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mardi 8 février 2022

19èFIFO – petite histoire


Grands  Chaos

 

Pour y aller de ma “petite histoire”, à l’instar de nos “gentils animateurs” de l’AFIFO qui sur la toile numérique du Festival et la page officielle FIFO Tahiti de Facebook nous entretiennent de leurs effluves affectives, je me commettrais donc à l’exercice (1 FIFO : 1Jour)

 

Sauf que je n’apparaîtrais pas à l’écran de crainte de le noyer.  Effectivement, comme cet enfant papou, contraint de se grimer de blanc & de danser pour assurer aux membres de sa tribu quelque compensation alimentaire qui ne remboursera jamais la spoliation de leurs  terres par Exxon Mobil, un mutisme impassible s’impose. Simple décence.

 


Un désespoir ravageur

Merci à la réalisatrice de 140 km à l’ouest du Paradis, Céline Rouzet qui nous livre ce regard noyé – insoutenable – d’un enfant mélanésien : pas moins d’1minute 15secondes d’un plan fixe qui semble durer une éternité ! Contrepoids aux niaiseries éructées par une touriste US qui s’exalte à ses propres borborygmes & se persuade de la profondeur des banalités qu’elle débite à la seconde. Quel contraste ! Face à la douleur incommensurable du gamin, conscient de devoir gesticuler, parqué avec ses aînés comme du bétail, pour une mascarade totalement vidée de son sens.

 

Qu’on se le dise ! Cette année 2022, si nous voulons nous congratuler pour une quelconque raison, réjouissons-nous pour le talent, la finesse, l’ingéniosité de certaines réalisations : et saluons l’équipe artistique & technique qui y participe. La séquence "enfant papou inconsolable" compte désormais dans l’histoire des images culte du cinéma, comme le landau du Cuirassé Potemkine. Page d’histoire pour une mort annoncée

Le sens de l’humain dans un monde déshumanisé  

            Ne nous voilons pas la face : cette 19è session est particulièrement sanguinaire et scélérate. Les nations s'en donnent à coeur-joie pour nous forcer à établir un bilan des plus rétrogrades. La civilisation est en berne et nos dirigeants  s'appliquent à nous faire retourner en barbarie, quelle que soit l'île où nous habitions.

           Dotés d’une capacité de résistance, d’une empathie à toute épreuve, voyons-nous certains réalisateurs se plier aux conditions de vie lamentables des sujets qui leur tiennent à cœur. Combien sont capables de se fidéliser une dizaine d’années dans les pires circonstances & au péril de leur vie. Sincères  dans leur rapport aux anonymes qui figureront en images sur le doc, ils recueillent une parole Vraie : celle qui perce l’écran, vous émeut ; celle qu’ils n’ont pas dictée dans un scénario pré-établi.

 

Existences effacées

Une trempe de réalisateurs qui savent aller jusqu’au bout et témoignent du “cauchemar des populations autochtones qui voient leur espace vital disparaître”, de l’ “histoire car elle symbolise la violence et l’absurdité de notre époque. Une histoire d’invasion et d’exploitation qui se répète dans cet endroit du monde que nous n’avons de toute évidence jamais fini de coloniser. Sauf que nous détournons le regard. »  commente Céline Rouzet

 

De l’insanité de la langue de bois

Les grands agents de ce retour en arrière, de ce rétropédalage sont les politiques. La contradiction au sein des mesures qu’ils imposent. Ils manient sciemment l’absurdité pour faire admettre leurs propos, et jouent de l’inconséquence des lois qu’ils mettent en place clandestinement.

Pas la peine d’ouvrir le concours de l’extravagance et de l’absurdité. L’histoire récente, aussi vieille que nos 20-21èmes siècles accolés « revient en force » tout en se mordant la queue… Sans radoter sur un « éternel recommencement » de l’histoire… posons-nous tout de même la question de la débilisation de notre société, sans bien savoir lequel se trouve au haut de l’échelle : la victime ou le bourreau… extrapolons. History Bites back = l’histoire revient, de l’Aborigène Trisha Morton-Thomas et de Craig Anderson.

Dans une approche faussement didactique où les évidences sont décortiquées, et les préjugés explosés, cette révision de l’histoire par les victimes elles-mêmes prend les allures de la dérision : tant les faits s’avèrent infondés… Par exemple « aborigène », issu du latin ab origine, signifie « depuis l’origine » : en conséquence on se demande « pourquoi ils ne sont recensés comme citoyens australiens que depuis 1967 »

 


                                         History Bites Back

« Notre continent a plus de cent mille ans d'histoire noire, mais lorsque les Whitefellas ont commencé à construire leur pays au-dessus des foules aborigènes, ils ont cru que la population aborigène allait se dissoudre dans le néant… » s’amuse une fois de plus Trisha Morton-Thomas, l’une des plus ironiques et des plus effrontées des réalisatrices, acoquinée avec le metteur en scène Craig Anderson.

 

Histoires à dormir debout

Au palmarès des calamités sordides, dans la poubelle de l’histoire, viennent s’ entasser les pires des injustices et du non-respect de droits élémentaires.

 

Parmi ces histoires à dormir debout, l’invraisemblable dans des nations du meilleur qui montre le pire : inégalité insultante homme-femme au gouvernement comme dans la société, enfants aux mains d’une justice tortionnaire, transgenres dans le colimateur de la transphobie, traque des immigrés, inceste au quotidien, après la montée des eaux, harcèlement à l’école, chanteur engagé mystérieusement disparu, exploitation et spoliation des peuples dominés, irradiation au mètre carré, corruption sportive, le monopole, meurtres en série impunis, mutations culturelles, sacrification des minorités, minorisation des valeurs culturelles, improbable intégration, ice sans recours, etc…  Aucune nation épargnée !

 


                                        Le chaos sans fin

Impressions déprimantes. Le 19èFIFO semble avoir libéré sa parole : au niveau des réalisateurs, ou au niveau des organisateurs qui  offrent une plateforme librement contestatrice. 

 

Un article de  Monak

 

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