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Le nouveau roman de de Monak à lire absolument

mercredi 26 février 2025

22èFIFO -FIER.E.S au CORPS

UN     HYMNE    AUX    CORPS

 

          «Je suis fier.e ! nous sommes fier.e.s !» résonne en ovations d’allégresse, comme autant de voix émergeant du Pacifique en coda du film FIER.E.S. Documentaire, incontestablement, où Raynald Mérienne déchire d’un coup le voile du silence identitaire, perpétré depuis plus de 200 ans, à l’encontre du genre non inscrit dans la Bible... Film, à n’en pas douter, dans la mesure où l’œuvre de composition résulte d’une véritable mise en scène visuelle où se projette le spectateur à l’unisson ou a contrario... Image goûteuse à souhait, en toute candeur de naturel, de sentiments... Scénario co-écrit entre caméra muette & chair vive des affligé.es... Voix que clôt le poème de Maheamai, en faveur des Amazones du Pacifique...

      ALLELUJAH à la Léonard Cohen tant s’exprime cet hymne au corps réhabilité. «Je suis fier.e !» ponctue un documentaire qui nous lamine les tripes ! Plus éprouvant que la réalisation de Raynald Mérienne, tu meurs !  Car la discrimination ne réside pas seulement dans les faits du quotidien, elle entretient ses hordes de détracteurs "musclés" et ses huées de diffamations embouchées par tous types de prêcheurs  &  de tribuns en mal d’électorat.

 

          À peine passé en prévisualisation en octobre 2024 sur la chaîne TV officielle que le documentaire de Raynald FIER.E.S devient emblématique du fenua, faisant réagir la jeune génération à tout rassemblement de loisirs ou de prévention, & raflant 2 Prix au 22èFIFO de février 2025 : 2ème Prix spécial du Jury + Prix du Public. Pourquoi un tel engouement dans un pays réputé de tradition culturelle inclusive sur le sujet de la diversité des genres, du fait de l’ancestral māhū ?

        Abjection, déshonneur, honte, ignominie, autant de maux dont sont affublés les minorités de genre et d’identité sexuelle, jusqu’à la lie. Un travers sociétal –totalement illégal–, entretenu par des obsessionnels de la violence et de «la pensée unique pour tous».

     Dans le même temps, le mini festival des Jeunes au FIFO décerne le 3ème Prix pour TRANSparence à la classe de BTS Communication du lycée TE TARA O MAIO  de Pirae. Le mini-film de 3mn s’achève par le suicide d’une raerae harcelée... ! Ce genre de voie de fait entériné sans appel ! Clair, net & sans bavure !

à LA 1ère du FIFO

          Suite à la désintégration de la société ancestrale et du remplacement de ses valeurs par des dogmes chrétiens et des concepts de supériorité coloniale, la notion de 3ème genre ou d’inversion mythique des genres et surtout de leur homologation & de leur «acceptation» dans la vie courante, s’affaiblit MAIS (!) en laissant des traces ! ! !  La société polynésienne se trouve désemparée. Elle éprouve un bouleversement total, au point de se renier  & de rejeter toute forme ancienne d’acquiescement, analyse l’anthropologue conviée à l’écran : Vahi Tuheiava Richaud. D’où l’opprobre infligée à toute catégorie humaine qui ne soit pas référencée par la Bible et ses gloses restrictives & contrites. L’humain, la personne –qui peut être son essence ou son masque– se trouve dès lors défiguré, conspué, flétri, voire fustigé, blackboulé, molesté, martyrisé sous le narthex : réduite à une catégorie bannie.

       Évitant toute polémique entretenue dur comme fer par certains illuminés & autres gourous, le réalisateur vient puiser auprès des postulants qui acceptent de se confier à une caméra. Ce qui n’est pas si simple aux dires des intéressés, mais garantit l’objectivité requise du documentaire.

