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mardi 16 octobre 2012

Comment Tahiti devint française


Le cadeau de George Pritchard à la France

C'est pour avoir demandé (et obtenu) l'expulsion des missionnaires catholiques français que George Pritchard provoqua l'intervention militaire du roi Louis Philippe.


Les premiers missionnaires catholiques commencent l’évangélisation de l’Océanie en 1834.

A cette époque, les royaumes de France et d’Angleterre sont en concurrence pour s’assurer la possession du plus grand nombre possible de ces nouveaux territoires insulaires de ce que l’on appelle alors l’Océanie.

L’inénarrable George Pritchard
George Pritchard, lui, est installé à Tahiti depuis 1824.

Le décor est planté pour ce qui a bien failli se terminer par une nouvelle guerre franco-britannique.

 

George Pritchard, apothicaire et pasteur anglais

Né en 1796, il débarque à Tahiti avec sa jeune épouse le 14 décembre 1824. Il mène conjointement, utilisant l’une pour développer l’autre et réciproquement, ses activités « médicales » et pastorales. Et c’est grâce aux deux combinées qu’il s’impose dans la petite société locale comme une personnalité incontournable.

En 1837, il obtient la charge de vice-consul du Royaume-Uni. C’est grâce à ce titre qu’il entretient une relation très privilégiée avec la reine Pomare IV sur laquelle il exerce une influence certaine… et développe avantageusement ses activités de commerce.

Pritchard et la reine Pomaré vus par un humoriste
Il détient en effet une exclusivité de fait sur le négoce entre les autochtones, les commerçants-résidents et tous les navires marchands britanniques accostant à Tahiti.

Les échos de la magnifique réussite de la Congrégation des Sacrés-Cœurs (Les frères de Picpus) aux îles Gambier lui parviennent et ne le remplissent pas de joie.

Il mettra tout en œuvre pour entraver leur travail d’évangélisation, jusqu’à ce jour de février 1844 où il poussa les Tahitiens (via son influence sur la reine Pomare IV) à la révolte contre les forces françaises de l’amiral Dupetit-Thouars.

 

Le protectorat français sur Tahiti

Bien implantés à Mangareva, les missionnaires des Frères de Picpus commencent à essaimer et finissent par débarquer à Tahiti. Pritchard a bien prévu de les intercepter, mais les pères Caret et Laval déjouent ses plans en débarquant clandestinement et en se réfugiant auprès du consul des Etats-Unis, le Belge Moerenhout.

Dès qu’il a connaissance de leur installation à Tahiti et de leur réussite aux Gambier, Pritchard entreprend de convaincre la reine Pomare qu’ils représentent un danger pour elle et sa couronne. Il lui faut deux ans pour arriver à ses fins.

Mais en 1836, il obtient de Pomare IV qu’elle expulse officiellement tous les missionnaires catholiques de Tahiti, ce qu’elle commença à faire.

Le roi Louis-Philippe
La réaction de Louis Philippe ne se fit pas attendre, toutes proportions gardées compte tenu de la lenteur des communications à l’époque et de la distance.

L’amiral Dupetit-Thouars est alors mandaté sur place avec pour mission de régler définitivement le problème.

Alors commandant des forces navales françaises d'Océanie, l’amiral est surtout réputé pour être un chaud partisan de l'annexion pure et simple des îles d'Océanie à la France.

Au prétexte de sauver les missionnaires français et au nom du roi et de l’Eglise, il débarque à Tahiti avec armes et soldats et impose le protectorat français sur l’île de Tahiti.

Le vice-consul d’Angleterre est fou de rage : il entre en dissidence dans le but de soulever les Tahitiens contre l’autorité française.

 

La révolte de 1844 et ses conséquences

George Pritchard met deux ans pour arriver à ses fins. Ce n’est qu’en février 1844 qu’il arrive à pousser les indigènes à la révolte sous les ordres de la reine Pomare.

L’amiral Dupetit-Thouars n’attendait que ça. Il fait arrêter Pritchard et l’expulse définitivement de Tahiti manu militari par le premier bateau. Il décèdera en Angleterre en 1883.

                               L'amiral Dupetit Thouars
Mais ce coup d’éclat a des conséquences profondes et durables sur les relations franco-britanniques et surtout pour l’ensemble de l’Océanie.

En effet, l’affaire provoque en Angleterre une très vive hostilité envers la France. Au point que le premier ministre de Louis Philippe, François Guizot, doit présenter les excuses du roi de France à la couronne britannique, s’engager à verser une très forte indemnité au Royaume-Uni et dédommager George Pritchard. La crise est dénouée : on n’ira pas à la guerre.

Par contre, Dupetit-Thouars est rappelé en France.

                            François Guizot par Félix Nadar       
D’autre part, afin d’éviter d’autres confrontations similaires en Océanie entre les deux pays, on crée un ensemble de règles qui définissent les zones d’influences respectives de la France et de l’Angleterre : Les Îles-Du-Vent pour la France, les Nouvelles-Hébrides pour l’Angleterre et les Îles-Sous-Le-Vent comme zone tampon.

Cet accord tiendra jusqu’à l’annexion des Îles-Sous-Le-Vent par la France en 1906, date de la création du condominium des Nouvelles Hébrides en 1906.

Bibliographie :
« George Pritchard, l’adversaire de la France à Tahiti » de Leonce Jore (1939)
Autres sources :

 

 

Un article de Julien Gué

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