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Le nouveau roman de de Monak à lire absolument

lundi 7 janvier 2013

Transidentité


Un monde en transe

Quelle identité ? Sans identité tu n’existes pas. Les apatrides réfugiés politiques l’endurent pour des aberrations de désaccords entre Etats. Quant aux transidentitaires, la législation se fait aussi tirer l’oreille. Les sociétés ternaires existent depuis l’Antiquité. Rien de neuf sous le soleil, sauf que les non-concernés le découvrent au 21ème siècle et s’en offensent !

Suite aux « principes de Jogjakarta », reconnus par l’Assemblée générale des Nations unies le 18 décembre 2008, la transidentité entre de plein droit dans notre conception de l’être humain. Mais, assumer sa transidentité se solde actuellement en France par la contrepartie d’une stérilisation ! Comme si l’identité se réduisait au sexe.

Trans de plein droit

La loi n’est donc pas la même pour tous, elle peut même être discriminatoire puisqu’elle impose la dégénitalisation ! Pire qu’un flou juridique, les contradictions pleuvent en masse, puisque la transphobie vient d’être rajoutée au Code pénal par le Sénat (17 juillet 2012).

Terrorisme et Transformisme

Au moment où le mariage pour tous n’était pas encore voté, Hollande rendait la loi interprétable : « en l’âme et conscience des maires » ! Et nous n’en sommes qu’à l’étape du mariage homosexuel ! Que les êtres se choisissent en toute liberté leur partenaire peut se heurter à l’abus de conscience d’édiles rétrogrades : comme si l’individu ne pouvait décider par lui-même, mais devait se conformer à l’opinion des masses désinformées ou du pouvoir.

Dès 1949, le docteur Harry Benjamin, endocrinologue et sexologue, décrit le transsexualisme comme une réalité, tout en le classant dans la catégorie des troubles psychiques : « C’est une entité nosographique qui n’est ni une perversion, ni une homosexualité ». En 1953, il complète : « le transsexualisme est le sentiment d’appartenir au sexe opposé et le désir corrélatif d’une transformation corporelle ».
Quand se choisir devient la norme…

Le point positif de sa définition du syndrome dit « de Benjamin », c’est « la différence qu’il établit entre le sexe et le genre » : « Le sexe c’est ce que l’on voit, le genre c’est ce que l’on ressent.» Presqu’un siècle de terreur psychiatrisante !... et autant pour faire admettre que la transidentité n’est pas une pathologie.

Au moment où la science nous apprend que les caryotypes humains communément supposés (XX des femmes et XY des hommes) peuvent être inversés naturellement, sans que les apparences en soient bouleversées, les partis réactionnaires, les représentants religieux, assènent leur veto au nom d’un dogmatisme qui nie la biologie !

Traque et transphobie

Tout comme la xénophobie, la « transphobie »  se définit en termes de préjugés sociaux vis-à-vis d’êtres différents. Attitude irraisonnée, issue de ligues informelles, elle ne s’explique pas, véhicule des inepties et peut conduire à une véritable hostilité.   

Non seulement traite-t-on les transgenres comme des êtres inachevés qui ne seraient pas parvenus à maturité sexuelle, mais encore comme des demeurés : et les infantilise-t-on. Du coup, se permet-on de les considérer comme des sous-êtres et leur fait-on subir les pires outrages juridiques, médicaux et sociaux. Rares sont les organismes qui ont embauché des transidentitaires ! Que leur reste-t-il alors ? La prostitution et les risques qui en découlent ? A l’heure de la prolifération des minima sociaux, des rackets maffieux, des phénomènes de groupe, quelle retraite et quelle fin de vie leur assure-t-on ? Quelle sécurité au quotidien ?

 « Les États européens doivent prendre de nouvelles mesures afin de protéger les personnes transgenres contre les violences qui ont fait plus d’un millier de morts dans le monde au cours des quatre dernières années, indique Amnesty International le 20 novembre, à l’occasion de la Journée du souvenir trans. »

Sous l’emblème de l’égalité citoyenne
« Pourtant, sur l’ensemble du continent, seules la France, la Suède, l’Écosse (Royaume-Uni) et la Croatie (à partir du 1er janvier 2013) incluent dans leur législation sur les crimes de haine les attaques violentes fondées sur l’identité de genre. »

La discrimination, ayant été entretenue par les Etats et les institutions - absence de reconnaissance légale, tracas administratifs, marginalisation psychiatrique, vide pénal quant à la ségrégation de genre -, a renforcé  le nombre d’homicides ces quatre dernières années (1083 répertoriés officiellement dans le monde).

Sans compter évidemment les condamnés à mort (lapidation, pendaison et autres sévices : (notamment au Koweït) sous les régimes théocratiques et intégristes qui ne cessent de proliférer.

Douze ans que le « T-DOR (T-DOR: Trans’ Day Of Remembrance), le jour du souvenir-Trans’ » se commémore dans le monde entier, le 20 novembre.

Des morts scandaleusement inutiles !

Soirée chaleureuse et poignante à la lueur des bougies où les voix mâles sourdent de féminités assumées, où la connivence s’exhale de toutes formes d’identités mixtes ou mitigées. Sous la froidure, au pied de l’Opéra-Bastille (Paris), les sympathisants murmurent à mi-voix. Emotion autour de la flamme vacillante des disparus, victimes de la sauvagerie de crimes odieux, sacrifiées dans le pire des dénuements. Il n’y aura pas même mille lanternes. Trans’ ? Tout le monde s’en fout ! Sauf pour les mettre au pilori des souffre-douleurs.