 

Conscience de soi  

           Ni préambule, ni théorisation, ni commentaire. Le propos est livré tel quel ! FIER.E.S n’est ni une doctrine, ni un système, ni de la propagande. Avec naturel, sans artifice, les porte-parole se lancent sans ambages dans leur propre histoire, après une mise en bouche de présentation succincte.  Cherchez le réalisateur... il s’absente totalement, privilégiant ainsi la communication directe avec le spectateur. Et les locuteurs en tremblent d’autant plus qu’ils savent s’adresser à leurs frères insulaires. Et qu’ils peuvent le faire pour la 1ère fois !

          Face à la caméra qui sont iels ? De différents genres... pour ne pas user d’un lexique situé sous la ceinture (des Cartes d’Identité). L’«orientation sexuelle» est malheureusement accusée & gravement entachée de déviation, de pornographie, de concupiscence ou de péché de chair ! ! !

      Iels se trouvent donc absurdement plus ou moins ségrégués. C’est-à-dire qu’iels se trouvent stigmatisés en dehors de tout fondement rationnel. Effectivement : «Pourquoi rechercher une cause à quelque chose qui n'est ni un problème, ni une maladie et ni une perversion ?».

       Cousins Cousines de Tahiti n’intervient que pour assurer un appui en cas de discrimination, de harcèlement, de maltraitance, d’homo ou de transphobie... mais... existe !

      Parmi la centaine de pressentis, le réalisateur s’est concentré sur 5 intervenants majeurs représentatifs de la diversité genrée polynésienne. Du māhū, efféminé (Loïc),  à l’homosexuel, aux multiples transgenres raerae (MTF) –Reretini, Maheamai, Lalita–, du lesbianisme au transgenre (FTM) féminin–Tehau & sa compagne–. Les catégories réelles ou choisies restent volontairement fluides, car tel est le cas... Surtout que ce documentaire relève des sciences humaines et ne se circonscrit pas à une étude de rats de laboratoire. Rappelons que : «scientifiquement une femme correspond à un taux d’œstrogènes ; et point-barre» !  

           N’entrons pas dans les polémiques : il n’en est soulevée aucune !

           Le DOC de Raynald Mérienne est humain à 100%...

       Êtres à part entière, iels se déclarent tel.le.s qu’iels sont : pas comme des objets rangés dans des cases. En toute lucidité, avec leurs idéaux, leur parcours spirituel, leur envie de vivre, leur inaccompli. Pionniers d’un monde qu’ils édifient sans véritable modèle & qu’ils nous invitent à partager.

       Manuarii  ne manque pas de relever le débat social : elle nous plante le décor des dénigrements et pose les questions qui fâchent. Qui est à «soigner» ou «corriger» dans notre société : les harceleurs, les agresseurs ou les victimes que la bêtise désigne ?

       Les repères sont plantés : se conformer à la norme ou disparaître...


Confiance en soi  ! 

         Pourquoi culpabiliserait-on d’être soi ? La question reste entière & posée en filigrane.   C’est que dès l’âge tendre, les enfants du berceau polynésien sont conditionnés à subir & qu’à l’âge adulte ils n’osent pas davantage inverser les forces, même s’ils sont dans leur bon droit !

       Le sujet est brûlant et met en cause l’intolérance d’une société qui s’en prend aux minorités de genre : soit dans le huis-clos des familles, soit dans l’espace public où les préséances font office de loi... & de savoir-vivre ! ! !

        Humains de plein droit, il serait temps que Gabriel ne se fasse plus cracher dessus !

       Quant à celui que tu chéris en toi –avec ta nouvelle mise au monde–, il fait partie des surprises de la transition ; tout comme pendant l’adolescence.

        Abel Haouata reste cependant intransigeante : réalisant CELLE que tu deviens...

        Elle ne refait pas la création : ELLE est ELLE !

      Un film qui ne nous laisse pas une minute de répit –intérieurement, il nous fait bouillonner– : car tout le possible rencontre des obstacles superflus. T’es queer, tu te ramasses les inconvénients.

