Le Off du Court
À la Maison de la
Culture de Pape’ete, Grand Théâtre bondé pour l’ouverture Off du FIFO. Succès
pour cette 9ème Nuit de la Fiction. Le court métrage brave les
pluies diluviennes en ce samedi 3 février 2018.
Salle
chaleureuse qui ne rompt pas la tradition des applaudissements après chaque
film, elle retient son souffle pour une grosse majorité de réalisations
poignantes et laisse éclater son rire pour le final.
Le mutisme au court : « Tama » |
Sur les 13 courts-métrages de fiction présentés,
trois thématiques se distinguent grosso modo : 6 films traitent de la mort
ou l’introduisent comme toile de fond, 3 de problèmes sociétaux sur le mode humoristique
ou grave, 2 vont jusqu’à la parodie ; quant aux 2 derniers, l’un propose
une réflexion sur le sens de la vie, l’autre sur l’identité, en passant par une
parabole littéraire ou légendaire.
Mais, qui sont ces réalisateurs d’Océanie
qui jouent avec la fiction ? Et que révèlent ces œuvres de création ?
Pour faire simple puisque les dés sont déjà jetés et que le vote du public est
clos… amusons-nous à jeter des adages qui ne servent à rien, qui pointent
parfois des vérités et qui ne font pas toujours plaisir.
Short-fiction, un sang nouveau
Furieusement
jeune, la génération 9ème Nuit n’attend pas le nombre des années
pour être opérationnelle. Elle débute à l’adolescence : Qianna Titore (16
ans !) pour Natalie (NZ), Guilhem Chamboredon (17 ans, n’avait que
14 ans pour son 1er court-métrage !) avec Chemin Kanak 2.0
(NC), le lycée Petro Attiti (NC) avec Les experts antigag… « Ce
n’est pas une habitude, commente Wallès Kotra, mais touche
l’exceptionnel ». En fait, les pitch-datings agitent les neurones des
vidéastes et la moyenne d’âge tourne autour de 33 ans… sauf erreur de calcul de
ma part !
Être ou ne plus être : « Natalie » |
Dans
la catégorie « sensationnel », le duo intergénérationnel Jared
Flitcroft & Jack O’Donnell de Tama (NZ), récidive avec « le premier
réalisateur sourd diplômé de l'École de cinéma et de télévision de
Nouvelle-Zélande. Jared Flitcroft « préside également le New Zealand Seaf
Short Film Festival ». Et l’idée de Tama, ce teenager sourd qui
parvient à communiquer par le Haka, lui est venue à 16 ans !
Dans
la case « à mythe ouvert », Juli Hernandez, de l’Université de Guam,
adapte dans Twist of Yarn un conte de Chaucer sous forme de parabole étrange
qui donne sens à la vie… Lyrisme mélangé entre hip-hop et un slam de 6Mane portant
sur la légende des origines kanakes.
Ado vainqueur du harcèlement : « The Dregs » |
Dans
le style parodique, Les experts anti-tag, signé Anthony Pedulla, font
figure d’anti-polar ; le casting, d’anti-jeu… Ena Koe (NZ-PF) d’Hannelle
Harris, Lennie Hill et Manuarii Bonnefin arborent le sourire et qui sait le
happy end ? Il est plus grinçant pour The Dregs (NZ), de Matthew
Campbell Downes, qui s’achève par une pirouette.
La mort au tournant
La
mort, son interprétation, son intrusion brutale dans le quotidien : elle
est abordée majoritairement dans cette session par les moins de 30 ans, à une
exception près. La mort, le suicide, qu’il soit réel ou seulement une
éventualité. Notons cependant qu’en Polynésie Française, le suicide est la
seconde cause de mortalité chez les jeunes, très jeunes parfois… Faut-il
s’interroger ?
Trop courte la vie : « Maria » |
Toujours
est-il que la réalité est dure pour : Dans l’ombre (NC) d’Erwann
Bournet. La présence de l’au-delà et des revenants est récurrente dans : A
Twist of Yarn, Feti’a (PF) de Manuarii Bonnefin, Maria (NZ)
de Jeremiah Tauamiti, Natalie, Tama et The World in Your Window (NZ)
de Zoe McIntosh. S’oriente-t-on alors vers un cinéma fantastique ?
La vie devant soi…
Quant
aux aînés de la 9ème nocturne : leur météo est au beau fixe.
Profitons-de la vie, arrachons-lui le plaisir de l’instant ! Becs Arahanga
le brame dans Laundry (NZ). Nicolas Esturgie utilise la plaisanterie à
vocation didactique dans Nukutapu l’îlot interdit (W&F).
Demain est un autre jour : « Le monde à ta fenêtre » |
« Nous
avons toute la vie pour nous amuser… » déclare à quelque chose près le
président du jury éric Lavaine.
Ne serait-ce pas la couleur de ce 15ème FIFO ? Du moins, dans la personnalité des
festivaliers, dans la dynamique des échanges, dans l’esprit qui y règne à tous
les échelons de l’organisation. Détendons-nous, détendez-vous !
Un article de Monak
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