R-V ÉDITION MAREV’ *
Le préambule à la 23ème session FIFO 2026... ou Festival International du Film-documentaire Océanien à Tahiti, émerge de son écran d’averses... Sélection bouclée... sauf désistements de dernière minute, annonce l’Association (AFIFO) qui regroupe les organisateurs.
Sous le double signe du Matari'i Ni'a, –levée des Pléiades, début de la saison des pluies–, pour officialiser le retour au calendrier océanien originel... & du "départ vers les étoiles" d’une certaine Madame FIFO (Déléguée Générale du FIFO 2016-23) Madame Talk, Miss sous-titrages, pré-sélectrice & autres titres sous-jacents, officiels ou précurseurs** de ces quelques vingt dernières années.
Brusquement arrachée à cette fête de la convivialité cinématographique-documentaire du Pacifique... Mareva Leu, porteuse de la conscience des bonheurs & calamités insulaires régionales..., nous invite à partager sa devise :
"Place aux festivités !"...
C’est avec beaucoup de chagrin retenu que Laura Théron, Déléguée Générale, «dédie la 23è édition FIFO à MAREVA LEU» & assume vaillamment la tenue de cette conférence de Presse, à 2 mois de l’ouverture du Festival International du Film documentaire Océanien.
Conditions dûment explicitées, programmation à ajuster, ne reste plus qu’à se concentrer sur l’orchestration à assurer aux films sélectionnés.
Rendez-vous du 06 au 15 février 26
En la personne de Jean-Philippe Lemée, Directeur régional de Polynésie la 1ère, c’est réellement son appui institutionnel médiatique & logistique mais aussi son soutien moral que Laura Théron salue chaleureusement en la circonstance... Reconnaissons qu’il ne tarit pas d’éloges sur la qualité de la "cuvée" présente, tout en se réjouissant de la forte proportion de thèmes à connotation féminine, toutes catégories confondues.
Il est vrai que le hasard solde à la parité les réalisateurs des films en compétition. Ainsi, le jury pressenti répond au même critère.
Un démarrage en terre connue
Lucile Guichet &Tuarii Tracqui, Jean-Philippe Lemée, Laura Théron, Vaitua Tokoragi & Heia Parau, comité de présélection. |
Le choix de l’affiche renvoie à l’ancrage engagé de sa chorégraphe-réalisatrice fidjienne Lelita Mitchell impliquée à «renforcer les pratiques créatives liées à l'activisme culturel et à la conservation de la biodiversité». Coup de cœur d’une certaine "Passeuse de savoirs"... –Mareva bien sûr ! –, hautement plus éclairée que son piètre détracteur d’infortune. Rédactrice & auteure indépendante-raffinée, parfaitement consciente du rôle que joue le FIFO, elle s’engage à la suite de son fer de lance incontournable Wallès Kotra :
“Nous avons beaucoup avancé, mais nous n’avons pas gagné”, déclare-t-il à la dernière session. Créer le FIFO – «acte militant» dès l’origine–, se renforce, car « À présent, il ne faut plus seulement “montrer que l’on existe”, il faut “résister”», insiste-t-il, en ouverture de la session passée...
L’ "Édition Mareva" entre donc pleinement dans l’histoire...
Un jury estampillé autochtone
Avec pour président, Aaron J. Salā, musicien & ethnomusicologue, dramaturge, réalisateur, directeur musical de Disney Moana, ce sont les arts autochtones que le directeur du 13ème Festival des Arts & cultures du Pacifique défend à partir de Hawaï.
Ses deux comparses masculins soutiennent un profil de même acabit. Le Nozélandais d’origine samoaine, Taualeo’o Stephen Stehlin, à fond dans l’audiovisuel depuis toujours.
Quant à Tuarii Tracqui, acteur, comédien, danseur polynésien, il jubile du dialogue partagé entre insulaires du Pacifique ; échange la priorité de la scène... avec celle de spectateur biberonné depuis l'enfance au FIFO...
Honneur aux dames : Anusha Duray, directrice des programmes à @NITV - télévision publique autochtone d'Australie - habituée du FIFO parle des blessures aborigènes –thème récurrent du Festival depuis ses débuts.
Delphine Ollier-Vindin, néo-calédonienne, promotrice du Festival des Réalisateurs émergents, (RECIF), met en avant "l’identité pays", un rebondissement créatif d’après crise.
Enfin, Lucile Guichet, grand-reporter, habituée à couvrir tous les sujets, ayant oscillé entre les différentes communautés ultra-marines du Pacifique, reste obsessionnelle de liberté & de justice. En tant que membre du jury, lâchant son rôle d’investigatrice, c’est en totale réceptrice, qu’elle se dispose à se laisser submerger par la vague du saisissement et de l’exaltation... Il est vrai qu’avec « Sana, le cristal qui consume », elle avait précédé la grosse explosion actuelle à Tahiti...
