“Fenêtre-sur-courts”
Le Off du FIFO inaugure
avec sa nouvelle section “Fenêtre-sur-courts” et présente 11 courts-métrages
documentaires : de 3 à 19 minutes. Parmi les films sélectionnés de cette
édition, le plus bref interloque les spectateurs du Grand Théâtre.
Le
format, bien entendu moins coûteux, a l’air de convenir en priorité à la
Papouasie-Nouvelle-Guinée (5), dont une co-production avec la Suisse. Viennent
ensuite la Nouvelle-Zélande (2) puis la Polynésie, les USA (Hawaï), la France
et, curieusement, la Slovaquie.
Une
idée force, un microcosme : mais tous ne parviennent pas à nous séduire de
la même façon. L’exercice n’est pas si simple que de mener avec intensité son
sujet. Soit il faut du relief, soit il convient de nous tenir en haleine. Un
panorama éclectique, mais surtout des approches différentes de l’image.
De l’exploit à l’œuvre :
Certains
réalisateurs s’attachent à la gestuelle, à l’exploit, à l’œuvre :
Mike
Satori Vasiko Kele n’y met pas de préambule : un changement de rythme, de
cadre, d’impression pour ces danseurs qui endossent un rôle mythique et
voilà Marquesas Metamorphoses.
Une
obsession, un défi, un sport de l’extrême, le wingsuit à Bora Bora, et Rodolphe
Cassan joue les plongées, les points d’équilibre, les envols en des images
vertigineuses. ‘Ia ora na Otemanu maintient la pression.
Qui deviens-tu ? : “Markesas Metamorphoses” |
Comme
un fleuve tranquille entraînant la communauté, Daniel Von Rüdiger suit ce lent
parcours de la forêt à l’eau : la gestation à l’ancienne d’une pirogue. Le
scénario de Kanu Belong Keram, ponctué par l’effort, s’achève sur l’apaisement
de la réussite.
Pas
le temps de dire ouf avec Our Holosa Story, ou les masques
d’argile
papous d’Asaro. Le rythme est endiablé, à l’instar de ces fantômes surgissant. Dilen
Doiki entre dans la mascarade de ces corps enduits et coiffés de boue.
Au cœur du réel :
La
réalité n’est pas clémente. Est-ce la raison pour laquelle les court-métrages
qui s’y rapportent semblent si abrupts ?
Malina
Fagan et Lynn Pelletier, en alternant les paysages magnifiques d’Hawaï avec les
récifs coralliens en perdition, interpellent les baigneurs dans Reefs at
Risk. Elles mettent en place un guide solaire écologique : le danger
vient de l’oxybenzone contenu dans les produits solaires. Effet percutant
assuré.
Sortir de la misère : “Liklik…” |
Dans
la série protection des rivages menacés, Ruth Ketau montre comment les tribus
des îles Tigak et Tsoi restaurent la mangrove. Mangrove Stories relate
leur utilité stabilisatrice et nourricière, pour la faune littorale comme pour
les humains. Scènes vivantes et espaces naturels semblent se rasséréner
ensemble. En Océanie, on l’oublie un peu partout au profit d’une urbanisation
irréfléchie.
Avec
ses deux réalisations, Lagoon, Laif Bilong Mipela et Liklik Samting
Go Bigpela, Llane Munau aborde les solutions d’urgence communes aux
sociétés en difficulté économique : le micro-crédit, l’auto-entreprise et
les aides à projets. Si les sujets sont intéressants, leur traitement manque de
ressort.
Un portrait, un univers :
En
petites touches, passant du plan large à la main, Rachelle Umaga accompagne
l’étrange quête d’Abe. C’est que le sculpteur, dialogue avec la tige vivante
qu’il noue sur pied, avant de la façonner. Stickman dégage une
atmosphère intimiste
Félix
Vaunois et Félix Antoine, tout en préservant cet aspect de silhouette que donne
l’image en noir et blanc, introduisent à la fois l’univers tourmenté du poète
māori, la
page blanche et son négatif, l’intériorité de Moko et la mise à nu de
l’écriture. Moko, avec ses
déambulations nocturnes est une fresque poignante.
La mise à nu de l’écriture |
Les
co-réalisateurs Pascale et Julien Marckt captent tout en douceur le duo Vaiteani.
Portraits-miroirs, ils entrent en symbiose avec le style musical, les
aspirations des artistes et le cadre polynésien dont la chanteuse est issue et où
son compagnon est intégré. Sur de très belles images et un scénario équilibré
entre personnalité et personnage de scène, Vaiteani, Perfect Harmony dégage de l’émotion…
Comme
pour les autres films ou documentaires que nous avons effleurés sur ces pages nous
aurons l’occasion d’y revenir. Il est tant de choses à dire !
Un article de Monak
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