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samedi 28 janvier 2012

Alain Gerbault

Un marin pas comme les autres


            Si Alain Gerbault est incontestablement un des pionniers de la navigation en solitaire, il est aussi un personnage très controversé en Polynésie.

Alain Gerbault, un marin très controversé
            Auteur de la première traversée de l'Atlantique d'Est en Ouest à la voile et en solitaire, Alain Gerbault reste, avant toute chose, un des plus grands marins de la navigation de plaisance.

Alain Gerbault : "à la vie, à la mer"
            Né le 17 novembre 1893 dans une famille aisée d'industriels de Laval, Alain Gerbault a fini ses jours seul, le 16 décembre 1941, à Dili, capitale du Timor oriental.

            Entre ces deux dates, il a gravé son nom dans l'histoire de la marine de plaisance, mais aussi défrayé la chronique polynésienne pour des motifs pas toujours aussi glorieux.

Alain Gerbault, un homme d'exception
            Elève de l'École Nationale des Ponts et Chaussées à Paris, il est engagé volontaire dans les rangs de l'armée de l'air française dès le début de la guerre de 1914-1918.

            Bien que totalement novice au début du conflit, il s'illustre rapidement en remportant plusieurs victoires spectaculaires, se faisant particulièrement remarquer par sa science tactique et son habileté dans les acrobaties aériennes.

            La guerre terminée, il se lance sans succès dans une brève carrière d'homme d'affaires, tout en participant à de nombreux tournois de tennis.

            C'est en 1921 que sa vie prend le virage décisif qui va le rendre célèbre.

Alain Gerbault et Firecrest : le retour au Havre
            Cette année-là, désireux de changer de vie, il se rend en Angleterre et s'y porte acquéreur d'un vieux voilier de course datant de 1892 avec lequel il deviendra célèbre: le Firecrest.

            Après avoir remis le navire en état et y avoir apporté quelques modifications indispensables à la navigation en solitaire, il navigue plusieurs mois en Méditerranée pour s'entrainer et prendre le Firecrest en mains.

            Il ne prend vraiment le large qu'en 1923 et réalise, dans la foulée, la première traversée d'est en ouest à la voile et en solitaire de l'Atlantique en cent un jours.

            La légende du couple Alain Gerbault-Firecrest était née.

            Après un séjour aux États-Unis où son exploit lui a valu quelque notoriété, il reprend le large, cap sur les mers du Sud.

            Il réalise alors un tour du monde en solitaire (il est le premier Français à accomplir cet exploit) qui lui vaut sa renommée internationale et, accessoirement, la légion d'honneur et la vindicte du monde des plaisanciers de l'époque. Tour du monde qui le ramène au Havre en 1929 via: les Bermudes, le canal de Panama, les Galapagos, Tahiti, les îles Fidji, la Réunion, Le Cap, l'Île Sainte-Hélène, les îles du Cap-Vert et les Açores.

            C'est lors de ce périple qu'il découvre la Polynésie française, événement qui marque tout le restant de son existence.

Gerbault au milieu des siens à Bora Bora
            Au cours de cette période il publie ses trois premiers livres, grâce aux revenus desquels il finance la construction de son nouveau bateau, le Alain Gerbault, et son départ définitif vers les mers du Sud dont il ne reviendra jamais.

Alain Gerbault et la Polynésie française
            Parti de France en 1932, il atteint l'archipel des Marquises en 1933, les Tuamotu en 1934 et Tahiti en 1935. C'est toutefois de l'île de Bora Bora, dans l'archipel de la Société, qu'il fera son port d'attache et sa terre de prédilection.

           Fasciné par les sociétés traditionnelles polynésiennes, il apprend la langue locale (le raromatai) et mène des recherches linguistiques et ethnologiques importantes.

         Parallèlement, violemment opposé au discours colonial qui veut que la disparition des peuples polynésiens soit inévitable, il prend fait et cause pour les habitants de ces îles qu'il aime tant.

           Ainsi, il se bat pour que survivent traditions, chants et danses interdits par les églises et l'administration françaises.

            Afin de détourner les hommes (jeunes et moins jeunes) de l'alcool qui commence à faire des ravages, il introduit à Bora Bora la pratique du football, une découverte pour les Polynésiens qui fera son chemin.

               C'est contraint et forcé qu'il doit fuir, à bord de son bateau, la Polynésie en septembre 1940.

              Cet ultime voyage le mène de Tahiti aux Samoa, puis aux Tonga et enfin à Timor dont la moitié est portugaise et donc neutre dans le conflit mondial.

Alain Gerbault à bord de Firecrest
               C'est là qu'il s'éteint, épuisé et totalement ignoré de tous. Son bateau, lui, a disparu.
           
