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mercredi 2 février 2022

19èFIFO La compétition

 


Impressions d’avant-première

 

À quelques jours de l’ouverture de ce FIFO hybride où se cueille à portée de mains l’accès aux sections gratuites des courts-métrages de Fenêtre-sur-Court et de la 12ème Nuit de la Fiction : en numérique comme en présentiel, laissons place à nos impressions générales sur les « FILMS en COMPéTITION »

 

Sur une petite majorité de plus d’une heure, les plus courts dépassant tous les 52 mn., notons que l’exercice du documentaire mené de belle façon structurellement, pèche parfois par manque de rythme. Paradoxalement le plus long MY NAME IS GULPILIL (presque 2 heures) ne transpire pas l’ennui, sans cesse relancé par sa dimension spectaculaire : car il se base sur le biopic atypique d’un acteur fétiche australien, véritable star primée internationalement, l’aborigène Gulpilil.

 

Gulpilil Aborigène : un combat

Il est vrai que la réalisation, signée Molly Reynolds,  atteint une qualité esthétique qui lui a déjà fait remporter le grand prix FIFO-France Télévisions du 13ème FIFO 2016, avec Another Country, en collaboration avec le même acteur, récemment décédé. L’intensité de  THE BOWRAVILLE MURDERS d’Allan Clarke nous tient en haleine, tant nous sommes concernés par une issue heureuse après une trentaine d’années de galère.

 

C’est qu’entre autres exactions en tous genres, l’Australie semble tenir le pompon en termes de crapulerie politique et éthique dans le panorama des peuples océaniens. 

 

Perspectives ou effets de résilience ?

En effet, rares sont les longs-métrages de cette session qui laissent transparaître un avenir positif.  Avec NOUVELLE CALEDONIE, L'ILE SAUVAGE, la Nature semble avoir maintenu ses droits, depuis les temps préhistoriques. Survivances en pleine éclosion, "l’île fossile" est en bonne santé ; et si le cagou ne sait toujours pas voler, Rémi Laugier n’en finit pas de nous éblouir par une faune qui n’existe nulle part ailleurs.  

 

Dans le même ordre d’idée, l’accent est mis sur la solidarité avenir de la planète, avec ALICK & ALBERT. Sur fond musical aborigène, une prospective de prévention mise en place par la rencontre improbable entre artiste australien et moyens océanographiques assurés par le souverain monégasque. Une amitié aux conséquences constructives où la transmission s’échange entre tradition et science. 

 

La Case Sud in MAXHA

Dans MAXHA : RELEVER LA TETE, co-signé par Emmanuel Tjibaou et Nune Luepack, la volonté politique, faisant suite à Melanesia 1975, s’ouvre sur des perspectives évolutives, à base d’interaction entre chefferies et toutes communautés ethniques calédoniennes. Se partage l’espace symbolique de la Case Sud, imposant le rythme solennel du code coutumier, arrachant « l’arbre de la discorde » pour se fondre en un seul peuple. Utopie ? 

 

Les Films qui font mal

Si OCEANS APART - GREED, BETRAYAL AND PACIFIC RUGBY, traite des malversations politiques privant scandaleusement les joueurs samoans, fidjiens et néo-zélandais des fruits de leurs talents de rugbymen, appréciés mondialement, souhaitons à ce film signé Ales Haudiquet de faire assainir le statut scandaleusement impensable de l’Ovalie à l’international.

 

140 KM A L'OUEST DU PARADIS ne manque pas, en Papouasie-Nouvelle Guinée, de nous montrer les pratiques néo-colonialistes sans vergogne qui spolient de leurs terres, de leur avenir, les tribus dénuées de recours juridique par le biais des multinationales : réduisant à l’état d’objets de foire les populations qui trouvent dans la caméra de Céline Rouzet l’opportunité de faire entendre leur détresse.

 

Le British Atomic désastre en Australie

Le fait nucléaire à l’ordre du jour, pour la révélation de crimes contre l’humanité (1956-63), classés « secret défense », pour ce documentaire de Larissa Behrendt, MARALINGA TJARUTJA, dans le sud australien.  Disparition des sources, détournement de cours d’eau, viols et enlèvements, irradiation de populations dans leur lieu de vie, métamorphose des sols, contamination, mort de clans nomades… le bilan est grave.

 

Ceux qui retournent nos convictions

Au chapitre de la discrimination sexiste, STRONG FEMALE LEAD de Tosca Lobby & Rachel Grierson-Johns, le ton sciemment teinté de dérision pour nous interpeller sur la goujaterie, la perversion misogyne et l’abjection masculine mettent en exergue l’effet inverse. Le passage au gouvernement de Julian Gillard semble occasionner une révolution des mentalités, au point que son dernier discours soit mis en chanson comme hymne d’émancipation féminine.

 

Le monde du mythe hawaïen changerait-il avec CANE FIRE de A. Banua-Simon ? De l’expropriation des autochtones, des massacres, de l’image clinquante du cinéma hollywoodien, le 50ème état américain ne serait-il en train de mettre le feu aux poudres en revendiquant son identité originelle ? L’image de l’incendie de la plantation, signe des révoltes d’antan, le laisserait supposer. Un film prémonitoire ?

 

Femme au pouvoir : la curée

Nous reste l’utopie de THE ISLAND IN ME, réalisé par Gemma Cuberio del Barrio. Une dizaine d’années pour développer le documentaire du retour de deux femmes sur leur île originelle de Pukapuka (Polynésie). Avec ce retour aux sources, c’est aussi la découverte de Amelia Hokulea Borofsky (fille d’anthropologue) et Johnny Frisbie, née à Tahiti et auteure de Miss Ulysses of Pukapuka (écrit en langage de Puka, en samoan & en anglais en 1948).

 

Johnny Frisbie auteure née à Tahiti

à travers les films, retenus pour le FIFO, reviennent certains leitmotive : par exemple, l’aura d’un certain explorateur Cook, semble dangereusement décliner et se voir déboulonner du Canada, à Hawaï, en passant par l’Australie. La page de la colonisation serait-elle en train de se tourner ? 

Et pour toucher du doigt la lutte contre le dérèglement climatique entrons à plein dans les accointances musicales qui se sont transmises ou partagées sur les parcours maritimes  d’Océanie, depuis des lustres avec SMALL ISLAND BIG SONG. S’opère une véritable solidarité de compositeurs-danseurs autochtones… et se découvre un trésor d’instruments primitifs, pour le moins surprenants, dans les images de Tim Cole (Australie). Bain culturel assuré. Une petite merveille de montage musical à travers l’Océanie.

 

Préparez vos mouchoirs et un masque sanitaire de rechange : larmes assurées. Quel que soit le sujet. Pour cette session l’émotion est forte : qu’elle vous inonde de bonheur ou de tristesse.

 

 

Un article de  Monak

 

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