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mardi 16 février 2021

Plein cœur 18ème FIFO


En  arts et en lumière


 

        9 Films "en compétition" pour le 18ème FIFO.  Sourire amusé pour ces chiffres qui jonglent entre eux, un peu coincé pour ceux qui depuis le 6 février 21 attendent le verdict du 12 : les réalisateurs.

 

          À balayer l’ensemble de ces 9 longs-métrages documentaires, se relève un panel représentatif des pays de la sphère océanienne participant à cette édition exclusivement numérique du festival : avec, par ordre de figuration La Nouvelle Zélande (3) avec une incursion vers Samoa, l’Australie (2), la Nouvelle Calédonie (2), Hawaï (1) et la Polynésie française (1).

 

                                 au coeur de la composition 

           Parmi les “grosses pointures” du 18eFIFO, un trio indéniable de réalisatrices(teurs) se distingue pour la profondeur même du propos. La trame filmique doublée d’une mise en abyme  est sous-tendue par une allégorie qui la structure : les équipiers du waka pour Loimata, le double (l’incrust), l’ombre dansante pour Freeman, le roc fondateur ou meurtrier pour The skin of others.

 

          De fait, la catégorie "en Compétition" du 18ème FIFO, nous révèle des documentaristes-créateurs qui alliant audace et brio, pour relater le fait social, l’essence et l’interprétation symbolique d’arts voisins : la voile, la chorégraphie, le travail d’acteur. Ce qui  montre la qualité et l’inépuisable talent des réalisateurs.

 

Mon coup de coeur

Mon coup de cœur se nomme The Skin of Others (Australie) ou comment aller au bout d’un rêve. Dr Tom Murray, réalisateur, ne pouvait mettre au panier le projet de porter à l’écran, l’enfant du Bush à la famille massacrée (#1887 ) - Douglas Grant - , sous les traits de  Balang T.E. Lewis, l’acteur aborigène qui devait en incarner le rôle.  Le réalisateur, au décès de Balang (2018) en plein tournage, conçoit une mise en écho des deux destins, distants d’un demi siècle, mais si semblables dans cette Australie de l’apartheid non déclaré.

 

                          la mise en abyme d'un double drame

énorme travail de restructuration, le film prévu initialement, prend la forme d’une mise en abyme, en axant sur les rushs précieux où l’acteur devenait le guide de la mémoire aborigène du Bush et inversement sur le plateau se pliait aux directives de Tom Murray pour rendre plus réalistes l’accent écossais de Doug Grant ou l’interprétation de ballades à la cornemuse…

« Un nègre écossais » : lance Doug Grant en écosse, bercail de sa famille d’adoption, après avoir été libéré et décoré de la Grande Guerre où il avait été capturé à Bullecourt (1917), prisonnier en Allemagne où il avait été relativement mieux traité : ça passe ou ça craque !  à l’époque des zoos humains de l’Occident colonial.

 

Un pont sur Sydney

   Ce n’est pas le seul pont que lance le réalisateur au cours de son film, tout comme Doug, qui, de retour (19), ne cesse d’invectiver le gouvernement (jusqu’en 29) par des articles militants en faveur de la reconnaissance des Autochtones et qui lui valent quelques ennuis : « L’Australie est aborigène de naissance, les Australiens par adoption… Après 150 ans, le gouvernement peut certainement voir s’éclaircir la voie à suivre pour émanciper les aborigènes australiens »

Le relais ne cesse de passer de Doug à Balang, des lectures des poètes du Bush à la rencontre d’Henry Lawson (1867-1922), de la faille à la fêlure. Brisé, muet, il sombre dans l’alcool et la dépression.

 

                                         La photo de famille... évanouie

Du pont de Sydney à la maquette édifiée par Doug au-dessus du bassin de l'hôpital psychiatrique - où il était patient -, et consacrée "à la fierté de ceux qui ont fait le grand sacrifice", les voies de la biculture...

Du "chant of Jimmie Blacksmith" à la réplique de Balang "Blanc de cœur et noir de peau": "The Ballad of the Bridge Builders", co-écrite par Dr Murray et David Bridie, élue "meilleure musique originale composée pour l'écran" au 2020 APRA Screen Music Awards.

 De l’empreinte de pied datant de l’âge de pierre que refuse le musée à Doug à celle de Balang…

 

Vogue va'a

Merci à Moana'ura Tehei'ura pour un "Inside the doc : Loimata, The sweetest Tears" absolument époustouflant d’acuité et d’analyse précieuse.

S’il est un moment, une atmosphère, une perception vécue dans notre quotidien et que la réalisatrice a su faire passer à l’écran, c’est cette « connectivité enracinée dans la culture des îles océaniennes, ce , (ce non-vide qui unit les êtres et les éléments) », (pour reprendre les termes de l’interview avec Anna Marbrook*).

 

                                               La connectivité

Toute la différence avec le rationalisme à l’occidentale et notre destinée qui nous fait naviguer dans ce va’a ou waka (pirogue océanienne) de la vie.

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Un article de  Monak

 

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