les avoir mis.es à l’aise pour se livrer & de ne pas avoir déformé leurs propos. J’ajouterai d’avoir su axer le rendu visuel sur l’essentiel de chacun.e.

    «Choral» ou galerie de portraits «aux destins entrecroisés», le documentaire flirte avec le systématisme de l’émergence sur fond noir, sans jamais s’y enliser. Le parti pris de ne jamais importuner le témoin de sa présence, est tenu magistralement par Raynald, qui laisse libre champ à ses personnages, grâce à une qualité de l’image qui sait se renouveler avec chacun.

       La baguette du maestro Raynald, donne le ton et implique chaque personne avec la mélodie d’un instrument particulier, à chaque fois reconnaissable. Chaque moment est doté d’une partition différente : et amorce un nouveau rendez-vous avec le partenaire que nous avons quitté un peu plus tôt. Le rythme Raynaldien est fascinant ! tout en conférant son unité au film.

PRIX du PUBLIC au 22èFIFO

        Un film, à l’esthétique soignée & délicate... qui se coule & n’agresse pas. L’image est d’une chair incontestable :  chair, d’abord, sinon sensuelle ; parfois frivole & légère, encadrant des séquences d’une cruauté acerbe, dégageant une émotion débordante, difficilement supportable.

       «Au feeling artistique incroyable & rassurant», commente Maihamai. Achevant le film comme une guerrière de l’ombre, suintant de la grisaille des jours : le mythe de l’AMAZONE renouvelé... avec sa touche de poésie... elle passe le flambeau.

       «Et pourtant ce n’est pas si facile de se dire, parfois en cachant le plus dur ! car nous ne sommes pas là pour nous plaindre ! La parole qu’il nous a donnée nous a rendu.es plus fort.es ! Nous avons osé nous dire !», résume Reretini qui a ENFIN su se débarrasser de tous les pollueurs et inquisiteurs avec son «Qu’ils aillent se faire foutre !» 

        Et ne nous laissons pas berner : sa jovialité ne nie pas sa souffrance, elle la minimise. Dans une île isolée, comptant moins de 200 habitants... Croyez-vous qu’elle soit passée au travers  des chantages & des pressions de ses pairs ou des plus âgés ???


L’objet artistique 

           Inutile d’épiloguer sur les ruptures, ouvertures fleuries donnant sur un moment d’apaisement : la transition de Tehau et l’acceptance de sa compagne ! Une véritable leçon de savoir-vivre ! L’Arche florale de Sailali pour nous rappeler celle de Noé qui conclut la fin des hostilités divines... ou associées. Lalita-HINANO, son pareu rouge et blanc, d’emblème nationale limité à la buveuse de bière, le mythe de la vahiné soi-disant heureuse sur ces îles édéniques aux relents de châtiments & de géhenne promise, comme le pile du face-paradis.

         Le cœur du film, centré sur les violences insoupçonnables subies par Sailali & Lalita, mineures, pour leur choix identitaire. C’est courant, incalculable, toujours actuel : tout le monde le sait. Mais personne ne condamne : l’omerta totale ! Le père pasteur martyrise son gamin, le mutile avec une pince coupante, le «rosse» à coups de bois à clous, le harponne... SAILALI est recueillie par une vieille voisine Et tout du long de son calvaire, l’enfant n’a pas même reçu la solidarité des enseignants de l’école de Bora Bora...  Un traitement démentiel au vu & au su de tous et de tout un village insulaire complice ! ! !

           Que les filles aient osé en parler & le dénoncer : c’est une GRANDE PREMIÈRE ! ! !

Raynald Mérienne au poste ! une interview made in FIFO 

        Lalita, enfant de la misère, vendue à une mère adoptive, abusée par les mâles de la famille, subira un viol collectif en internat à Rangiroa, jetée à la rue à 15 ans, survit en se prostituant & malgré une formation, ne sera jamais embauchée jusqu’à présent... Ce qui t’use, c’est la solitude... Personne pour te défendre, te protéger !

        S’abstenir d’afficher de tels sévices ? impossible ! Puisqu’ils continuent à se produire en famille, en établissement scolaire, dans les quartiers, dans les clubs sportifs... et personne ne réagit...

       L’initiative de Raynald Mérienne valait le coup d’être tentée... Dans les lycées, l’impact est sensible depuis la 1ère diffusion télévisée d’octobre 2024. Les adolescents compatissent d’abord... même s’ils n’éprouvent pas d’empathie particulière. Seraient-ils les seuls ? face à des adultes implacables ? Les victimes d’abus sexuels en parlent ! ! !

