Un symbole
vestimentaire
pour Tahiti et ses
îles
Au même titre
que le bleu des lagons ou la beauté des vahine, le pareo est indissociable du
rêve polynésien...
Tout
comme mana, tabou et quelques autres termes tirés du
polynésien, le mot pareo a fait le tour de la terre. Ce mot magique,
évocateur de Tahiti et de ses vahine, fait aujourd'hui partie du patrimoine
mondial. En
Polynésie française, il est au-delà des modes, des sexes et des classes
sociales. Le pareo est au-delà du temps, tout simplement.
Pareo au marché de Papeete à Tahiti |
Le
pareo, c’est le vêtement dans son expression la plus simple et la plus pure.
Du pagne végétal des ancêtres au pareo
moderne
Les
pagnes des Polynésiens avant l’arrivée des occidentaux étaient fait de tapa,
une fibre végétale tirée de l’écorce de certains arbres ou arbustes, assouplie
par macération et battage et utilisée comme tissu.
Ces
pareo anciens étaient décorés de figures géométriques ou de motifs floraux,
reproduits à main levée ou à l'aide de matrices de bois gravés. Les pigments
naturels utilisés provenant de terres colorées ou d'extraits végétaux.
A
la fin du XIXe siècle, les cotonnades européennes ont d’emblée séduit les
Polynésiens et ont été mises au goût du moment. Il faut préciser que dans le
même temps, en Polynésie, la fabrication du tapa était interdite par les
occidentaux.
Un couple portant le pareo sur ses habits de ville |
Aujourd'hui,
un pareo est un coupon de tissu léger d’environ 1,80 m sur 1,10 m.
Savamment
enroulé autour du corps en fonction des besoins, il est idéal pour tous les
moments de la journée.
Dessins
et couleurs ont rapidement symbolisé l’archipel qui les avait adoptés. Mais
attention : si les chemises à fleurs sont hawaïennes, les pareo sont, eux, bien
tahitiens.
Le pareo et la mondialisation
La
renommée du pareo dépasse très largement les frontières de la Polynésie
française : il est présent dans tout le Pacifique Sud, des îles Fidji à Rapa
Nui (l'île de Pâques).
Mondialisation
oblige, les artisans locaux sont copiés par des fabricants de pays à forte
industrialisation dans le domaine du textile. ce phénomène tend à uniformiser
la production, au grand dam des touristes en croisières qui, voguant des Fidji
à Tahiti, doivent se contenter des mêmes modèles… Une seule variante : le prix
!
Homme en pareo pour le Heiva à Tahiti |
Ainsi,
le même pareo fabriqué généralement à Bali est vendu sur les marchés là-bas
jusqu'à 15 fois moins cher que sur le marché de Papeete à Tahiti, frais de
transports, taxes et niveaux des salaires obligent...
Le pareo, à la mode ou au-delà des modes ?
Ne
vous y trompez pas : si le pareo n'est ni un pantalon, ni une robe, ni une
jupe, ni même un pagne, il est plus que cela. En effet, il remplit toutes ces
fonctions à la fois. Il se plie au désir de celle ou celui qui le porte.
Bien
plus qu'un vêtement, il sert de natte pour la plage, de tenture murale et de
couvre-lit à la maison, de housse pour les sièges de la voiture et de bien
d'autres choses encore...
Les
pécheurs de chevrettes dans l'eau fraiche des ruisseaux le nouent à leur taille
et s'en servent comme épuisette et, les week-ends, les routes sont jalonnés de
pareo étendards noués devant les fare pour indiquer que la bringue ou tout
autre événement se situe bien là.
Porteur de fruits et légumes en pareo à Tahiti |
Jusqu'à
finir ses jours entre les mains des vahine, découpé en carré pour presser la
pulpe de coco et en extraire le lait.
Toutes
les splendeurs du fenua, la terre polynésienne, sont représentées sur ce
merveilleux vêtement : les fleurs aux couleurs éclatantes, les poissons aux
reflets étincelants, les montagnes et lagons des îles polynésiennes. Les motifs
de tatouage s’y étalent ainsi que les cartes des îles et des atolls aux noms
évocateurs de rêves paradisiaques.
Quelle
que soit l'époque, les pareo sont toujours à la mode. De l'une à l'autre, ils
se parent de franges, de broderies, s’enrichissent de sequins tintant à chaque
mouvement...
Porter le pareo : tout un art
Le
pareo est unisexe.
Les
hommes le nouent à la façon d’un short moulant qui leur permet de nager ou de
monter aux cocotiers pour y chercher les précieuses noix.
Coquet ou sexy, le pareo à Tahiti ! |
Les
femmes, elles, l’adaptent à tous les moments de la journée et le gardent même
quand la fraîcheur du soir se fait sentir.
Il
y a de multiples façons de s’en draper et des livres entiers sont consacrés à
cette délicate opération.
Le
pareo se porte serré autour de la taille, drapé et noué autour du cou, en dos
nu, attaché sur une épaule et se terminant comme une robe longue. La
coquetterie et l’ingéniosité sont infinies.
L’art de porter le pareo sous toutes ses formes
Mais
attention : il se noue sans boucle, sans épingle, sans système d’aucune sorte.
Il est serré et ajusté au rythme des mouvements durant la journée et il est mis
à rude épreuve quand vient la nuit et que toute l’énergie est dédiée à la
bringue et à ses tamure endiablés.
En
Polynésie française, il n'est pas une maison, pas une personne qui n'ait dans
sa garde-robe quelques pareo tant il fait partie intégrante du mode de vie.
Artistes et pareo
Les tableaux des peintres, les photographies, les cartes
postales le mettent toujours à l’honneur tant il est présent dans le quotidien
polynésien, évocateur de confort et de bien-être.
Vahine en pareo de Paul Gauguin |
Que
ce soient Pierre Loti en littérature ou Paul Gauguin en peinture, de très
nombreux artistes ont décrit ou peint le pareo, le rendant indissociable du
mythe de la vahine.
Un article de Richard Lévy-Bossi
Lexique :
Chevrette : crevette d'eau douce
Fare : maison
Heiva : fête annuelle célébrée en juillet
Tamure : danse de Tahiti
Tapa : tissus de fibre végétale
Vahine : femme
Pour visiter une des dernières fabriques de
pareo à Tahiti :
Tous droits réservés Richard
Lévy-Bossi et Julien Gué (pour
les photos). Demandez l'autorisation des ayant-droits avant toute
reproduction du texte ou des images sur Internet ou tout autre support.
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