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mardi 27 septembre 2022

Monak : Le Sang du Corail


Une signature au fenua

 

Que de bonheur quand le fenua –l’âme du pays, le souffle vital de Tahiti – m’offre  la plus belle des consécrations, celle de l’échange et partage avec nous, la cause des Raerae soulevant la question  du sort controversé des Transgenres.

 

Dans le cadre de l’emblématique librairie KLIMA à Papeete cette toute première séance de dédicace du roman Le Sang du Corail, édité aux éditions Maïa, s’est tenue, embaumée des précieux colliers de fleurs de tiare dont les deux cosignataires étaient parées, selon la tradition des cofondateurs de l’espace Manuella et Marius. Animée par Karel, la présentation de ce 24 septembre 22 a mobilisé en toute convivialité, lecteurs inconnus, auteurs illustres, amis, curieux issus de cette communauté métissée de Polynésie : avec, à la table des encres, l’héroïne Lalita, l’auteure Monak et l’initiateur du titre Julien Gué.

 

Les cosignataires : Lalita & Monak

Sous les arcades de la Place Notre-Dame, de cette Dame au Uru (fruit de l’arbre à pain), au flanc de la jaune cathédrale datée de la moitié du 19ème siècle,  le public avisé se dispatche du petit café, zinc sur la rue, à la croquignolette boutique du livre. Ici, le samedi est jour d’emplettes, de flânerie, de lèche-vitrine en plein centre-ville, le soleil est au rendez-vous.

 

C’est que les médias de la presse locale écrite et en ligne ont appuyé l’événement avec beaucoup de professionnalisme, stimulant cette rencontre avec les lecteurs potentiels. Ce dont nous les remercions vivement : Delphine Barrais et Dom. Schmitt pour les nommer.

 

Bouquets de plaisirs

Grâce à la teneur des deux articles publiés en préliminaire qui épluchent le roman de long en large, les destinataires se trouvent en terrain connu et continuent d’explorer l’ouvrage en s’adressant directement à l’héroïne qui, pour la première fois de sa vie, rédige une dédicace débordante de sentiments. Personnes impliquées dans le social, certains des interlocuteurs dont je ne connais que le prénom, poursuivent leur œuvre de soutien destiné aux exclus et SDF de l’île-capitale : échanges bouleversants qui font verser bien des larmes.

Bien d’autres gestes de fraternité ont émaillé la matinée. Roti Make, personnalité incontournable de Rurutu et des îles, créatrice en écriture, mode, design et peinture artistique, délaisse en lève-tôt l’Atelier-exposition de Taravao pour nous accompagner.

 

Les amis du bout du monde : Roti Make & Jimmy Ly, Lula de Klima…

écrivains bilingues de la place, venus nous encourager directement ou par famille interposée : Jimmy Ly et ses chroniques truculentes, Nathalie Heirani Salmon-Hudry, de la jeune génération insulaire. 

 

La transidentité

Au centre des préoccupations et des discussions du jour, la transidentité à Tahiti. Comment elle se vit ? Les embûches bravées et côtoyées… les obstacles et les blessures percutantes… les pièges et les voies sans issue… la débâcle et la déchéance… sans compter les brimades et la désapprobation ambiante.

La société mā'ohi actuelle aux résonances carillonnées par les multiples clochers, pas plus que l’édénique Cythère des publicités touristiques qui en édulcorent l’apparence, ne tolère les mutations de genre. Quelle place leur réserve-t-on dans le système éducatif, familial, professionnel ou judiciaire ? Véritable violence à la personne, cette forme de répression engendre suicide, ostracisme ou rébellion.

 

Se raconter entre rage, rires et pleurs

« Être ou ne pas être Soi » ne se résume pas à une vieille question oratoire de scène aux accents ampoulés, trémolos dans la voix, ni ne se réduit à un vague propos philosophique radoteur mais il m’engage, comme nombre de locuteurs, dans un combat où la reconnaissance du genre se confronte à la dure réalité. Ce n’est pas à la majorité de l’opinion éthico-publique de décider à la place des concernées, ni, surtout de les réprouver.

 

Et demain ?

Si jamais une publication servait à quelque chose, je serais sans doute moins pessimiste… peut-être, moins dubitative. La cause sera-t-elle entendue ?

Ainsi que l’a confirmé Abel Hauata, transgenre, Miss Université de Polynésie française 22, à la suite de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme,  on le devient !». Et d’autant plus dans ce contexte propre au 21ème siècle. Les jeunes intellos d’ici ouvrent la voie : par bravade ? par canular ? à fin de démystification ? Peu importe, ils ont osé, ils l’ont acté : me reste à enfoncer le clou.

 

Ces voix meurtries du Pacifique…

L’un des enfants du fenua, familier de la librairie, journaliste un temps, réalisateur pour la société qu’il a fondée, Terra Cinéma, reviendra au pays pour tourner le film du même nom : Le Sang du Corail.  Bon vent alors, Pascal Galopin ! Mes encouragements les plus sincères. Le scénario est fin prêt : la trame est similaire, la chair plus nourrie, sauvage et coriace. (à suivre…)

Sur le seuil de Klima, au sortir de cette matinée intense, la pluie vient nous rafraîchir de  tant d’émotions communes éprouvées.

 

Un article de  Monak

Tous droits réservés à Monak. Demandez l’autorisation de l’auteure avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.

 

Merci aux éditions Maïa :

https://www.editions-maia.com/

https://www.editions-maia.com/livre/le-sang-du-corail/

 

Remerciements aux journalistes :

https://www.pacific-pirates-media.com/avec-son-roman-le-sang-du-corail-monak-veut-rendre-leur-dignite-aux-raerae/

https://www.tahiti-infos.com/Le-Sang-du-corail--la-parole-aux-raerae_a212086.html

 

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