" Fragilité, ton nom est FEMME" (Shakespeare)

     Alors la partition de Lalita, lancée sur Tik Tok, sous-titrée indifféremment «je ne suis pas votre ennemie» ou «Lalita a vécu l’enfer», est devenue virale. Au soir de sa 1ère diffusion durant le FIFO elle a fait le buzz... des millions de like... Pourquoi ? Du voyeurisme ou un désir de justice ???  Et l’obtention du PRIX DU PUBLIC, un hasard ???

      Plus qu’un concours de circonstances, un métier. Raynald Mérienne a tout mis en œuvre pour mettre en valeur  ses "actants" –ceux qui actent, qui font–, face à la caméra.

      Pour Lalita c’était éprouvant ! Il n’était pas question de jouer les starlettes ! Elle n’avait rien de gai à raconter : que des perversions endurées, que des brutalités ! Mais un challenge aussi : faire comprendre, demander des comptes. Parler aux anonymes qui l’ont violée, les yeux dans les yeux ! La vérité sans masque : prostituée signifie tout de même qu’elle procure du plaisir aux humains qui en manquent ! Ce ne sont pas des clients pour elle, mais des humains en manque d’amour. Alors ? D’humain à humain : ainsi se lit le Doc.

    Pour Raynald Mérienne aussi ce n’est pas un sujet qu’il défend, mais ce sont des personnes ! Il craignait le "retour" du public  : des moqueries possibles. En fait, les spectateurs, quel que soit leur âge n’ont pas pris de distance négative dans le cadre des projections publiques du FIFO. Ailleurs, dans les familles, il a peut-être été interdit de récepteur à l’heure du repas ! ! ! Qui sait !

    La Parole utilisée, portée, ainsi que chacun.e le ressentait, sans filtre, sans canevas : un grand moment où le regard se fixe dans une atroce douleur.

INOUBLIABLE ! CE REGARD !!!

«Je m’aime, je m’aime, je m’AIME  !»

     Quelle qu’ait été la couleur de la diversité sur l’échelle du drapeau arc-en-ciel des genres ou des orientations, de la lesbienne au transgenre, Raynald les soigne tout autant : le cadre, les proches... la parole ! ! ! la personnalité... Chacun.e dans son écrin !

     Comme dirait l’autre, ce ne sont ni des anonymes, ni des catégories, mais des entités humaines à part entière... Alors ! ne nous permettons pas d’en rogner ne serait-ce qu’un iota : le changement d’identité n’a pas besoin de mutilation...

     Sans les enfermer dans des catégories : les contestataires, les battantes... Sailali, Reretini...  Manuarii, Lalita...  Pour elles, pour les plus jeunes...

     Elle s’est apaisée, Lalita : après les applaudissements, les témoignages de soutien du public qui lui aussi pleurait ! ! ! C’est qu’elle revient de loin : «De l’enfer», comme ils commentaient sur Facebook. Et qu’elle pleure à chaque projection !!!! Ce n’est pas rien, c’est sa vie  ! S’en remettra-t-elle ? Raynald  parle avec beaucoup d’estime de ses collaborateur.trices à l’écran : il évoque leur «fragilité». Le Doc aborde leur fragilité.

De Loïc à Lalita, le drame affleure ! ! !

      Une vérité, une image au plus fort de l’action, sans bavure au plus près du drame, dans la vérité de la douleur, de l’action...

Lalita qui l’exorcise par la danse

       Des expressions de soi, de visage ! Clap ! On arrête de jouer les sucrées pour la série télé ! On est soi ! avec la franchise d’avouer «je suis méchante!» Avec des projets qui vous détruisent encore plus ! Un corps qui se donne car au-delà des mots ce sont les sentiments qui priment...

                              «j’ai décidé de me venger !»   un regard qui tient tête, un regard qui tue...   

Avec VAHI 

        Un véritable manifeste, une nouvelle conjugaison à décliner ! « Je M’aime ! Je M’aime ! Je M’Aime !» L’avenir se dessinerait-il de façon plus favorable ? Effacerait-il les coups, les violences, les sévices, cette négation du Queer...  

 

Un article de  MonaK

 

Tous droits réservés à Monak. Demandez l’autorisation de l’auteur avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.



CLIQUEZ

https://la1ere.francetvinfo.fr/polynesie/temoignage-lalita-trans-et-prostituee-depuis-l-adolescence-je-suis-detruite-1559377.html   

https://www.instagram.com/polynesiela1ere/reel/DFqu5NoqSvU/