Suite et fin
Le 18ème FIFO 100% numérique terminé, reste à se demander si la formule particulièrement performante au niveau de la communication immédiate ne présenterait pas le danger de cantonner la culture à une pratique exclusivement distancielle ?
Évidemment, les circonstances de la pandémie, considérées par tous comme exceptionnelles, nous mettent devant le fait accompli d’une fermeture des lieux de culture ! Ce qui pousse les plateformes numériques à accroître leurs performances. Le résultat est là : nous avons bénéficié d’un accès accru à la culture et pour le FIFO de la diffusion et de la visibilité de l’événement en un simple click… et dans un fauteuil. Ce qui représente par ailleurs des contraintes financières.
Sauf que la situation dure maintenant depuis un an et que personne ne sait quand va s’achever la crise sanitaire. Sauf que nous devons nous contenter de n’être que de simples voyeurs passifs et qu’un colloque, une table ronde, un atelier se dynamisent avec la participation effective du public. Bon d’accord, nous pouvons être reliés par téléphone au plateau comme dans Cross wires.
Sauf que et enfin, si le numérique nous a permis de déguster les films du FIFO sur le mode intime… les écouteurs dans les oreilles, et d’entrer à plein dans la magie sonore - je pense à la composition électronique de Fabien Bourlier dans Eden Tribal -, l’expérience nous parque dans notre individualisme.
Redéfinir la culture ?
En fait, nous n’avons pas mis beaucoup de temps pour nous adapter au nouveau fonctionnement digital : juste un click ! et nous avons pu aménager notre propre planning de réception. Mais la culture peut-elle se suffire à l’unique consommation tout comme pour les musées et expositions en ligne ?
Addictes à nos écrans, la formation en ligne, on connaît, même que les Masters Culture se développent à vitesse grand V. Vrai que dénommer "festival 100% numérique" plutôt que "festival sans public", la frustration est moins grande ! Tu parles !
Comme des ombres |
Sauf que l’idée d’un festival étant de partager ses idées, pour qu’elles fusent, se renouvellent et explosent, le festival en ligne demeure une aberration. Sauf que les réalisateurs de documentaires restent à l’affût du public et que leurs œuvres, comme les nouvelles tendances, elles ne surgissent que de la confrontation avec le public : et pas sur les plateaux animant des salles vides ou dans les laboratoires du virtuel.
La sélection : des critères ?
La production des films documentaires étant ralentie, sinon quasiment stoppée comment vont se définir les critères de sélection pour la prochaine édition du FIFO ?
Va tout de même falloir me dire pourquoi aucun des films sélectionnés toutes catégories au 18èFIFO ne traitent des mesures contraignantes de confinement édictées mondialement ? Aucun documentariste ne s’y serait aventuré ? Le sujet brûlant du démantèlement insidieux de nos sociétés ne concernerait personne ?
Eh oui ! rebondir... |
Les reportages qui circulent sur la toile seraient-ils par trop virulents ? Se seraient-ils sabordés qualitativement par manque de distance ? Manque de temps ? Pourtant chaque date butoir d’inscription se solde par un casse-tête. Serait-ce par censure ou autocensure : ne pas déranger l’ordre établi ? Le 1er confinement (mars 2020), pourtant moins drastique dans certaines régions a déclenché des rituels d’exception.
La connectivité, enfin !
Nous n’avons plus qu’à souhaiter ou proposer que le 19ème FIFO soit 50/50 présentiel et distanciel : de façon à multiplier les voies d’accès et à nous en laisser le choix ponctuel. Qu’il fasse fructifier les avantages du numérique : à la fois pour que nous puissions accéder librement aux connexions et nous permettre de participer aux moments forts, comme les débats.
Mais surtout, qu’il réhabilite la dimension humaine ! Que la résistance culturelle s’organise pour que nous ne soyons encore contraints de nous contenter des miettes que le politique nous jette en pâture. Bien sûr, nous avons évité la neige pour les uns, les trombes d’eau sous les tropiques, en nous calfeutrant bien au chaud derrière nos écrans !
Dans une autre vie |
Hypothèses bien vaines si les prises de conscience des organisateurs ne sont pas validées, entérinées et soutenus par les professionnels et les spectateurs.
À moins que, justement, cette propension de toutes les catégories du 18ème FIFO à philosopher sur la mort… sur l’enfermement comme refuge, sur la survie post-traumatique à la promiscuité intrafamiliale dont l’inceste… n’ait été qu’une préfiguration à la mort de la culture !
La connectivité humaine, que diantre !
Un article de Monak
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