Un monde en transe
Quelle
identité ? Sans identité tu n’existes pas. Les apatrides réfugiés
politiques l’endurent pour des aberrations de désaccords entre Etats. Quant aux
transidentitaires, la législation se fait aussi tirer l’oreille. Les sociétés
ternaires existent depuis l’Antiquité. Rien de neuf sous le soleil, sauf que
les non-concernés le découvrent au 21ème siècle et s’en
offensent !
Suite
aux « principes de Jogjakarta », reconnus par
l’Assemblée générale des Nations unies le 18 décembre 2008, la
transidentité entre de plein droit dans notre conception de l’être humain.
Mais, assumer sa transidentité se solde actuellement en France par la
contrepartie d’une stérilisation ! Comme si l’identité se réduisait au
sexe.
Trans de plein droit |
La
loi n’est donc pas la même pour tous, elle peut même être discriminatoire
puisqu’elle impose la dégénitalisation ! Pire qu’un flou juridique, les
contradictions pleuvent en masse, puisque la transphobie vient d’être rajoutée
au Code
pénal par le Sénat (17 juillet 2012).
Terrorisme et Transformisme
Au
moment où le mariage pour tous n’était pas encore voté, Hollande rendait la loi
interprétable : « en
l’âme et conscience des maires » ! Et nous n’en sommes qu’à
l’étape du mariage homosexuel ! Que les êtres se choisissent en toute
liberté leur partenaire peut se heurter à l’abus de conscience d’édiles
rétrogrades : comme si l’individu ne pouvait décider par lui-même, mais devait
se conformer à l’opinion des masses désinformées ou du pouvoir.
Dès 1949, le docteur Harry Benjamin,
endocrinologue et sexologue, décrit le transsexualisme comme une réalité, tout
en le classant dans la catégorie des troubles psychiques : « C’est une entité
nosographique qui n’est ni une perversion, ni une homosexualité ». En 1953,
il complète : « le transsexualisme est le sentiment d’appartenir au sexe opposé
et le désir corrélatif d’une transformation corporelle ».
Quand se choisir devient la norme… |
Le point positif de sa définition du syndrome dit « de
Benjamin », c’est « la différence qu’il établit entre le sexe et le
genre » : « Le sexe c’est ce que l’on voit, le genre c’est ce que
l’on ressent.» Presqu’un siècle de terreur psychiatrisante !... et autant pour
faire admettre que la transidentité n’est pas une pathologie.
Au
moment où la science nous apprend que les caryotypes humains communément
supposés (XX des femmes et XY des hommes) peuvent être inversés naturellement,
sans que les apparences en soient bouleversées, les partis réactionnaires, les
représentants religieux, assènent leur veto au nom d’un dogmatisme qui nie la
biologie !
Traque et transphobie
Tout
comme la xénophobie, la « transphobie » se définit en termes de préjugés sociaux
vis-à-vis d’êtres différents. Attitude irraisonnée, issue de ligues informelles,
elle ne s’explique pas, véhicule des inepties et peut conduire à une véritable
hostilité.
Non
seulement traite-t-on les transgenres comme des êtres inachevés qui ne seraient
pas parvenus à maturité sexuelle, mais encore comme des demeurés : et les
infantilise-t-on. Du coup, se permet-on de les considérer comme des sous-êtres
et leur fait-on subir les pires outrages juridiques, médicaux et sociaux. Rares
sont les organismes qui ont embauché des transidentitaires ! Que leur
reste-t-il alors ? La prostitution et les risques qui en découlent ?
A l’heure de la prolifération des minima sociaux, des rackets maffieux, des
phénomènes de groupe, quelle retraite et quelle fin de vie leur
assure-t-on ? Quelle sécurité au quotidien ?
« Les États européens doivent prendre de
nouvelles mesures afin de protéger les personnes transgenres contre les
violences qui ont fait plus d’un millier de morts dans le monde au cours des
quatre dernières années, indique Amnesty
International le 20 novembre, à l’occasion de la Journée du souvenir trans. »
Sous l’emblème de l’égalité citoyenne |
« Pourtant,
sur l’ensemble du continent, seules la France, la Suède, l’Écosse (Royaume-Uni)
et la Croatie (à partir du 1er janvier 2013) incluent dans leur législation sur
les crimes de haine les attaques violentes fondées sur l’identité de genre. »
La
discrimination, ayant été entretenue par les Etats et les institutions -
absence de reconnaissance légale, tracas administratifs, marginalisation
psychiatrique, vide pénal quant à la ségrégation de genre -, a renforcé le nombre d’homicides ces quatre dernières
années (1083 répertoriés officiellement dans le monde).
Sans
compter évidemment les condamnés à mort (lapidation, pendaison et autres
sévices : (notamment au Koweït)
sous les régimes théocratiques et intégristes qui ne cessent de proliférer.
Douze
ans que le « T-DOR (T-DOR: Trans’ Day Of Remembrance), le jour du souvenir-Trans’ »
se commémore dans le monde entier, le 20 novembre.
Des morts scandaleusement inutiles ! |
Soirée
chaleureuse et poignante à la lueur des bougies où les voix mâles sourdent de
féminités assumées, où la connivence s’exhale de toutes formes d’identités
mixtes ou mitigées. Sous la froidure, au pied de l’Opéra-Bastille (Paris), les
sympathisants murmurent à mi-voix. Emotion autour de la flamme vacillante des
disparus, victimes de la sauvagerie de crimes odieux, sacrifiées dans le pire
des dénuements. Il n’y aura pas même mille lanternes. Trans’ ? Tout le
monde s’en fout ! Sauf pour les mettre au pilori des souffre-douleurs.
