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mardi 3 mars 2020

La boutique Klima à Papeete


Un amour de librairie


Quand les libraires se nomment Manuella et Marius, qu’ils sont nés à Papeete, la petite boutique se  pare de pétulance, de sourires, de cordialité. Aux visiteurs que nous sommes, tout est grâce, légèreté… le sérieux devient plaisant. La librairie Klima dégage une âme.
 
Entrer dans une librairie de ce type, je veux dire pas un super-marché du livre mais un lieu habité, c’est suivre le papillon flegmatique Absolem et passer De l’autre côté du miroir. C’est pénétrer dans un univers où tout s’explique autrement : là où les lignes qui se suivent vous entraînent à les visualiser, à entrer en contact avec un auteur… C’est abolir le Temps, comme Alice, et retourner au Pays des Merveilles. Là où l’écriture « hurle sans bruitL’écrit ça arrive comme le vent, c’est nu, c’est de l’encre, c’est l’écrit, et ça passe comme rien d’autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie. »
C’est suivre le Lapin Blanc au gilet bleu… et là, assis parmi les livres, sous l’affectueux et rassurant regard du couple des libraires, votre solitude se transforme au gré d’une compagnie qui vous livre le monde fantastique de son imaginaire. 

encore des histoires de lapin…
Une librairie, c’est une invitation, ça parle... Enfin, les mots se croisent et t’interpellent. Là, dans leur cadre bien rangé, ils se déploient. Sous leur titre, un portrait s’ouvre comme un visage, un paysage. Les livres ne s’ennuient pas sur les étagères… Ils t’appellent en une lettre, un nom, un bout de phrase. Ils te font discuter. Ils sont portés par une voix : écoute-les parler entre eux, ils s’envolent en duo, se glissent dans la conversation des amateurs.

Ils vivent sous les mains de ceux qui les feuillettent. Regardez comme Marius et Manuella les caressent du bout des doigts. Une longue fréquentation qui commence à l’âge de la lecture. Quelques six ans après la naissance de la librairie Klima. 1936… « ça commence comme un rêve d’enfant, on croit que c’est dimanche… »

L’espoir d’une époque… Révolue ?
Une librairie, ça vous dévisage... de ses grands yeux ovales qui s’écarquillent avec les lettres rondes des titres et des auteurs... ça remanie son look quand ça déménage. Le Quai des Bonitiers, le port, la mairie, Vaima, la cathédrale : la librairie Klima a quitté le front de mer pour le Centre ville. C’est une porte ouverte sur la vie alentour. La place du village où chacun vient partager ses découvertes et ses vœux, les senteurs du quartier, un climat vivifiant.

Un rythme qui a vogué des années-bateaux, quand la presse n’était livrée que périodiquement… à l’ère des rentrées littéraires. Quarante ans de gérance, pour Manuella et Marius, c’est imprimer une atmosphère-boutique. Chaleureuse, bien vivante, enjouée.

Klima c'est....

L’odeur du papier, son grain, l’effluve des encres chatouillant les papilles des connaisseurs : une relation sentimentale qui allie exhalaisons d’histoires enfouies dans le secret des pages aux souvenirs d’enfance. Une belle histoire d’amour qui traverse le temps et se transmet dans le sourire du couple : Manuella, Marius.

Des hôtes attentifs et prévenants
Des rencontres où venus d’autres continents, la même addiction se dispense. Certains y revivent l’atmosphère de leurs jeunes années. Quand la librairie familiale était une aire de jeux, un lieu consacré, le temple du silence…

Invitation à la plume

Klima, malgré la réalité virtuelle, poursuit son long cheminement à travers les écrits d’ici et d’ailleurs. La foule des grands jours pour les dédicaces des écrivaines d’ici : Chantal Spitz ou Nathalie Heirani Salmon-Hudry. Et bien d’autres encore… Ceux qui pimentent du sel de l’humour, la vie cachée des insulaires aux allures de polars : Patrice Guirao… et puis les universitaires, chercheurs… Les rayons dissimulent des trésors.

Un point de vue, point sur les « Îles »…
Et encore ceux qui modestement ne prétendent à rien d’autre que de poser des points sur les « îles » (pour ne pas préciser les « i ») que les guides touristiques parent de mythes et de mystères… Un certain 25 janvier 2020, jour de l’an chinois du rat de métal, Julien Gué, reçu avec beaucoup de délicatesse et de prévenance, y signait De la mer aux hommes : manifeste pour Tahiti et ses îles

Invitation au voyage...

Alors, puisqu’il vous reste encore un peu de temps… avant que la date fatidique ne vienne clore la Librairie Klima… invitez-vous au voyage… prenez la peine de vous y arrêter. Une librairie est un port. Elle n’appartient pas qu’aux seuls habitués…

Le reflet du monde : Klima
Laissez-vous porter par l’aventure des mots… ceux que vous connaissez, ceux que vous entendez dans le calme d’une librairie où les patrons vous convient à la découverte… de ces cultures multiples qui se mélangent au gré des ouvrages, au gré des familiers qui s’acclimatent…


Un article de  Monak  et   Julien Gué

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