On se détend  au village FIFO

      Quant à l’équilibre du documentaire, il alterne apaisement & tensions. Atteint son paroxysme à coups de rebondissements dramatiques & poignants qui nous arrachent des larmes. Tout en sachant nous ménager des plages de récupération : soit par des incursions dans le quotidien normalisé du loisir en famille, soit par un intermède typiquement artisanal, symboliquement ancré dans la tradition culturelle. Soit par un moment de détente, de plaisanterie, de sourire...

      Respirations puisées à la source locale : l’espace ouvert sur l’horizon, à sa fluidité, à la mentalité baignée de convivialité comme une seconde nature... Le végétal apaise... Il rassure!

        Reretini «n’est pas une erreur de la Nature !»


Confiance en LUI  !

      Lui ? C’est Raynald Mérienne : compréhensif, conciliant, généreux, prévenant, cordial surtout !  Artiste & hypersensible, tout en sachant vers où mener sa barque, il a su déclencher la parole de ses interlocuteurs, quel que soit le back ground de chacun. Quelle que soit sa diversité !

         Toutes les personnalités qui ont contribué à ce film lui sont reconnaissantes de les avoir mis.es à l’aise pour se livrer & de ne pas avoir déformé leurs propos. J’ajouterai d’avoir su axer le rendu visuel sur l’essentiel de chacun.e.

    «Choral» ou galerie de portraits «aux destins entrecroisés», le documentaire flirte avec le systématisme de l’émergence sur fond noir, sans jamais s’y enliser. Le parti pris de ne jamais importuner le témoin de sa présence, est tenu magistralement par Raynald, qui laisse libre champ à ses personnages, grâce à une qualité de l’image qui sait se renouveler avec chacun.

       La baguette du maestro Raynald, donne le ton et implique chaque personne avec la mélodie d’un instrument particulier, à chaque fois reconnaissable. Chaque moment est doté d’une partition différente : et amorce un nouveau rendez-vous avec le partenaire que nous avons quitté un peu plus tôt. Le rythme Raynaldien est fascinant ! tout en conférant son unité au film.

PRIX du PUBLIC au 22èFIFO

        Un film, à l’esthétique soignée & délicate... qui se coule & n’agresse pas. L’image est d’une chair incontestable :  chair, d’abord, sinon sensuelle ; parfois frivole & légère, encadrant des séquences d’une cruauté acerbe, dégageant une émotion débordante, difficilement supportable.

       «Au feeling artistique incroyable & rassurant», commente Maihamai. Achevant le film comme une guerrière de l’ombre, suintant de la grisaille des jours : le mythe de l’AMAZONE renouvelé... avec sa touche de poésie... elle passe le flambeau.

       «Et pourtant ce n’est pas si facile de se dire, parfois en cachant le plus dur ! car nous ne sommes pas là pour nous plaindre ! La parole qu’il nous a donnée nous a rendu.es plus fort.es ! Nous avons osé nous dire !», résume Reretini qui a ENFIN su se débarrasser de tous les pollueurs et inquisiteurs avec son «Qu’ils aillent se faire foutre !» 

        Et ne nous laissons pas berner : sa jovialité ne nie pas sa souffrance, elle la minimise. Dans une île isolée, comptant moins de 200 habitants... Croyez-vous qu’elle soit passée au travers  des chantages & des pressions de ses pairs ou des plus âgés ???


L’objet artistique 

           Inutile d’épiloguer sur les ruptures, ouvertures fleuries donnant sur un moment d’apaisement : la transition de Tehau et l’acceptance de sa compagne ! Une véritable leçon de savoir-vivre ! L’Arche florale de Sailali pour nous rappeler celle de Noé qui conclut la fin des hostilités divines... ou associées. Lalita-HINANO, son pareu rouge et blanc, d’emblème nationale limité à la buveuse de bière, le mythe de la vahiné soi-disant heureuse sur ces îles édéniques aux relents de châtiments & de géhenne promise, comme le pile du face-paradis.

