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lundi 24 octobre 2011

L'ordre et la Morale


Le film de Kassovitz tourné en Polynésie


« L'ordre et la morale », le très controversé film du très controversé réalisateur Mathieu Kassovitz sur les événements d'Ouvéa, a été tourné en Polynésie française.

Mathieu Kassovitz, alias Philippe Legorjus, dans "L'ordre et la morale" 
L’affaire a fait déjà couler beaucoup d’encre en Polynésie française comme en Nouvelle-Calédonie : « L’ordre et la morale », le prochain film de Mathieu Kassovitz portant sur les événements tragiques de la grotte d’Ouvéa le 22 avril 1988, en Nouvelle-Calédonie, a été tourné en 2010, mais en Polynésie française...

Cette option a représenté une grosse perte économique pour le Caillou et une fantastique aubaine pour la Polynésie. Mais pourquoi ce choix ?

Pourquoi ne pas tourner ce film en Nouvelle-Calédonie ?


Après trois longues années de travail - négociations avec les autorités territoriales et coutumières calédoniennes, avec les survivants et les ayants droit de ceux qui ont participé à ces douloureux et tragiques événements, repérages, castings, recherche de partenaires économiques -, la décision est tombée : le film ne se fera pas en Nouvelle-Calédonie mais en Polynésie.

C’est Christophe Rossignon, le producteur du film, qui en fit l’annonce officielle. « Cette décision a été prise, avait-il déclaré, après que le début du tournage ait été reporté par deux fois et que la production ait déjà dépensé plus d’un million et demi d’euros dans ce projet en Nouvelle-Calédonie ».

L'affiche officielle du film
Alors pourquoi l’avoir prise ? Simplement parce que quelques personnes, en Nouvelle-Calédonie, voulaient imposer des modifications substantielles au scénario, chose que ni le producteur ni Mathieu Kassovitz ne pouvaient accepter.

Ces personnes, que Christophe Rossignon n’a pas souhaité nommer, sont en fait un groupe dirigé par le fils d’Alphonse Dianou : le chef des auteurs de la prise d’otages. Ils ont laissé clairement entendre que si leurs revendications n’étaient pas satisfaites, « le ton pourrait monter »…

Le producteur avait conclu par cet argument imparable : « Mes partenaires financiers ne me suivront pas une année de plus, il m’est impossible de reporter le tournage à 2011. Nous avons donc décidé de tourner ailleurs ».

Pourquoi avoir choisi la Polynésie française pour tourner ?


La première raison avancée par la production fut la volonté très claire de tourner sur le territoire de la République française. La deuxième, la possibilité de trouver des lieux qui ressemblent totalement à ceux qui furent le théâtre des événements sur l’île d’Ouvéa.

Les aides financières qu’il était possible d’espérer du gouvernement de la Polynésie n'avaient aucune commune mesure avec celles qui devaient être accordées par Nouméa. Il s’agit d’une perte financière importante pour la production.

Cependant, les décors naturels très ressemblants, le climat identique, les possibilités et la volonté d’accueillir le tournage par le pays ont emporté la décision.

Sur le tournage de "L'ordre et la morale"

Malgré quelques esprits chagrins venus tenter de contrecarrer la démarche, le tournage devait commencer à la fin du mois d’août ou au début du mois de septembre 2010 et se dérouler sans incident notable. En effet, la réputation du réalisateur en a inquiété certains et provoqué parfois des réactions de refus, voire de rejet.

En Nouvelle-Calédonie, un sondage réalisé pour un quotidien local faisait apparaître que 55 % des Calédoniens n'ont pas compris que le film se fasse ailleurs que chez eux.

Mathieu Kassovitz à Tahiti : un événement


Si la présence à Tahiti d’une personnalité artistique de premier plan comme Mathieu Kassovitz n’est pas rare, le tournage d’un film de l’importance de celui-ci en Polynésie française l’est infiniment plus.

Aux yeux de Kassovitz, tourner en Nouvelle-Calédonie ou en Polynésie n’a eu guère d’importance. L’essentiel était que le film se fasse, et dans de bonnes conditions.

Avis d’ailleurs totalement partagé par Mathias Waneux, élu de la province des îles, en Nouvelle-Calédonie.

Le scénario du film repose sur le personnage de Philippe Legorjus, à l’époque patron du GIGN, qui a rencontré l’ensemble des protagonistes de l’affaire. Il avait entamé des négociations mais n’avait pu les mener à leur terme pour des raisons politiques.

L'une des affiches du film 
Pour le réalisateur de « La haine » (César du meilleur film en 1995), c’est le point de vue le plus large et le plus objectif que l’on ait pu trouver. « Augmenté de tous les témoignages que nous avons recueillis au cours des trois années de préparation, le film ne fait ni propagande ni remous. Nous voulons raconter le drame d’Ouvéa de la manière la plus neutre possible. »
Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Mathieu Kassovitz ne laisse jamais personne indifférent. Le fait s'est confirmé en Polynésie : après une seule semaine de présence, le réalisateur et son projet de film avaient déjà enclenché une polémique !

          Le débat : pourquoi tourner en Polynésie une histoire se déroulant en Nouvelle-Calédonie ?...


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Un article de Julien Gué


1 commentaire:

  1. Merci pour ces éclaircissements Julien, il est vrai que le film a déclenché une polémique à Tahiti... en Nouvelle Calédonie actuellement c'est une incompréhension totale qui règne par fois même du mépris...les calédoniens privés de ce film, refusé d'être projeté dans le plus grand cinéma de la place... j'entends parfois le boycottage du dit cinéma d'un coté et de l'autre au contraire, "c'est mieux ainsi"... les calédoniens pour avancer (tout comme les polynésiens) doivent apprendre à avancer avec son passé... et ce n'est qu'en connaissant son passé que l'on peut mieux avancer... se réconcilier avec son passé pour mieux construire son avenir...

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