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vendredi 26 octobre 2012

Le marae Taputapuatea de Raiatea



À la racine de l’histoire polynésienne

 

Sur la côte Est de Raiatea, aux Îles-Sous-Le-Vent, se trouve le plus grand et le plus important des marae de Polynésie française.

Âme de l’île de Raiatea, au point kilométrique 31 de la côte Est, s’étale sur trois hectares le site archéologique le plus important de tout le Pacifique Sud : le marae Taputapuatea.

Le marae Taputapuatea vu du ciel

Face à lui, ouvrant la porte de l’océan Pacifique, la passe sacrée Te ava moa.

Connu pour être le berceau de la culture ma’ohi, le marae Taputapuatea est le site archéologique le plus important de tout le Pacifique Sud. Au-delà, c’est aussi un endroit mythique imprégné d’une intense spiritualité et d’une longue et grande histoire.

 

La beauté du marae Taputapuatea

Occupant le promontoire qui sépare la baie de Opoa de celle de Hotopuu, le marae Taputapuatea est bel et bien le gardien de la passe sacrée Te ava moa.

Face au marae, la passe sacrée Te ava moa

Dallages de galets couvrant les immenses surfaces des espaces rituels, imposantes dalles de corail et de pierres volcaniques dressées en marquant les points les plus sacrés, murets parfaitement rectilignes délimitant nettement ces espaces, c’est tout cela que Taputapuatea offre aux regards des visiteurs éberlués.

Il se dégage de ces lieux le même genre de force étrange qui, dans certaines cathédrales européennes, impose à ceux qui y pénètrent de parler à voix basses.

Si les Fare Va’a (maison des pirogues), Fare Atua (maison des dieux), Fare Ia Manaha (maison des trésors) et autres Fare Tupapa’u (maison des morts) ont tous disparu, c’est qu’ils étaient bâtis en matériaux légers traditionnels : poteaux en cocotier, cloisons végétales et toitures en ni’au ou rau'oro (pandanus).

Le hangar à pirogues ou fare va'a

Les Unu, grandes effigies en bois ornées de motifs géométriques et de figures animales ou anthropomorphiques, ont bien sûr toutes disparues. Ils furent pour la plupart détruits lors de l’évangélisation. Ceux qui y échappèrent ne résistèrent pas aux outrages du temps et de l’humidité. Sur le marae Taputapuatea, ils ont été re-sculptés et trônent de nouveau à leurs places respectives.

Toutefois, nul ne sait plus aujourd’hui quelle était la signification précise des Unu. Chacun peut donc choisir d’y voir ce qu’il souhaite.

Le marae Taputapuatea et l’histoire
La société polynésienne est une société de tradition orale, il n’y a donc aucune trace écrite permettant de retrouver l’histoire réelle de la Polynésie et du peuple ma’ohi. Sauf, peut-être, dans les archives inaccessibles du Vatican et les écrits des premiers missionnaires…

La « bible » des historiens de la Polynésie
Un seul ouvrage fait encore référence quant à l’histoire de ce peuple, le célèbre Tahiti aux Temps anciens, de Teuira Henry.

Pour la petite fille du Pasteur Orsmond, Taputapuatea serait le plus ancien des marae arii. Il est le plus important des quatre marae Taputapuatea de Polynésie. Les trois autres se trouvant à Tahiti et Moorea.

Toutefois, le marae Taputapuatea n’a pas toujours été un marae arii (marae international). A l’origine il n’aurait été qu’un marae Mataeinaa (marae national dans la classification de Teuira Henry) du nom de Tini-Rau-Nui-Mata-Te-Papa-O-Feoro (Myriades fécondes qui gravèrent les roches de Feoro), avant la naissance de Oro à Opoa.

Ce n’est qu’avec le temps et le peuplement des archipels polynésiens par les Ma’ohi que Raiatea devint l’Île Sacrée et le marae Taputapuatea le centre culturel et religieux de l’ensemble des îles polynésiennes.

Vue d'ensemble du marae Taputapuatea

En effet les prêtres et les chefs guerriers s'y rendaient périodiquement, venus de tous les coins du Pacifique : Taha'a, Bora Bora, Maupiti, Rarotonga, Rotuma (Fidji), Nouvelle-Zélande… Ces pays formaient à l’époque une grande alliance politique, religieuse et économique.

Comment cela s’est-il passé, il est aujourd’hui bien difficile de le retracer avec certitude…

Le marae Taputapuatea et la légende
Il existe de très nombreuses légendes concernant ce marae. Celle qui revient le plus souvent, et qui est rapportée dans Tahiti aux Temps anciens, est la suivante.

Le marae Taputapuateaest bâti autour de huit pierres dressées principales représentant les huit rois qui auraient régné sur le pays.

De nombreuses cérémonies ont lieu, de nos jours, sur ce marae

Selon la légende, lorsque Oro, le roi de la guerre, naquit à Opoa, son père lui donna pour demeure Opoa et le marae Feoro. Oro devint alors très puissant et fut reconnu par les habitants de Raiatea et des autres îles comme le dieu suprême.

D'autres récits font remonter l'origine du marae d'Opoa à une période relativement récente (17ème ou 18ème siècle) à partir d'une pierre issue d'un autre marae (marae Farerua de Bora Bora, selon Marau ou marae Vaeara'i de Raiatea, selon le Professeur Emory).

 

L’avenir du marae Taputapuatea

Aujourd’hui, le marae Taputapuatea est l’un des sites historiques les plus réputés et les plus visités de Polynésie française.

Il a été remarquablement restauré et est parfaitement entretenu, ce qui est très rare en Polynésie.


Petite visite guidée du marae Taputapuatea
Toutefois, afin de le mettre définitivement à l’abri de toute dégradation, y compris celle d’une urbanisation plus ou moins sauvage de son environnement immédiat, un Comité de pilotage, patrimoine mondial de l’Unesco a été créé en septembre 2009.

Ce comité avait pour objectif de faire classer au patrimoine mondial de l’Unesco « les îles Marquises et le complexe sacré Te Pô incluant le marae Taputapuatea de Raiatea ». Pour ce qui concerne le marae Taputapuatea, c’est chose faite depuis le 9 juillet 2017. Si le dossier des Marquises est, lui, encore à l’étude, il est en très bonne voie et ceux qui le défendent (avec à leur tête Pascal Herel Hatuuku) sont très optimistes quant à l’issue de cette démarche.

 

Un article de Julien Gué


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