         Le cœur du film, centré sur les violences insoupçonnables subies par Sailali & Lalita, mineures, pour leur choix identitaire. C’est courant, incalculable, toujours actuel : tout le monde le sait. Mais personne ne condamne : l’omerta totale ! Le père pasteur martyrise son gamin, le mutile avec une pince coupante, le «rosse» à coups de bois à clous, le harponne... SAILALI est recueillie par une vieille voisine Et tout du long de son calvaire, l’enfant n’a pas même reçu la solidarité des enseignants de l’école de Bora Bora...  Un traitement démentiel au vu & au su de tous et de tout un village insulaire complice ! ! !

           Que les filles aient osé en parler & le dénoncer : c’est une GRANDE PREMIÈRE ! ! !

Raynald Mérienne au poste ! 

        Lalita, enfant de la misère, vendue à une mère adoptive, abusée par les mâles de la famille, subira un viol collectif en internat à Rangiroa, jetée à la rue à 15 ans, survit en se prostituant & malgré une formation, ne sera jamais embauchée jusqu’à présent... Ce qui t’use, c’est la solitude... Personne pour te défendre, te protéger !

        S’abstenir d’afficher de tels sévices ? impossible ! Puisqu’ils continuent à se produire en famille, en établissement scolaire, dans les quartiers, dans les clubs sportifs... et personne ne réagit...

       L’initiative de Raynald Mérienne valait le coup d’être tentée... Dans les lycées, l’impact est sensible depuis la 1ère diffusion télévisée d’octobre 2024. Les adolescents compatissent d’abord... même s’ils n’éprouvent pas d’empathie particulière. Seraient-ils les seuls ? face à des adultes implacables ? Les victimes d’abus sexuels en parlent ! ! !

" Fragilité, ton nom est FEMME" (Shakespeare)

     Alors la partition de Lalita, lancée sur Tik Tok, sous-titrée indifféremment «je ne suis pas votre ennemie» ou «Lalita a vécu l’enfer», est devenue virale. Au soir de sa 1ère diffusion durant le FIFO elle a fait le buzz... des millions de like... Pourquoi ? Du voyeurisme ou un désir de justice ???  Et l’obtention du PRIX DU PUBLIC, un hasard ???

      Plus qu’un concours de circonstances, un métier. Raynald Mérienne a tout mis en œuvre pour mettre en valeur  ses "actants" –ceux qui actent, qui font–, face à la caméra.

      Pour Lalita c’était éprouvant ! Il n’était pas question de jouer les starlettes ! Elle n’avait rien de gai à raconter : que des perversions endurées, que des brutalités ! Mais un challenge aussi : faire comprendre, demander des comptes. Parler aux anonymes qui l’ont violée, les yeux dans les yeux ! La vérité sans masque : prostituée signifie tout de même qu’elle procure du plaisir aux humains qui en manquent ! Ce ne sont pas des clients pour elle, mais des humains en manque d’amour. Alors ? D’humain à humain : ainsi se lit le Doc.

    Pour Raynald Mérienne aussi ce n’est pas un sujet qu’il défend, mais ce sont des personnes ! Il craignait le "retour" du public  : des moqueries possibles. En fait, les spectateurs, quel que soit leur âge n’ont pas pris de distance négative dans le cadre des projections publiques du FIFO. Ailleurs, dans les familles, il a peut-être été interdit de récepteur à l’heure du repas ! ! ! Qui sait !

    La Parole utilisée, portée, ainsi que chacun.e le ressentait, sans filtre, sans canevas : un grand moment où le regard se fixe dans une atroce douleur.

INOUBLIABLE ! CE REGARD !!!

«Je m’aime, je m’aime, je m’AIME  !»

     Quelle qu’ait été la couleur de la diversité sur l’échelle du drapeau arc-en-ciel des genres ou des orientations, de la lesbienne au transgenre, Raynald les soigne tout autant : le cadre, les proches... la parole ! ! ! la personnalité... Chacun.e dans son écrin !

     Comme dirait l’autre, ce ne sont ni des anonymes, ni des catégories, mais des entités humaines à part entière... Alors ! ne nous permettons pas d’en rogner ne serait-ce qu’un iota : le changement d’identité n’a pas besoin de mutilation...

