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mardi 25 octobre 2011

Notre Terre d’exil


Un débat franco-français

où l’Autre reste étranger


      La France d’octobre 2011, suite aux relents identitaires qui ont agité la République depuis la campagne présidentielle de 2007, oscille entre intégration et rejet, expulsion et rétention.

          Au-delà des phénomènes de migration, actuels ou anciens, ce sont des syndromes de répulsion qui sourdent ou s’instaurent de part et d’autre.

         Ils sont Bangladais, Kosovars, Afghans, de Libye, de Roumanie, d’Ouzbékistan, d’Afrique Noire et d’Asie. Ils fuient le dénuement, les conflits, les dictatures.

     Ils risquent les camps de rétention : « l’archipel de la honte » ainsi que l’évoquent Arjun Appaduraï dans Géographie de la colère (Payot) et Peter Sloterdijk dans Colère et temps (Libella/Maren Shell).


« Du Sénégal à l’amertume » : Monique au micro


Rencontre de « l’Autre Type »

           L’arrêt de la Cour de Justice de l’Union européenne, interdisant l’incarcération  d’un étranger en situation irrégulière, reste toujours sans effet sur le territoire français depuis avril 2011.

          Les réseaux Education sans Frontière, la Ligue des Droits de l’Homme et autres Cercles de Citoyens, de Croyants, engagés mais libres de toute pression hiérarchique, font œuvre de résistance depuis le début de la dernière présidence. 

         Mêlant les survivants de ces anciennes générations porteuses des principes libertaires (anarcho-communistes) aux pratiquants du partage -idéologies et dogmes revisités en ces circonstances-, les participants d’un des nombreux débats qui se déplacent partout en France,  tentent de jeter les bases d’une véritable solidarité.


« Une poudrière nommée Kosovo » : Bayard

           Face à certains actes administratifs délivrés antidatés, par exemple, la mobilisation demeure une urgence. Car il faut gagner du temps en prévision d’une éventuelle expulsion. Mais surtout, il faut pallier la détresse qui incombe à tous ces déracinés, encore traumatisés par le périple qui les a conduits ici.

        Il semblerait que les trentenaires de tous milieux ou appartenances politiques ou religieuses actuels soient davantage conditionnés par un conservatisme qui s’accentue depuis 1995. Chacun aurait tendance à se renfermer uniquement sur ses préoccupations de garantie professionnelle. Quand ils ne se regroupent pas pour revendiquer le monopole du paysage identitaire.

Echoués sur « notre Terre d’écueil »

           L’asile politique n’est donc plus de rigueur. La méfiance et la suspicion, de bon ton. La menace de l’étranger date de l’antiquité. Mais l’opinion publique la propage, sans craindre le ridicule :
« Quel danger Amina (4mois) ? » souligne la gazette Jonas-Vosges.

           Quand il s’agit de nourrissons et d’enfants, les mesures de rétention surprennent : ils sont tout de même répertoriés au nombre de 200, incarcérés annuellement, commente le n° 53 (octobre 2011) de la gazette «Jonas-Vosges». Les droits de séjour, l’établissement des papiers, est loin d’être gratuit (340 €/personne).

          « Avec ces zones de non-droit, notre histoire nationale est polluée. France, terre d’écueil !», témoigne l’orateur Michel Roussel, représentant des réseaux du Parvis.


« De Jonas au Parvis » : rituels interactifs d’accueil par Michel Roussel


        Après une migration périlleuse, l’exclusion : une précarité dans des conditions indignes. «Alors que des milliards d’Euros parcourent le monde à chaque instant pour le plus grand profit des affameurs de la planète, la fermeture des frontières fabrique des sans droits et des clandestins.», souligne J-L Didelot.

Les migrants : une menace ou une chance ?

           Le dialogue entre les peuples semble s’interrompre au moment où la parole semble avoir été arrachée unanimement et de haute lutte aux dictatures en voie d’extinction. Mais restons prudents, l’histoire peut s’embourber pour des intérêts peu louables.

        Si nous reprenons la tradition  qui remonterait au IVe siècle avant notre ère, la migration s’associe souvent à une crainte de l’Autre.

           Il ne voulait pas y aller, lui, Jonas, relate le texte biblique. Il s’y serait fait échouer, malgré lui, par la baleine. Mais bien d’autres dangers poursuivent ceux qui s’exilent, que celui d’un séjour de trois jours dans le ventre d’un monstre débonnaire (la baleine). Actuellement, si les populations migrantes affrontent les dangers terrestres ou maritimes, c’est parce qu’elles n’ont plus d’autre issue que le départ.

La baleine s’en lave les mains
          Certains mouvements qui militent en faveur de la reconnaissance, du respect, de l’intégration sans arrière-pensée de l’étranger, se  revendiquent de cette remise en question d’un certain Jonas, aux temps immémoriaux. Et ils s’efforcent de faire comprendre les rituels d’accueil d’une rive à l’autre.

« Le monstre qui sommeille en nous »

        Cependant, dans la mentalité populaire, pas de cadeau pour les ethnies ou nationalités différentes : «Avec le débat identitaire, les vieux démons surgissent. Le monstre qui ne se décelait pas chez l’individu lambda, il est susceptible d’exploser plus facilement chez l’étranger, le Français d’ancêtres étrangers», commente le Conseiller  municipal  Adel (franco-maghrébin) suspecté dans sa propre région.


« Un conseiller municipal franco-maghrébin » : Adel

         Un tout petit département de l’Est, habitué aux frontières pourtant, coutumier des tirailleurs sénégalais importés pour nécessité de guerres mondiales depuis les tranchées : et il joue les effarouchés, la distance, la répulsion vis-à-vis de Monique, la Sénégalaise, venue rejoindre son fils.

            Un lieu symptôme, cette région, à l’instar du reste de la France où Bayard, le Kosovar plaide la cause de nouveaux réfugiés, victimes d’exactions serbes récentes, dans un contexte où la misère rendrait insensible.

            La tranquillité rendrait apathique… ou frileux.

         Alors, ils s’organisent, les mouvements de secours et de solidarité, nés ces derniers mois au cœur même de la crise mondiale, pour préparer les recours et survivre, en attendant. Ils ne sont pas issus d’offices gouvernementaux, non. Il semble que les mouvements de protection de l’individu proviennent du bénévolat !

          En attendant que soit recouvré par chacun ses droits fondamentaux. Et qu’ils ne soient pas constamment bafoués par ceux qui devraient en être les gardiens.

Une atmosphère mondiale de méfiance.

                                            Un article de MonaK


1 commentaire:

  1. C'est en France...
    Ils sont demandeurs d'asile, délaissés par les préfectures et mairies qui se déchargent sur les associations...
    Ici à Rennes, l'exemple de Droit Au Logement (DAL) :
    http://dal35.blogspot.com/2011/08/le-journal-de-bord-des-requisitions-du.html

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