Ternaire

A l’ordre du positif, la Nouvelle-Zélande réduit les formalités pour les transidentitaires par une simple déclaration, et la mention « x » pour le sexe. Il semblerait que la simplification soit une solution qui favorise l’évolution des mentalités.

Actuellement, en Occident, l’ancrage identitaire « repose non sur la biologie mais sur la transmission d’identité ». Malgré les idées préconçues et tenaces, la planète connaît, depuis l’Antiquité, les sociétés « ternaires », qu’il s’agisse  pour le troisième sexe, d’identités androgynes, inter-sexuées ou transsexuées.

Sexe ou pas, c’est mon genre…
Aucune latitude ne semble en être exempte, même si elle en exprime le contraire. « Ainsi, des identités sexuelles intermédiaires sont apparues dans de nombreuses cultures depuis la nuit des temps : Mahu à Hawaii, Acaults au Myanmar, Faikakekines aux îles Tonga, Shemale chez les anglophones, New half au Japon, Hijras en Inde, Muché chez les Zapotec du Tehuantepec, Juchitan au Mexique, Mahu et Raerae en Polynésie, Fa'afafine aux Samoa, Woobie en Côte d'Ivoire, Femminielli en Italie, etc.
« Il existe également à Oman des hommes très parfumés et maquillés nommés Xaniths qui ont le droit de partager la vie sociale des femmes, à l'instar des Hijras en Inde qui ont subi une émasculation complète, s'habillent et vivent en femmes, et font partie essentielle de la société indienne traditionnelle.»
La première femme à changer officiellement d’identité a vécu de 1838 à 1868. Elle se nommait Herculine Barbin devenu Abel par décision juridique. La France du 19ème siècle était-elle plus lucide ?

Transidentité

L’Association Nationale Transgenre précise bien que l’identité est de genre et non de sexe. Elle revendique l’égalité dans une diversité de genres qui n’en compte pas moins de huit, en toute logique : bi, hétéro, homo, inter, trans (transsexuel et transgenre), travesti ou de genre fluide.

Trans’ J’existe !

Mais les premiers combats datent du siècle dernier. Question de soutien et de survie avant que de se faire reconnaître selon sa spécificité. Car le regard familial et social est marginalisant et l’institution psychiatrique tout aussi castratrice.

Etre reconnu en toute intégrité, en possession de toutes ses facultés, ne date en France que de mai 2009 : enfin, la transidentité disparaît des maladies mentales !

Mais les tracasseries administratives touchent les couples mariés dont l’un des partenaires changerait d’identité au point de vouloir les obliger à divorcer ! Tel fut le scandale de ces dernières années et la dégradation individuelle qu’ont voulu imposer les tribunaux français !

Le dilemme est le même que pour Giordano Bruno et Copernic face à une Eglise intransigeante, avant la séparation du religieux et du laïc : affirmer que la terre tourne autour du soleil et être condamné au bûcher (comme Giordano) ou se rétracter. Le même traitement pour les homosexuels anglais, surnommés «faggots».

Ma tasse de T

En fait, Monsieur tout le monde s’autorise des sentences de tribunal datant de l’Inquisition. Les mouvements fascistes ou extrémistes de droite ouvrent la chasse. Locaux associatifs, manifestants, individus se comptent au nombre des victimes de lynchage ou de meurtre. Jusqu’aux représentants des religions de tous bords qui jouent à fond l’intégrisme !

Quand l’intégrisme harcèle ses opposants.

A se demander si nos problèmes de sociétés en crise, finissantes, décadentes, sans issue, ayant troqué l’humain pour les valeurs de l’argent, ne se chercheraient des boucs émissaires, comme un certain Adolf ! L’extermination est donc au goût du jour de nos collectivités complices de barbaries.

Face à l’hétéropatriarcat, les couleurs de l’arc-en-ciel transgenre flottent au fronton de la tolérance. Les minorités transidentitaires se regroupent sous des appellations qu’il serait bon de décoder. «LGBT est le sigle de « lesbian, gay, bisexual and transgendered people » et adapté en français en « lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres ». Il est parfois complété par la lettre I pour intersexués, et/ou, encore plus rarement, par la lettre Q pour queer ou en questionnement.»


Une Lumière, pour ne pas se noyer…

Et pour croire encore en l’espoir,  un moment de poésie au cœur de ce mutisme fragile qui fait la différence. Avec les images d’Estelle Beauvais : La lumière n’est ni juste, ni injuste.

 

 

Un article de Monak

 


Lexique complémentaire pour autres acronymes ou sigles transidentitaires :
-          « Q » pour « Queer », « A » pour « Asexuel » ou « Anthrosexuel », « I » pour « Intersexué », « P » pour « Pansexuel » ou « Polyamoureux ». Pour éviter ce sigle à géométrie variable, les termes « allosexuel » et « altersexuel » sont parfois utilisés. Dans le "Guide des activistes sur les Principes de Jogjakarta" pour les activistes et les défenseurs des droits de l'homme le terme "LGBTI" est toujours utilisé
-          ACCEPTESS-T : Actions Concrètes Conciliant Education Prévention Travail Equité Santé et Sport pour les Transgenres (Paris)
-          Court-métrage : La lumière n’est ni juste, ni injuste (Das licht ist weder richtig noch unrichtig). Film réalisé dans le cadre du projet sur LA FRAGILITÉ d'Estelle Beauvais. Réalisation, Estelle Beauvais ; Texte et Voix, Jayrôme C. Robinet ; Musique, Jef Guillon ; camera et montage, Estelle Beauvais ; Aeronef Production - 2012

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