     Sans les enfermer dans des catégories : les contestataires, les battantes... Sailali, Reretini...  Manuarii, Lalita...  Pour elles, pour les plus jeunes...

     Elle s’est apaisée, Lalita : après les applaudissements, les témoignages de soutien du public qui lui aussi pleurait ! ! ! C’est qu’elle revient de loin : «De l’enfer», comme ils commentaient sur Facebook. Et qu’elle pleure à chaque projection !!!! Ce n’est pas rien, c’est sa vie  ! S’en remettra-t-elle ? Raynald  parle avec beaucoup d’estime de ses collaborateur.trices à l’écran : il évoque leur «fragilité». Le Doc aborde leur fragilité.

De Loïc à Lalita, le drame affleure ! ! !

      Une vérité, une image au plus fort de l’action, sans bavure au plus près du drame, dans la vérité de la douleur, de l’action...

Lalita qui l’exorcise par la danse

       Des expressions de soi, de visage ! Clap ! On arrête de jouer les sucrées pour la série télé ! On est soi ! avec la franchise d’avouer «je suis méchante!» Avec des projets qui vous détruisent encore plus ! Un corps qui se donne car au-delà des mots ce sont les sentiments qui priment...

                              «j’ai décidé de me venger !»   un regard qui tient tête, un regard qui tue...   

Avec VAHI 

        Un véritable manifeste, une nouvelle conjugaison à décliner ! « Je M’aime ! Je M’aime ! Je M’Aime !» L’avenir se dessinerait-il de façon plus favorable ? Effacerait-il les coups, les violences, les sévices, cette négation du Queer...  

 

Un article de  MonaK

 

Tous droits réservés à Monak. Demandez l’autorisation de l’auteur avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.



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https://la1ere.francetvinfo.fr/polynesie/temoignage-lalita-trans-et-prostituee-depuis-l-adolescence-je-suis-detruite-1559377.html   

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samedi 22 février 2025

CESEC & FIER.E.S : La Fusion


UN  CLIVAGE   QUI  NOUS   CONCERNE 

 

         Il est des occasions uniques qui font vibrer l’air & l’assainissent. Le CESEC  TAHITI (Conseil économique, social, environnemental et culturel de la Polynésie française) reçoit en séance publique FIER.E.S de Raynald Mérienne, doublement primé au 22èFIFO (Festival international du film documentaire océanien). Vu le raz-de-marée populaire et le buzz internet occasionné par le documentaire, la présidente –Voltina Roomataaroa Dauphin– a pris l’événement par les cornes pour en débattre publiquement au sein de la 4ème institution gouvernementale de Polynésie française...

 

          C’est qu’en effet, toute question issue de la société civile a voie au chapitre : et ce reniement d’une partie de ses enfants –symboliques ou biologiques–, soit "personne sociale", soit progéniture familiale pose une question de droit, d’éthique, de culture, d’humanisme et de simple bon sens. C’est qu’en effet, le gouvernement actuel de Polynésie française prête une oreille attentive aux questions d’intégration & d’inclusion. En Polynésie, PERSONNE n’est censé être cloué au pilori, ni subir la vindicte populaire...

         Staff artistique succinct du film, –Cartouche & Lalita*–, autorité culturelle ethnologique –Vahi Tuheiava Richaud– (Présidente de la Société des Études Océaniques),  Annie TUHEIAVA de SOS SUICIDE et Karel Luciani (Président de  COUSINS COUSINES de Tahiti), sous le feu-vert de Voltina, animeront le débat, en reo tahiti & en français, avec le public. D’autres s’abstiendront ostensiblement d’y prendre une part active...  

       C’est que, précise la "production", le film continuera sa rencontre avec le public, grâce à son contrat "Hors-lesMurs" avec le FIFO... (S’adresser à l‘ AFIFO pour toute diffusion gracieuse publique à but informatif, didactique, etc...)


