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samedi 29 juin 2013

Tetiaroa, l’atoll de Marlon Brando


Encore une île assassinée

Tetiaroa, l’île privée de Marlon Brando, un endroit paradisiaque au destin unique, est-il condamné par les promoteurs et les politiciens véreux ?

            Voici l’histoire hors normes de l’atoll de rêve d’une star hors normes…

Tetiaroa est le seul atoll des Îles-Du-Vent. Par beau temps, on en devine les contours depuis les hauteurs de Tahiti, située une cinquantaine de kilomètres plus au sud. Les 6 km² de terres émergées sont rattachés à la commune de Arue* depuis toujours.

Tetiaroa est un atoll fermé au charme fou
Il s’agit d’un atoll fermé, c'est-à-dire qu’il n’y a aucune passe pour pénétrer dans son lagon de 7 km de diamètre, cerné de 13 motu* et d’une profondeur maximale de 30 mètres.

Cet atoll, d’une rare beauté et remarquablement conservé jusqu’à ces derniers mois, est sans doute condamné.

Histoire d’une île pas comme les autres
Dans la période pré-européenne, l’atoll se nommait Teturoa ou Tetuaroa. Sa grande beauté et sa proximité avec Tahiti en firent, très tôt, la résidence d’été des Arii* et des Pomare, famille royale de Arue. C’est la reine Pomare IV qui l’abandonne à la fin de son règne, vers 1870.

Aimata, la reine Pomare IV
Le premier Européen à avoir découvert l’atoll est le célébrissime Britannique Capitaine William Bligh, en 1789, alors qu’il recherchait des déserteurs faisant partie des mutinés de son navire, "La Bounty".

En 1904, la famille royale d’Arue offre l’atoll au Dr Johnston Walter Williams. Cet Anglais était… le seul dentiste de Polynésie !

Tetiaroa et Marlon Brando
L’histoire de l’atoll bascule au début des années 1960 avec le tournage, à Tetiaroa, du film "Les mutinés de la Bounty". Marlon Brando, star du film, tombe amoureux de l’endroit… et de Tarita, la jeune Polynésienne qui lui donne la réplique dans le film et qui deviendra son épouse.

Marlon et Tarita Brando : couple mythique du cinéma
En 1965, il négocie un bail emphytéotique et devient donc « propriétaire » de Tetiaroa pour 99 ans.

Il y fait tracer une petite piste d’aviation sur le motu Onetahi, puis un hôtel dont la gestion sera confiée à la belle Tarita. Plus tard, ce sera leur fils qui prendra la succession.

L’affiche originale d’un film mythique
Les choses se gâtent à la mort de la star (1er juillet 2004). Entre les créanciers de l’acteur quasiment ruiné, les conflits entre héritiers et les autorités politiques polynésiennes avides de récupérer cette petite merveille, la succession n’est pas simple à régler.

Presque immédiatement, divers projets immobiliers de luxe fleurissent. Les héritiers, comme les associations de protection de l’environnement sont contre. L’aviation civile, sans doute sous la pression de Gaston Flosse alors président du pays, décide de fermer la piste d’aviation, condamnant de facto l’hôtel à la fermeture…

La famille Brando à Tetiaroa : les années bonheur
Débute alors une longue période de conflits autour de cet atoll paradisiaque.

Tetiaroa ou la réalité du mythe polynésien
A quelques milles nautiques à peine de Tahiti, Tetiaroa est restée telle qu’elle était au début des années 60. Aucune pollution ; très peu de bâti puisque l’hôtel et ses dépendances, les seules bâtiments de l’île, sont des constructions très proches de l’habitat traditionnel ; et surtout un lagon parfaitement préservé, tout comme la faune et la flore, qu’elles soient terrestres ou aquatiques.

Face à cette exceptionnelle préservation, les défenseurs de l’environnement en Polynésie militent pour transformer l’atoll en une réserve naturelle protégée.

Tetiaroa : « Une île entre le ciel et l’eau… »
Hélas, le projet se heurte dans un premier temps aux pêcheurs tahitiens qui ont l’habitude d’exploiter ce lagon depuis fort longtemps.