           Il faut attendre 1949 pour que sa dépouille soit ramenée à Bora Bora par la marine nationale française et y soit enterrée.

La dernière croisière d'Alain Gerbault
            Réputé pour sa pingrerie, le marin n'a pas laissé que des bons souvenirs dans la mémoire des Polynésiens.

            Homosexuel notoire, il lui est reproché d'avoir abusé de nombreux jeunes garçons lors de ses séjours en Polynésie et notamment à Bora Bora. On le soupçonne ainsi d'avoir amené les jeunes de l'île au football dans le seul but de satisfaire ses penchants particuliers.

            La goutte qui fait déborder le vase et l'oblige à fuir la Polynésie en catastrophe est son engagement farouche, en juin 1940, dans les rangs du maréchal Pétain. Lorsque, le 4 septembre 1940, les Etablissements Français d'Océanie se rallient officiellement à la France libre, il n'a plus d'autre solution que de reprendre la mer pour sa dernière croisière.

Le retour en grâce
            Totalement écarté de la mémoire collective, il faut attendre les premiers ouvrages de Bernard Moitessier à la fin des années soixante pour que l'on rende à nouveau hommage à l'immense marin que fut Alain Gerbault et à ses exploits.

La stèle d'Alain Gerbault à Vaitape à Bora Bora 
            En 2011, lors du 8e Festival International du Film documentaire Océanien (Fifo) à Tahiti, était en compétition un film du réalisateur Philippe Abalan rendant un hommage appuyé au navigateur: "Alain Gerbault: le courage de fuir".

            Aujourd'hui, sur la place du village de Vaitape, à Bora Bora, il n'est pas rare de voir des visiteurs lointains se recueillir devant la stèle du navigateur solitaire.


Un article de Julien Gué



2 commentaires:

  1. Bonjour Monsieur,
    Je tenais à réagir sur votre article sur Alain Gerbault, j'ai une grande admiration pour ce grand navigateur et écrivain français. Je trouve vraiment consternant et pitoyable de votre part de parler de "pingrerie" "il lui est reproché d'avoir abusé de nombreux jeunes garçons lors de ses séjours en Polynésie et notamment à Bora Bora. On le soupçonne ainsi d'avoir amené les jeunes de l'île au football dans le seul but de satisfaire ses penchants particuliers" de "son engagement farouche, en juin 1940, dans les rangs du maréchal Pétain."
    Ne pouvez pas respecter sa mémoire ? Avez vous des preuves de tout ce que vous avancez !!! Je trouve un peu facile de dire des choses sans preuves, ce ne sont que des allégations "gratuites" sans aucun fondement !!! Franchement vous devriez avoir honte de votre article, c est un tissu de mensonges cordialement

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    1. Très cher(e) anonyme,
      au risque de vous décevoir, je crois que vous avez mal lu mon article car j'ai toujours été (et suis encore aujourd'hui) un fervent admirateur de l'immense marin que fut Alain Gerbault. Tout comme je suis un admirateur inconditionnel de Céline lorsqu'il écrit "Voyage au bout de la nuit". Mais admirer l’œuvre ou les exploits d'un homme ne signifie pas qu'il faille l'absoudre de ses erreurs et/ou de ses travers.
      Contrairement à ce que vous écrivez, je n'allègue rien du tout à propos de votre idole Alain Gerbault et tout ce dont je parle est de notoriété publique et accessible à tous les internautes comme à tous ceux qui se donnent la peine d'entrer dans une bibliothèque pour y consulter les ouvrages parlant de lui.
      Admirer quelqu'un pour un exploit ou une œuvre ne signifie pas pour autant qu'il faille l'absoudre de toutes les erreurs ou infamies qu'il a pu dire et/ou commettre.
      Mon travail de journaliste consiste justement à aborder les sujets que je traite sans rien en occulter. Et que cela vous plaise ou non, j'essaie de le faire le plus honnêtement possible.
      Je ne suis pas romancier.
      Ce qui me choque (et je pèse mes mots) dans vos propos, c'est que vous prônez tout simplement la censure. Et cela, je ne saurais jamais l'accepter, sous aucun prétexte.
      Je ne suis en rien responsable de ce qu'à été Alain Gerbault et c'est mon travail que de le dire à mes lecteurs sans rien en cacher, que cela vous plaise ou non.
      En espérant que vous vous rangerez à mes arguments, je continuerai donc à écrire comme je l'ai toujours fait car c'est la seule manière dont je conçoive mon travail. Travail que je signe de mon vrai nom, contrairement à vous qui restez prudemment anonyme.
      Respectueusement votre,
      Julien Gué

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