Les ÉCORCHÉS du fenua  

       L’audience est ouverte pour que chacun fasse entendre sa voix. Elle est culturelle avec  celle de Maximilien qui souligne : «nous avons 3 genres depuis la nuit des temps, masculin, féminin, māhū.» Toute conception étrangère aurait été priée de s’abstenir si elle avait écouté la voix du fenua au moment du «contact», il y a 2 siècles... Les 3 dénominations & identités distinctes étaient conceptualisées dans la société traditionnelle d’avant le "contact". Et personne ne rejetait personne, ni ne le tourmentait, affirme l’anthropologue Vahi Tuheiava Richaud.

      Depuis & actuellement, les représailles prennent l’allure de persécutions... orchestrées par les familles, les quartiers et leurs mentors spirituels ou autres...

      Annie TUHEIAVA, présidente de SOS SUICIDE, se déclare, à l’instar de l’ensemble de la population polynésienne «être dotée d’ADN aux multiples orientations ou genres» ! ! ! Certaines transgenres polynésiennes n’ont jamais consommé d’hormones et correspondent totalement à la silhouette féminine de référence (force m’a été de le constater à Tahiti ! ! ! je me soumets !!!)

 

          Impossible donc, de nier les évidences ! ! ! Les témoignages cinématographiques de FIER.E.S le confirment. Ce n’est pas un hasard si Reretini* sur son île isolée de Makatea –, se découvre femme durant son enfance, et seul.e dans son cas, emprunte des vêtements féminins et ne joue qu’avec des filles ! Ce n’est ni du bourrage de crâne, ni du prosélytisme, seule dans son cas, sur une île isolée. C’est une réalité bien concrète : naturelle & sans influence. D’ailleurs, adulte, elle ne changera rien à son apparence physique. C’est elle qui conforme son choix à ses tendances naturelles.

         Vous avez besoin d’autres preuves ?

 

Les CRUCIFIÉS du fenua 

        Une enseignante au RSMA déplore que les jeunes issus de milieux défavorisés & acculturés manifestent autant de violence à partir du moment où «il s’agit d’acceptation de l’Autre» ??? Qui a forgé leur conscience avec autant de férocité ? Des parents ignorants ? démunis ? outranciers ?

      La réponse vient des supplices quotidiens de Sailali* à Bora Bora ! ! ! Comment se peut-il qu’un parent revêtu des marques de son sacerdoce, se permette de mutiler, torturer, martyriser sa propre progéniture –de l’enfance à l’adolescence– ? Passant du crucifié (bois & clous) au supplice de Saint Sébastien ! ! !  De quoi cauchemarder ! Les enseignants de l’époque –pas si lointaine–, cautionnant le calvaire de l’enfant à la double peine ! ! !



       Ce ne sont pas vues de l’esprit que ces agressions qui touchent aussi la transition des transgenres masculins : Gabriel*, Tehau* ne sont pas à l’abri des refus, des acceptations mitigées, des dénigrements de l’extérieur. Pour chacun, à l’intérieur même du système, c’est le respect de l’Autre qui est en jeu.

      La rééducation des adultes s’avère, suite à ces exactions, un enjeu majeur ! Le "combat" se révèle ardu & complexe, conclut le film, par la voix & la déclaration de Maheamai*.

     L’éducation tout court du fenua, intervient Cartouche nécessite d'être revue & corrigée : proposant que la sélection du programme scolaire soit diversifiée & inclusive des œuvres spécifiquement LGBT... Quant à l’éducation sexuelle, elle se doit d’être confiée à des individualités issues de la communauté... Car «nous ne sommes pas des spécimens de zoo, dénués de langage et de réflexion», terminé le temps des cobayes & des proscrits où les usurpateurs & gourous décident pour tous, entend-on à quelque virgule près... 


Ras-le-bol des paroxysmes  !

      "Femme à part entière" comme l’affirme Abel Ahuata* –Miss UPF 2022– ou "3ème Genre", par conviction, le choix identitaire varie d’une personnalité à l’autre. C’est que "transgenre" ne correspond pas à «bête de foire» qu’on montre, compris à l’écran.  

    Raynald Mérienne estime suffisamment ses témoins pour, –durant tout le film–, leur accorder l’exclusivité de la parole. D’autres la leur subtilisent encore en confondant sujet & objet du film.