Ternaire
A
l’ordre du positif, la Nouvelle-Zélande réduit
les formalités pour les transidentitaires par une simple déclaration, et la
mention « x » pour le sexe. Il semblerait que la simplification soit
une solution qui favorise l’évolution des mentalités.
Actuellement,
en Occident, l’ancrage identitaire « repose non sur la biologie mais sur
la transmission d’identité ». Malgré les idées préconçues et tenaces, la
planète connaît, depuis l’Antiquité, les sociétés « ternaires »,
qu’il s’agisse pour le troisième sexe,
d’identités androgynes, inter-sexuées ou transsexuées.
Sexe ou pas, c’est mon genre… |
Aucune
latitude ne semble en être exempte, même si elle en exprime le contraire. « Ainsi,
des identités
sexuelles intermédiaires sont apparues dans de nombreuses cultures depuis
la nuit des temps : Mahu à Hawaii, Acaults au Myanmar, Faikakekines aux
îles Tonga, Shemale chez les anglophones, New half au Japon, Hijras en Inde, Muché
chez les Zapotec du Tehuantepec, Juchitan au Mexique, Mahu et Raerae en
Polynésie, Fa'afafine aux Samoa, Woobie en Côte d'Ivoire, Femminielli en
Italie, etc.
« Il existe également à
Oman des hommes très parfumés et maquillés nommés Xaniths qui ont le droit de
partager la vie sociale des femmes, à l'instar des Hijras en Inde qui ont subi
une émasculation complète, s'habillent et vivent en femmes, et font partie essentielle
de la société indienne traditionnelle.»
La
première femme à changer officiellement d’identité a vécu de 1838 à 1868. Elle
se nommait Herculine
Barbin devenu Abel par décision juridique. La France du 19ème
siècle était-elle plus lucide ?
Transidentité
L’Association Nationale
Transgenre précise bien que l’identité est de genre et non de sexe. Elle
revendique l’égalité dans une diversité de genres qui n’en compte pas moins de
huit, en toute logique : bi, hétéro, homo, inter, trans (transsexuel et
transgenre), travesti ou de genre fluide.
Trans’ J’existe ! |
Mais
les premiers combats datent du siècle dernier. Question de soutien et de survie
avant que de se faire reconnaître selon sa spécificité. Car le regard familial
et social est marginalisant et l’institution psychiatrique tout aussi
castratrice.
Etre
reconnu en toute intégrité, en possession de toutes ses facultés, ne date en
France que de mai 2009 : enfin, la transidentité disparaît
des maladies mentales !
Mais
les tracasseries
administratives touchent les couples mariés dont l’un des partenaires
changerait d’identité au point de vouloir les obliger à divorcer ! Tel fut
le scandale de ces dernières années et la dégradation individuelle qu’ont voulu
imposer les tribunaux français !
Le
dilemme est le même que pour Giordano Bruno et Copernic face à une Eglise
intransigeante, avant la séparation du religieux et du laïc : affirmer que
la terre tourne autour du soleil et être condamné au bûcher (comme Giordano) ou
se rétracter. Le même traitement pour les homosexuels anglais, surnommés
«faggots».
Ma tasse de T
En
fait, Monsieur tout le monde s’autorise des sentences de tribunal datant de
l’Inquisition. Les mouvements
fascistes ou extrémistes de droite ouvrent la chasse. Locaux associatifs,
manifestants, individus se comptent au nombre des victimes de lynchage ou de
meurtre. Jusqu’aux représentants des religions de tous bords qui jouent à fond
l’intégrisme !
Quand l’intégrisme harcèle ses opposants. |
A
se demander si nos problèmes de sociétés en crise, finissantes, décadentes,
sans issue, ayant troqué l’humain pour les valeurs de l’argent, ne se
chercheraient des boucs émissaires, comme un certain Adolf ! L’extermination
est donc au goût du jour de nos collectivités complices de barbaries.
Face
à l’hétéropatriarcat, les couleurs de l’arc-en-ciel transgenre flottent au
fronton de la tolérance. Les minorités transidentitaires se regroupent sous des
appellations qu’il serait bon de décoder. «LGBT est le sigle de « lesbian, gay, bisexual and
transgendered people » et adapté en français en « lesbiennes,
gays, bisexuels et transgenres ».
Il est parfois complété par la lettre I pour intersexués,
et/ou, encore plus rarement, par la lettre Q pour queer
ou en questionnement.»
Une Lumière, pour ne pas se noyer…
Et pour croire encore en
l’espoir, un moment de poésie au cœur de
ce mutisme fragile qui fait la différence. Avec les images d’Estelle
Beauvais : La lumière n’est ni
juste, ni injuste.
Un article de Monak
Lexique complémentaire pour
autres acronymes ou sigles transidentitaires :
-
« Q » pour « Queer », « A » pour « Asexuel »
ou « Anthrosexuel »,
« I » pour « Intersexué »,
« P » pour « Pansexuel »
ou « Polyamoureux ».
Pour éviter ce sigle à géométrie variable, les termes « allosexuel »
et « altersexuel »
sont parfois utilisés. Dans le "Guide des activistes sur les
Principes de Jogjakarta" pour les activistes et les défenseurs des droits de l'homme
le terme "LGBTI" est
toujours utilisé
-
ACCEPTESS-T :
Actions Concrètes Conciliant Education Prévention Travail Equité Santé et Sport
pour les Transgenres (Paris)
-
Court-métrage :
La lumière n’est ni juste, ni injuste (Das licht ist weder richtig noch
unrichtig). Film réalisé dans le cadre du projet sur LA FRAGILITÉ d'Estelle
Beauvais. Réalisation, Estelle Beauvais ; Texte et Voix, Jayrôme C.
Robinet ; Musique, Jef Guillon ; camera et montage, Estelle
Beauvais ; Aeronef Production - 2012
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