Ce blog a pour vocation de découvrir Tahiti et ses îles, bien sûr, mais bien d'autres endroits et bien d'autres choses aussi partout ailleurs. Et puis, surtout, les gens qui font que le monde est ce qu'il est.
Histoire(s), géographie, modes de vie, cultures et phénomènes de sociétés : Le monde est vaste et riche et ses habitants tellement beaux et divers, alors laissons-nous aller à leur rencontre...
Des journalistes voyageurs vous parlent de la Terre et de ses habitants à leur manière…
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mardi 22 janvier 2013
L’Orient, quartier de la Goutte d’Or
Des métissages porteurs
d’espoirs
Le
quartier est populaire. Mythique de la paupérisation et des sous-classes depuis
le 19ème siècle des grands boulevards. A partir de Zola, il fait son
apparition comme cadre de ses romans naturalistes : « La Goutte
d’Or ».
Tandis que s’exacerbent, sur le pourtour du bassin
méditerranéen, les discriminations
multiformes à l’égard des femmes, de leur représentativité culturelle et
sociale, de leur rôle politique, au contraire, certaines enclaves communautaires cultivent avec succès
le brassage ethnique et la mixité.
Une cohésion urbaine
Au carrefour des cultures, les origines se
rassemblent en des collectifs de création artistique. Et comment s’accorder au mieux au-delà des mots,
sinon quand le langage est celui du rythme, de l’harmonie, de la créativité ?
Un environnement disparate
Dans le Paris du 18ème arrondissement, au
contexte fortement oriental, l’image urbaine est au diapason des mentalités qui
s’y côtoient : vétusté et rénovation, paupérisme et aisance, relents
intégristes et modernité.
Bien sûr, le marché Barbès dénote une prérogative
masculine sur les trottoirs. Quand il s’agit de toutes sortes d’activités
mercantiles et de jeux d’agent, la
préséance est patriarcale, faisant feu de tout bois.
Centre Musical Barbara – Quartier Goutte d’Or
Mais dans les différents centres culturels de la
périphérie nord se noue une autre dynamique. Elle se structure sur le fond
commun aux arts du proche et du lointain Orient. Le rythme est à la base de la calligraphie
-cette gestuelle entre art et écriture-, de la musique et de la danse.
Elle attire autant les publics africains, qu’européens
et orientaux, au travers des pratiques diverses que sont la percussion, les
arts manuels ou la danse collective. Elle mêle jeunes, adultes et seniors. Elle
touche les milieux cultivés et populaires. Les clivages sont gommés par cette
connivence qui s’échange sans parole dans la communion et l’esthétique des
sens.
Un collectif artistique ouvert
À la clé du collectif qui anime l’action et
l’événement, un panorama d’artistes méditerranéens et d’ailleurs incluant le
Liban, la Tunisie et Manille. Les musiciens conduisent les groupes de
percussionnistes amateurs. Tout en continuant de composer de nouvelles
mélodies, certains même se fixent pour challenge d’expérimenter de nouveaux
instruments. La musique, elle non plus, ne s’enferme pas dans les schémas
anciens.
Toutes origines mêlées
A la source du projet de découvertes et de loisir,
la volonté des artistes, de fonctionner entre codes traditionnels et créations.
Avant tout, éviter les clichés exportés
des cabarets du Caire ou l’immobilisme du folklore axé vers le passé. Ensuite, faire
évoluer les pratiques, vers une appropriation contemporaine et actualisée. L’ancrer
dans la sensibilité urbaine du creuset parisien.
L’assise de la danse orientale se situant de l’Egypte
au Maghreb, l’Afrique Noire limitrophe s’y trouve aussi concernée. Et tout ce
petit monde se retrouve depuis des années dans des ateliers cosmopolites et ne
craint pas de faire partager sa passion en public.
Faire vivre son corps
Le but essentiel de ces activités repose d’abord sur
une éthique et une esthétique corporelles. Loin de réduire la danse, le sens de
la musique et du rythme à un marché matrimonial ou un appareil de séduction
affadi par des stéréotypes, l’enseignante-chorégraphe ne manque pas d’asseoir
cette pratique sur cette réappropriation du corps qui passe par une
conscientisation : de soi, du mouvement, de l’espace.
Accordéon à l’orientale
Ainsi s’exprime Alexia à travers le collectif S.U.M.O (Collectif pour une Synthèse Urbaine du Mouvement Oriental) : la
danse n’est pas une reproduction de figures figées. Elle fait appel à
l’interprétation originale des exécutants. Elle se vit.
Même
originaire d’ailleurs, elle s’enrichit du présent, y introduit une autre
symbolique, des moments qui n’appartiennent qu’à l’environnement actuel. Elle
n’est ni démonstration, ni exhibitionnisme. Transposée, elle trouve son
authenticité dans ce qu’elle exprime du contexte environnant. En ce sens, elle
est métissage.
L’harmonie conquise
L’un des thèmes chorégraphiques largement usités,
c’est la Melaya (Danse du voile). Mais il vole autrement et joue les dévoilements
autrement qu’en préceptes d’anonymat intégral. La danse orientale est un
créneau qui attire et évolue.
-
Orient-Barbara :
confluence
Bien sûr, elle se heurte à l’engouement voile
intégral et autres fariboles qui permettent aux jeunes filles de jouer le jeu
de la bonne morale pour accéder aux rendez-vous galants ! Et c’est en ce
sens qu’elle intervient dans un contexte qui fait débat.
L’enjeu développé ici, c’est être bien dans son
corps, ne s’embarrasser ni des poncifs de mode, ni de taille-mannequin. Ici, ce
n’est pas « l’interdiction de toute pratique sportive publique
pour les femmes » comme en Arabie
Saoudite, au sultanat d’Oman ou autres territoires au patriarcat exacerbé.
Une affluence familiale
Ici, le message est entendu par une affluence
familiale qui ne se voit en rien trahie. Les sources culturelles, diversement
revivifiées, participent de cette soirée. Entre calligraphie et danse qui font
l’objet de stages conjoints, opère cette magie des spectacles de fin d’année. L’aventure
reprendra encore, dans d’autres lieux de la région parisienne pour la
chorégraphe.
Une modernité acquise
L’Orient, ses influences, ne font pas partie des
archives enfouies dans la mémoire d’ancêtres en voie d’acculturation. Il se
réactive sous l’impulsion de générations ancrées à plein dans leur siècle.
L’art oriental est bien vivant.
Quoi de plus émouvant en effet que ce morceau final
d’impressions mêlées. Il vient clore en apothéose la soirée. Tannoura, solo créé par Alexia,
s’inspire du mouvement soufi égyptien, dans la technique chorégraphique. Mais
il porte une histoire bien particulière.
Tannoura, comme une offrande
Même s’il n’invoque pas une divinité, le spirituel
n’en est pas exempt. Le lent tournoiement à la derviche accentue un instantané tout
humain. La symbolique en est si intense qu’elle peut multiplier les
interprétations.
Au spectateur de s’y projeter suivant son ressenti.
S’agit-il, d’un nourrisson abandonné qu’on ramasse, dans les quartiers du
Caire ? De l’évocation de ces petits martyrs des conflits ? D’une
naissance ? De cet enfant qu’est l’avenir ?
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