    Cette parole, profondément douloureuse, déchirante, n’a sortie Lalita* de son angoisse et de sa dépression qu’avec la reconnaissante de son intégrité par le public. Ce n’est que maintenant, soit environ 1 an après le tournage qu’elle se sent –enfin !–, un peu libérée & fière ! Mais le combat pour les jeunes générations, "les enfants de la rue", elle ne l'a jamais abandonné ; il se poursuit au quotidien ; car la violence & l'abjection ne sont pas mortes... Lalita endosse son rôle d'emblème... & poursuit sa tâche là où Elle passe... 

Voltina Roomataaroa Dauphin

    Raynald Mérienne aurait réussi la 1ère étape d’une thérapie de choc, indispensable aux multitraumatisés dont Lalita fait partie ? S’auréolerait-elle d’une douceur inusitée,  aurait-elle pris un bain de jouvence, se serait-elle métamorphosée d’un sourire, ainsi que le lance à la cantonnade Corinne Pouplard, au sortir de cette matinée bien compacte.

        Au traumatisme par personne, par année de vie pour chacune, que reste-t-il de cet être humain, abusé sexuellement, violé collectivement à l’internat du collège, & autres abus de pouvoir... Lalita cumule ! ! !  Aucun soin n'est prodigué en priorité à ces victimes... Leur mental ? personne ne s'en occupe... Quel parcours est le leur avec de tels chocs traumatisants ??? 

     C’est que, lance Claude, «Qui va prêcher pour nous ? Qui va défendre notre cause dans les églises ?»


L’HUMAIN avant tout

       Est-ce à nous, citoyens lambda, de nous morfondre en chagrins, deuils, & à nous culpabiliser de compatir, autour de nous, à la souffrance de tant de victimes humaines, sous couvert d’identités de genres, que nous sommes tenus de citer nommément, car le sexisme, la discrimination genrée, la maltraitance, les agressions, la violence, le mégenrage sont passibles de condamnation devant la loi...

     Karel Luciani de COUSINS-COUSINES est sans cesse sollicité de réagir pour protéger des enfants de 13 ans jetés dans la rue par leur parents ! ! ! Quant aux plus jeunes, victimes de viols & d’incestes durant la petite enfance & la scolarité élémentaire, quelles réparations psychiques ou physiologiques ont été mises en place dans le pays ??? Avec le risque du dérapage...

    Peut-on admettre en plein 21ème siècle de telles atrocités ? Peut-on encore protéger leurs bourreaux, sous prétexte qu’ils sont influents et assument un rôle officiel dans la société ???  Prêtre, pasteur, proche élu, «police municipale embarquant les prostituées pour en profiter gratuitement dans le district désert  ???? (Cf. Sailali, Lalita, etc...)

         Combien d'enfants vont encore être "sacrifiés" à l'autel de la soi-disant morale ? où la "charité" des adultes bien-pensants commence par se servir sur le corps des mineurs ??? 


    Peut-on accepter le discours & les pratiques de parents sectaires, intransigeants & musclés qui châtient sexuellement leurs enfants en les abusant, parce qu’ils ont des tendances du genre opposé ! ? !

 

    Au programme de FIER.E.S, une traduction en tahitien... est recommandée. Une notification au pluriel, serait bienvenue en sous-titre à l'affiche du documentaire : «Les voix du Pacifique»...

 

* L'astérisque relève chaque témoin actif capturé par les caméras de FIER.E.S

Un article de  MonaK

 

    Tous droits réservés à Monak. Demandez l’autorisation de l’auteur avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.

 

jeudi 20 février 2025

22èFIFO-BRANDO la valse des vérités

BRANDO  :   la   valse   des   vérités

         Waltzing with Brando (2024), une tranche de vie inspirée   du monstre sacré anti-hollywoodien s’est invitée en avant-première, la veille de l’ouverture du 22èmeFIFO à Tahiti. Moment crucial ancré entre 1969 & 1974, en pleine période de succès, le récent long-métrage du réalisateur américain Bill Fishman, est tourné dans les îles polynésiennes, refuge paradisiaque de la vedette de l’écran.