Autre danger beaucoup plus inquiétant : un promoteur et une chaîne hôtelière projettent d’y construire un hôtel de très grand luxe destiné à une clientèle de milliardaires privilégiés triés sur le volet.

La cupidité et la corruption des élus polynésiens étant ce qu’elle est, c’est cette solution qui a été retenue.

Tetiaroa, un atoll condamné ?
Malgré de nombreux mouvements de protestations, les travaux ont commencé. Et avec eux les problèmes et les inquiétudes.

L’aérodrome de Tetiaroa au temps de la famille Brando
La piste d’aviation est rallongée. Des travaux ont attaqué la barrière de corail pour construire un appontement, mettant en grand danger l’équilibre écologique très fragile de ce lagon fermé.

L’accès à l’atoll, pourtant propriété du territoire, est désormais interdit à toute personne étrangère au projet. Les pêcheurs y compris.

Et lorsque l’on considère l’impact écologique d’une telle unité hôtelière, on peut être inquiet pour l’avenir de ce paradis polynésien. D’autant qu’il est impossible de vérifier comment sont fait les travaux et que personne ne sait comment l’établissement sera exploité.

Les travaux n’auraient aucun impact sur l’environnement de l’atoll !...
En effet, afin de pouvoir maîtriser totalement la circulation des informations, le promoteur a lui-même créé un association soi-disant indépendante dont le rôle est de contrôler le déroulement des travaux et leur impact sur l’environnement. Association dont tous les membres sont choisis par le dit promoteur…


Tetiaroa, l’atoll rêvé de Marlon Brando
Une fois encore, les autorités locales auront privilégié des des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt collectif. Car lorsque l’on connait la situation du tourisme en Polynésie depuis le début des années 2000, on est en droit de se demander comment cet hôtel pourra être rentable et surtout : que rapportera-t-il aux Polynésiens…


Lexique :
*Arue : l’un des anciens royaumes de Tahiti et aujourd’hui l’une des communes de l’agglomération de Papeete.
*Arii : grands chefs dans la hiérarchie traditionnelle polynésienne.
*Motu : ilet, terre émergée sur la barrière de corail d’un atoll.


Un article de  Julien Gué

Tous droits réservés à Julien Gué. Demandez l’autorisation de l’auteur avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs


5 commentaires:

  1. Comme je ne me lasse pas de Marlon Brando pas plus que de Tarita...

    me voilà en train de jouer les idolâtre, avec ce petit morceau touchant :
    où il chante et danse
    http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=uyz7gAyCiig

    et puis la chanson du Bounty :
    http://www.youtube.com/watch?v=XRevAfDwcVk

    et quelques bricoles biographiques

    http://www.staragora.com/star/marlon-brando
    http://www.linternaute.com/cinema/marlon-brando/

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  2. Il semblerait que la pelleteuse mécanique que l'on voit sur une photo ait fini dans le lagon lors d'une manoeuvre ratée.
    Afin de ne pas faire parler d'elle (la pelleteuse), elle aurait été déplacée (sous l'eau) car cela coûtait trop cher de la sortir. Petite précision, elle n'a pas été dépolluée et un engin comme celui là contient plusieurs centaines de litres d'huile et de gasoil!!
    Hôtel ECOLOGIQUE??!!

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    1. Ayant connu Marlon Brando à Tetiaroa je peux vous dire qu'il aurait été tout a fait contre un tel projet, malheureusement cupidité et corruption sont passés par la...

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  3. J'y ai passé deux séjours en 1980 et en 1982, ce sont des moments parqués à tout jamais dans mon coeur et même en tant qu'institutrice le séjour était abordable, j'y ai vu mes premières raies mantas, les fous de bassans et autres oiseaux merveilleux et j'ai baigné ma fille de un mois dans l'immense bénitier qui servait de lavabo ... c'était vraiment le paradis, j'y suis allée aussi en catamaran et visité l'Auroch à l'époque avec Teiki qui a tellement oeuvré pour que cet atoll reste paradisiaque et ouvert à ceux qui n'ont pas les moyens de milliardaires
    je suis dépitée et écoeurée de voir ce qui est fait avec avant tout la percée dans le récif
    Hé oui c'est à nouveau le pouvoir de l'argent et de la politique mais si on s'y met tous on defrait au moins empécher le pire ....
    Claire

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