Une affiche des plus originelles
L’affiche du 23èFIFO, véhicule la démarche fondamentale liée à la reconnaissance universelle de tout artiste, sans discrimination de supériorité. Un véritable MANIFESTE que les déclarations & le film de Letila Mitchell :
«Liberté artistique signifie la possibilité d’explorer, d’expérimenter et de remettre en cause le statu quo, y compris la notion qu’être artiste ne vaut pas grandchose et est une perte de temps»
«Les impacts persistants de la colonisation, de l’émigration généralisée et l’assimilation dans les cultures dominantes au nom du « progrès » et du développement, ont contribué à la perte de notre langue et de nos pratiques culturelles et créatives.»
« La dévalorisation de nos modes de savoirs sont des réalités en Océanie. Les politiques internationales de développement et les systèmes d’éducation qui privilégient les modes de connaissances occidentales, ont une vision des Îles du Pacifique comme étant sous-développées, petites, vulnérables et Isolées».
Ne croirait-on entendre la voix de toute l’Océanie ??? Polynésie française comprise...
Fidji via Tahiti et vice versa
Portrait d’une jeune danseuse de Rotuma (Fidji), il est revisité par Teva Geros, graphiste, pour la nouvelle édition 2026 du FIFO.
Tiré d’un spectacle conçu par Letila Mitchell, directrice artistique de Rako Pasefika & accessoirement réalisatrice, il représente un enjeu fondamental pour l’ensemble insulaire du Pacifique : la compagnie, avant tout «créative, se consacrant aux projets qui soutiennent le changement social positif pour les populations Autochtones»
C’est dans la catégorie FENÊTRE-SUR-COURTS (22è FIFO) que ARMEA a fait son apparition à Tahiti. «Chargé de symbolisme et pas plus grand qu’une main d’enfant, le minuscule oiseau connu sous le nom d’Armea ne se trouve qu’à un seul endroit sur Terre : l’île de Rotuma, dans le Pacifique.»
«ARMEA, une ode à tout ce qui est petit et pourtant sacré.»
Des chiffres, un lieu
S’il faut en croire les chiffres, le FIFO remplit son rôle de porte-parole, représente de plus en plus d’îles et attire un nombre croissant de documentaristes. 178 films océaniens ont candidaté : soit 48 de plus que l’an passé. Mais la sélection compte 10 docu. en compétition...
Les moyens n’ont donc pas explosé, pas de nocturnes non-stop... mais une session de 10 jours... 15 Hors-compétition... 7courts-métrages documentaires... et le régal cathartique pour la Nuit de la fiction avec 12 minis, (142 mn. de projections, soit une petite nuit de 2 heures 22 minutes, sans compter les intermèdes –short, short eux aussi–, qui nous laissent à peine le temps de respirer.
Et si... s'introduisait un débat-Nuit-de-la-Fiction ? Vu la réactivité de l'équipe AFIFO qui prend en compte, ces dernières années, les humbles suggestions des fifoteurs... Ce serait un échange informel, bon enfant, non-prémédité avec les quelques réalisateurs disponibles, & qui justifierait pleinement l'aspect partage en présentiel...
Entre conférence de presse à Polynésie la 1ère & Te fare Tauhiti nui –Maison de la culture–, la capitale se mobilise & conjugue ses qualités d’accueil. Vaitua Tokoragi, directeur de TFTN, insiste sur le métissage océanien dont le Festival a pourvu cette génération de Bébés du FIFO, dont il fait partie, comme la majorité des acteurs aux postes-clé de cette session...
Le résultat ne s’obtient pas sans mal & l’équipe de l’AFIFO, est contrainte de «partir en chasse» pour tenter de dispatcher au mieux les candidatures chaque année, dès le mois de mars. Sauf que la majorité arrive dans les 15 derniers jours... 80 en 15 jours !!!
Les contacts sont dès lors ouverts pour les établissements scolaires ... puisqu’ils viennent en groupe et que l’accès du FIFO est gratuit pour les moins de 26 ans ...
Une équipe qui gagne ...
Vu la dynamique qui anime l’équipe se renouvelant, parfois orpheline de certaines de ses figures de proue, aux personnalités profondément atypiques & novatrices, Michèle de Chazeaux, notamment... c’est ce courage d’opinion et cette liberté de conscience qui le rendent incontournable dans l’avancée des peuples engloutis politiquement que nous saluons...
Un Festival qui s’annonce –à son accoutumée–, combatif & bienveillant à la fois. Une sélection, entre passé & avenir, qui n’occulte ni les «traumatismes encore présents de son histoire», ni les menaces environnementales ou politiques...
Team un jour, Team toujours
Un Festival qui joue à plein son rôle d’alerte...
Des documentaristes qui se forgent leurs outils en toute autonomie de types, de formats, de hardiesse...
Une époque –la nôtre, celle de ces îles dispersées–, où le destin des femmes se voit reconnu & encensé... où «l’art, la création & les imaginaires océaniens» s’exposent, s’identifient sans discrimination ni condescendance...
Un comble pour cet Océan intronisé à tort, Pacifique...
Un article de Monak
* Mareva Leu *
- Hommage du Haut-commissariat à Mareva Leu, le 12 nov. 2025 : https://www.polynesie-francaise.pref.gouv.fr/Actualites/Communiques-de-presse/2025/Hommage-a-Mareva-Leu
** (auprès de Pierre Olivier)
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