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samedi 13 février 2021

Palmarès 18ème FIFO


Destins jeunes au Créneau !

 

           Après vents et marées, trombes d’eau sur Papeete, avec l’éclaircie, le jury du 18ème FIFO s’est prononcé, ainsi que le public. À l’unanimité, pour le verdict et le vote, la tendance est au social.

 

Foin de la politique et de l’histoire morbide qui a dénaturé et secoue encore les états du Pacifique, qu’ils soient indépendants ou non. Les adultes ne réussissent pas à arrondir les angles, ni à se tolérer entre communautés ethniques. Quand ils ne s’en prennent pas aux jeunes, tout en étant incapables de leur proposer une société où ils puissent s’épanouir.

Il est vrai que la sélection du FIFO présentait un panorama des plus édifiants quant au suicide des jeunes sous toutes les latitudes de l’Océanie (Shot Bro de Jess Feat) et dérives associées (Abîmes de Roland Rossero). Mieux, les tabous tombent de partout et la parole dénonce l’inceste : du FIFAC (Scolopendres & Papillons) au FIFO (Shot Bro encore). L’humeur n’étant pas à la sublimation par le sitting ou l’écriture, la jeune slameuse Jamaica Heolimeleikalani Osorio (This is the way we rise de Ciara Lacy) passe à l’as…

Reconnaissons que le choix n’était pas des plus aisés. Et place donc à la jeunesse !

 

Le palmarès du Court

       "Fenêtres-sur-courts" récompense Pa’ari du Polynésien Toarii Pouira. Le portrait du jeune champion Henri Burns est édifiant, très bien mené et plus que (excusez le jeu de mot) percutant ! La perfection des images de combat, un petit exploit technique et les cadrages, du tonnerre ! (je développe dans l’article suivant)


        Pour la section "Fictions Océaniennes", About Last Night de Lucas Claeyssen (Nouvelle Calédonie). À 19 ans, au festival de la FOA 2020, le jeune réalisateur était déjà sur le podium. Un scénario bien ficelé qui génère du suspense tout du long avec le cocktail drogue, alcool, bagarre, délinque, débrouille – il faut bien gagner sa vie, même avec l’illicite - et s’achève sur un coup de théâtre.  Et tout d’un coup la vie bascule : le drame. L’horizon comme un abîme.


 Prix du Public 

            Avec Makatea, la terre convoitée (France), la réalisatrice Claire Perdrix  poursuit ses incursions insulaires, entre autres reportages sur les choses de la vie.  C’est que l’île à falaises qui revivait paisiblement depuis la fermeture de l’extraction des feos voit pointer la menace d’exploitants australiens qui voudraient bien se faire un pont d’or avec ce qui lui reste de phosphate. Catastrophe écolo assurée et risques sanitaires (déjà vérifiés ailleurs sur des sites similaires). Clivage donc dans la population : entre un maire qui considère que le salariat des employés subalternes est un statut des plus dignes et de petits agriculteurs bio, attachés à la préservation de l’environnement. Fracture réelle entre les inconditionnels du profit et une jeunesse qui, avec les sports d’escalade, visent un tourisme modéré.

          Le documentaire est vivant, structuré, les interventions sont dynamiques, les prises de vue impressionnantes sur les cicatrices du plateau et des coins devenus inaccessibles ou dangereux à cause de l’ancienne extraction. Les prises de parole sont franches et la balance pencherait plutôt du côté d’une qualité de vie modeste mais en symbiose avec la nature.

 

au top du FIFO

       Freeman (Australie) de Laurence Billet reçoit le Prix Spécial du Jury. Niveau cinématographique c’est très fort. Avec un nom porteur d’idéal de liberté (freeman), la réalisatrice a su composer un portrait double en miroir : la championne et l’aborigène (qui danse). Le symbole de l’unité, de la conciliation, même s’il est utopique prenant corps comme l’éphémère d’un spectacle. Tout est fait en douceur, en délicatesse. Surprenante conception par l’esthétique même du traitement de l’image sur fond musical contemporain aborigène. « Qui je suis », Cathy Freeman peut le redire 20 ans après.



            Loimata, the sweetest tears (NZ) d’Anna Marbrook remporte le Grand prix du Jury. Beaucoup de larmes, sans tomber dans le pathos : ce serait celles de l’amour. Puisque la question du viol de gamines est à la Une, preuve est faite que la plaie ne se referme qu’avec la mort.  

             Un 18ème FIFO intense. Marquera-t-il les consciences et les mentalités ? Du moins, la graine est semée. Combien de pluies et de larmes les feront-elles fleurir ? Les internautes bien au chaud dans leur hamac ou at home n‘ont plus qu’à se retrousser les manches pour que le cours de l’histoire et du quotidien changent… à l’instar de ces quelques figures qui ont vocation de modèles.

Un article de  Monak & Julien Gué

 

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