       Avec un acteur-sosie Billy Zane, dans le rôle de Marlon Brando, son double intégral hors-écran aussi –à s’y méprendre–, l’accent est mis sur l’aspect écolo de Brando. Adapté du mémoire «Waltzing with Brando : Planning a Paradise in Tahiti» de l’architecte Bernard Judge, le scénario  est traité de façon plutôt légère... 


          S’y décèle une facture grand-guignol, plutôt farcesque, nous faisant oublier le drame permanent de la réalité de Marlon Brando. Mais surtout, nous induisant  dans le mythe du paradis artificiel de l’île déserte en plein 20ème siècle, le film prend l’allure d’un canular voire d’imposture.  

          Une volonté du réalisateur d’opter pour la face cachée de Brando, du fait de ses provocations de haut-vol ??? Cependant, la réalisation co-assurée par Film’in –Tahiti– s’est avérée positive et mutuellement inductive par les équipes émergées de part & d’autre du Pacifique.


Rêve ou délire environnemental  ?

       Si le projet co-conçu par le duo acteur-architecte se concrétise sur cette île de Tetiaroa –réserve avicole & préservée–, c’est que Brando en détient le bail emphytéotique & les infrastructures hôtelières réduites à leur strict minimum. La moindre empreinte carbone, le respect du site et des matériaux naturels en credo.  Les bungalows tenus au moindre impact polluant, en confiteor...

       À l’écran, l’image nous renvoie plutôt à un déploiement d’engins destructeurs qui échoueront dans le lagon, des bâtisses hôtelières en dur  –totalement étrangères à la culture polynésienne–, totalement impensables par les héros de cette parabole ! Une unité  géante & polluante. Telle qu’elle a succombé après le décès de Marlon... au début du 21ème siècle. Le lagon sera excavé d’une passe artificielle, ruinant l’équilibre de l’écosystème.

        Il faut dire qu’une société à but plus que lucratif, gère le lagon depuis. Comment se présentent les éléments comiques qui émaillent tout du long le film ? Qui visent-ils ? Jouent-ils un rôle de retour violent à la réalité ? Montrent-ils que l’aventure est impossible : et se résout à une pure utopie ?  

     Qu’il ne s’agit que d’un délire de milliardaire destiné à une clientèle de luxe : ainsi qu’elle se matérialise depuis une dizaine d’années. La réponse n’est pas donnée directement par le film : elle joue les colles ...


Brando, mythe ou réalité  ?

       Quelle image de Brando le réalisateur livre-t-il ? Marlon Brando reste tout de même une personnalité qui a tenu tête aux instances étatiques contre l’apartheid, l’impérialisme,  ainsi qu’au système mercantile de l’industrie hollywoodienne –en tant que boîte à rêves de midinettes–. Combien de fois s’est-il opposé à ces marques de pouvoir ! En les vexant (pour les récompenses en particulier) ! ! !  

       Le propos du réalisateur ne paraît pas aussi clair : tantôt il appuie le désir du retour à la nature de Marlon, son sens fusionnel avec le mana ; tantôt il renforce sur les moyens nécessaires  aux aspirations d’isolement de Brando ! Une piste d’atterrissage aux normes internationales pour une superficie de 6km2 ?

 

X

       Il en résulte un lagon dévasté, intoxiqué par les hydrocarbures, le carbone et autres bagatelles qui reconstituent la ville et le Way of life à l’américaine.

    Aucune trace des manifestations écologiques contre l’édification de la nouvelle unité hôtelière de luxe  n’apparaît dans le film !

   À croire que le personnage se dédoublerait et entretiendrait des personnalités différentes ! ! !  totalement contradictoires ! il est vrai qu’il a provoqué des antagonismes et généré des détracteurs !      Qui saura faire la part des choses ???

     À croire que les canulars tiennent mieux la route s’ils sont arrosés copieusement...

     L’avenir de l’atoll le dira...

Un article de  Monak

 

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